(Mai 2004)
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12/05/04 - Voix prometteuses à Toulouse
Toulouse s’enorgueillit d’une grande tradition lyrique. Les plus belles voix
ont fait trembler les lustres du Capitole. Nicolas Joël, son directeur, veut
rester fidèle à cette réputation et soigne les distributions des prochaines
saisons en misant notamment sur nos deux jeunes gloires du moment : Sophie
Koch et Ludovic Tézier. Ce dernier, auréolé du triomphe de son Wolfram
parisien, coiffera d’ailleurs en janvier 2005 la perruque poudrée de Don
Giovanni. Quelques jeunes espoirs étrangers devraient aussi faire sensation :
le ténor catalan José Bros et le baryton coréen Ko Seng Hyoum dans Lucia di
Lamermoor en novembre 2004, l’albanais Giuseppe Gipali dans La Rondine en mars
2005. Medea de Cherubini, Temistocle de Jean-Chrétien Bach, l’incontournable
Jenufa et Boris Godounov complètent le panorama de cette saison 2004-2005.
Tous les détails sont en ligne sur
le site de l’institution
toulousaine. [CZ]
12/05/04 - Nous avons perdu notre Maria Férès
On la surnommait la « Callas des altos » ce qui n’est pas un mince hommage. A
83 ans, Maria Férès, cantatrice française, vient de nous quitter. Sa carrière
fut à l’image de sa voix : atypique. Née dans une famille paysanne de l’Indre,
comme Mado Robin, elle fut d’abord bergère puis institutrice avant de devenir
chanteuse. Dans les années 1950-1970, elle se détourna des grandes
institutions lyriques et se produisit essentiellement en concert. Puis elle se
consacra à l’enseignement du chant dans le midi de la France. Elle doit ses
plus grands triomphes à l’Orphée de Gluck. C’est aujourd’hui au tour d’
Eurydice de se lamenter. [CZ]
12/05/04 - Le foyer de l’ONP brille comme au premier jour
Que faire pendant l’entracte des prochaines représentations d’Alcina au Palais
Garnier ? Aller admirer le grand foyer qui, après un an de travaux, est enfin
restitué au public dans toute sa splendeur. Charles Garnier l’avait voulu
moderne car unique, ouvert à toutes les catégories de spectateurs et, grande
première, accessible aux femmes. Pour servir son idée, il avait imaginé un
décor fastueux, semblable à une nef d’église. Les moyens nécessaires pour le
restaurer sont à la hauteur de ces ambitions : deux années de recherche, 5,8
millions d’euros financés par l’Etat français, l’intervention de 150 personnes
représentant plus de vingt corps de métier. Tout au long de ses 54 mètres, on
ne manquera pas d’admirer la fabuleuse palette d’ors enfin dévoilée et la
jeunesse retrouvée des peintures de Paul Baudry. On s’attardera aussi devant
les tentures qui avaient disparu et viennent d’être réinstallées. Elles ont
été dessinées par la maison Prelle d’après les cartons d’origine. Pour
l’occasion d’ailleurs, la manufacture d’étoffes organise dans son show room
une exposition consacrée à Charles Garnier (5, place des Victoires à Paris,
jusqu’au 23 juillet). A signaler aussi sur le sujet, l’ouvrage de Gérard
Fontaine aux Editions du patrimoine « L’Opéra de Charles Garnier ». [CZ]
12/05/04 - Agathe Martel chante à Quebec
Le premier opéra entendu à Québec a été donné en 1783. Il s’agissait de
Padlock de Charles Dibdin (1745-1814), l'un des compositeurs anglais les plus
populaires de cette époque. L’eau du Saint-Laurent a coulé depuis mais la
ville canadienne continue de cultiver sa tradition lyrique. Ainsi, la saison
prochaine, deux œuvres se partagent l’affiche : Un ballo in Maschera en
octobre 2004 et Les Contes d’Hoffmann en mai 2005. Agathe Martel sera Antonia.
En attendant de l’applaudir sur scène, on peut la retrouver en ce moment, en
ligne, dans notre rubrique
5 questions.
[CZ]
12/05/04 - Hâ ! Ca-oh-râ toujours l’air chinoâ
Grâce à Rossini, Verdi ou Puccini, nous baragouinons tous un peu l’italien.
Wagner nous a appris que tod signifiait mort et liebe amour. C’est à présent
l’Opéra de Paris qui, dans la foulée de l’année de la Chine, nous offre une
initiation au mandarin. Depuis le mois d’avril, une version du site de la
fameuse institution lyrique est disponible
en chinois. Il s’agit sans
doute d’un jalon dans le développement des relations entre la France et
l’Empire du Milieu mais c’est surtout le meilleur moyen de combler le pékin
moyen. [CZ]
11/05/04
- Stéphane Degout en Grand-Prêtre d'Apollon
Ce n'est donc pas, comme annoncé, Thomas Dolié – lequel
campera Apollon –, mais le fringant baryton Stéphane Degout qui incarnera
Adamas dans les Boréades présentées à Lyon du 9 au 21 mai. Le
spectacle du tandem Pelly-Minkowki affiche une distribution de haut vol, parmi
laquelle il convient d'épingler l'Alphise de Mireille Delunsch, la Sémire de
Magali Leger et l'Abaris de Paul Agnew. De jeunes danseurs du Conservatoire
national supérieur se joindront à eux dans le cadre du nouveau Studio de L'Opéra
de Lyon, structure de formation et d'insertion des chanteurs et jeunes
artistes à laquelle nous devons déjà une très belle et vivifiante production
de l'Orfeo de Monteverdi. Ultime chef-d'œuvre d'un Rameau de 80 ans,
Les Boréades avait été recréé en 1982/1983 dans une coproduction de
l'Opéra de Lyon et du Festival d'Aix-en-Provence, Jean-Louis Martinoty signant
la mise en scène. Dans la foulée, John Eliot Gardiner en avait dirigé
l'enregistrement, sans doute l'un de ses meilleures gravures lyriques, de bout
en bout passionnante. Il faut dire que Rameau signe partition géniale,
brillante et nerveuse, d'une invention constante et singulièrement moderne.
Chanceux lyonnais ! Bien des ramistes vont les envier … Signalons que le
spectacle sera repris, avec un autre plateau vocal, à l'Opéra de Zurich (qui
le coproduit), du 19 juin au 2 juillet. [BS]
11/05/04
- Eliogabalo sans Zeffiri
Le
désopilant ténor grec Mario Zeffiri qui chantait le rôle travesti de Livia
dans l'Eliogabalo de Cavalli à La Monnaie, ne fera pas la reprise à
Innsbruck, festival de René Jacobs. Le metteur, Vincent Boussart, ayant fait
de cette conspiratrice une vamp obèse et complètement délurée, on se demande
qui aura le bagout de remplacer l'impayable Mario ! Gilles Ragon, Rockwell
Blake... ou notre ami Big Lulu qui pourrait faire là un nième come-back. A vos
bookmakers ! [HM]
10/05/04 - Susan Graham se
mouille …
Thomas Hampson et Susan Graham ont galvanisé le public du Châtelet venu
applaudir leurs Werther et Charlotte respectifs. Le soprano surtout a été
victime de son succès lorsqu’un bouquet de fleurs, lancé du deuxième balcon
par un admirateur trop enthousiaste, a atterri sur son impeccable mise en pli
et, en glissant, maculé d’eau sa robe rose bonbon. Elle l’avait pourtant bien
chanté au troisième acte : «les larmes qu’on ne pleure pas retombent toutes… »
[CR]
10/05/04 - Il ne faut pas confondre les Fedora …
Certains prénoms appartiennent définitivement au monde lyrique. Ainsi, Fedora
est non seulement une héroïne de Giordano mais désigne aussi la Fédération
européenne des amis de l’opéra. Fondée par Rolf Liebermann en 1993, elle
regroupe 25 associations représentant plus de 40 000 amateurs d’opéra de 12
pays d’Europe ainsi que des membres associés d’Amérique latine et des
Etats-Unis. Elle a pour objectif de partager et d’élargir l’intérêt pour l’art
lyrique. L’espagnol Federico Mayor, ancien directeur de général de l’Unesco,
vient d’en être élu président en remplacement de Gérard Mortier. [CR]
10/05/04 - St-Denis s’ouvre pour mieux s’enflammer
Le festival de Saint-Denis se veut plus que jamais en phase avec le monde
actuel, dixit son directeur, Jean-Pierre Le Pavec. Ouverture et éclectisme
sont donc les deux mamelles de cette trente-cinquième édition. La musique
sacrée se taille la part du lion avec notamment le Requiem allemand de
Brahms, les Stabat Mater de Pergolèse et de Vivaldi, la Messe de
Sainte Cécile de Gounod, etc. L’amateur d’opéra attendra le 21 septembre
pour se réchauffer avec Jeanne au bûcher d’Arthur Honegger dirigée par
Kurt Masur avec Inva Mula et Marie-Nicole Lemieux en solistes. Marthe Keller
et Jean Rochefort seront les récitants. Le
programme détaillé est en
ligne. [CR]
10/05/04 - Appel aux divas de demain
En janvier prochain, le Centre de formation lyrique de l’Opéra de Paris change
de nom et devient Atelier lyrique. Afin de recruter la quinzaine de jeunes
chanteurs qui le composeront, des auditions sont organisées entre le 13 et le
20 mai. Les heureux élus seront préparés durant 18 mois aux conditions de leur
futur métier. Ils bénéficieront d’une bourse de 1700 euros mensuels à
condition d’être présent au moins 25 heures par semaine. Ils fourniront leurs
premières armes avec les ensembles de Mozart et seront présentés au public en
février 2005. [CR]
10/05/04 - L’académie du disque lyrique se met au baroque
La vague baroque submerge le palmarès 2004 de l’académie du disque lyrique. Le
Jules César de Haendel signé Marc Minkowski surfe sur la crête en
compagnie des CD Vivaldi de la firme Opus 111 (La Verita in cimento et
les Vêpres de l’Assomption de la Vierge). Les contre-ténors français
sont à l’honneur : Gérard Lesne pour son Purcell (Astrée) et son benjamin
Philippe Jaroussky pour son concert Mazarin (Virgin). Purcell et sa Didon
(Virgin) valent à Susan Graham un prix d’interprétation qu’elle partage avec
la Manon de René Fleming (Sony). La carrière exceptionnelle de Gabriel
Bacquier est couronnée par le prix Karajan. Suzy Delair reçoit l’Orphée d’or
du meilleur enregistrement d’opérette (Accord) et Montserrat Caballe celui de
la meilleure réédition pour deux albums RCA. [CR]
10/05/04 - Sylvia McNair fait son coming-out
Chanteuse honnête n’ayant jamais connu de véritable triomphe populaire, Sylvia
McNair est néanmoins restée longtemps la coqueluche des festivals bon chic bon
genre : débuts internationaux à Glyndebourne en 1989 en Anne Trulove du «
Rake’s progress », Salzbourg dès l’année suivante en Ilia d’Idomeneo et
l’accueillera très souvent (Anne Trulove, Poppea, Susanna …). Dans le même
temps Covent Garden lui offrait des débuts sous la baguette d’Ozawa puis Paris
sous celle de Chung, à chaque fois pour le rôle d’Ilia d’ « Idomeneo » en 1990
(nous n’épiloguerons pas sur cet épisode des « Mystères du Casting »). Les
enfants gâtés sont rarement reconnaissants et la toujours belle Sylvia a
finalement décidé d’abandonner l’opéra pour … la variété. Le 4 février
dernier, elle a ainsi donné son premier récital à l’Algonquin Hotel, alternant
Gershwin, Sondheim ou Rodgers and Hammerstein, impressionnant surtout le
public par sa tenue : une robe moulante et extra courte en cuir rouge (c’est
mémé Sutherland qui doit être jalouse.) Elle a confié qu’elle était « about
805,000 times happier » que lorsqu’elle répétait « V’adoro pupille » pour sa
Cleoptra au Met. Ingrate, avec ça ! [PC]
10/05/04 - Joan Sutherland est timbrée !
La Poste australienne a décidé d’honorer Dame Joan Sutherland par l’émission
de deux timbres à son effigie. Le premier représente la soprano australienne
dans son rôle fétiche de « Lucia di Lamermoor » et le second est un portrait «
au naturel ». Les timbres sont présentés de multiples façons : cartes postales
« premier jour », carnets de 10 ou de 100 illustrés de scènes des « Huguenots
», etc. Il y en a pour tous les goûts et les mélomanes fétichistes pourront se
régaler en léchant le verso de leur diva favorite. Enfin, la Poste
australienne édite et diffuse dans tous ses points de vente une biographie de
la diva : un hommage vraiment complet donc, qui tombe à pic pour le 50ème
anniversaire de son mariage avec Richard Bonynge. Ces timbres s’inscrivent
dans une série annuelle, les « Australian Legends » parmi figurent des noms de
notoriété plus modeste : Sir Donald
Bradman (un joueur de cricket qui a son musée)
Arthur Boyd
(peintre dépressif dont l’œuvre se passe de commentaires) ou encore
Slim Dusty (Australia’s King of
Country Music) Autant dire qu’on n’est pas prêt de reparler de la
Poste australienne dans ces chroniques… [PC]
10/05/04 - La saison
2004-2005 à l’Opéra de Lausanne
François-Xavier Hauville n’a pas été confirmé pour le renouvellement de son
poste de directeur. Hier, il présentait donc son ultime saison de l’Opéra de
Lausanne. Après une nouvelle production maison de Gianni Schicchi accouplé à
Il Signor Bruchino (septembre 2004), c’est le compositeur Philippe Boesmans
qui tiendra l’affiche avec son nouvel opéra Reigen actuellement créé à Colmar
(novembre 2004). L’année nouvelle s’ouvrira avec la production
d’Aix-en-Provence (interrompue) de L’Enlèvement au Sérail dans la mise en
scène de Jérôme Deschampts et Macha Makeïeff (janvier 2005). Invités réguliers
de Lausanne, Christophe Rousset et ses Talens Lyriques créeront La Grotta di
Trofonio d’Antonio Salieri (mars 2005). La saison d’opéra se terminera avec la
production de Carmen mise en scène par Patrice Caurier et Moshe Leiser
(juin2005). Si cette saison lausannoise n’affiche pas de grands noms de l’art
lyrique, les récitals programmés sont dignes d’intérêt. A noter La Voix
Humaine par la prometteuse soprano vaudoise Delphine Gillot (octobre 2004), le
récital de la lauréate des Voix Nouvelles 2002 Karine Deshayes, le concert du
ténor russe Daniil Shtoda accompagné par la pianiste Larissa Gergieva (avril
2005) et celui du chœur de chambre « Les Eléments » (mai 2005). Pour plus de
détails sur la saison 2004-2005, cliquez sur
http://www.opera-lausanne.ch [JS]
10/05/04 - Levine continuera au Met
Directeur Artistique du Metropolitan Opera depuis 1986, James Levine vient
d’être confirmé dans ses fonctions pour 5 années supplémentaires, c'est-à-dire
jusqu’à la saison 2010 – 2011. Après des débuts remarqués en 1970, Levine fut
nommé Directeur Musical dès 1975 et en 1986, le poste de Directeur Artistique
fut créé pour lui (l’orchestre s’en étant parfaitement passé durant 103
saisons …) Cette annonce met un terme à une guerre de succession qui
s’esquissait : une partie de la presse américaine avait opportunément remis
sur la tapis l’état de santé du chef (dont on sait depuis quelques années
qu’il est atteint d’un léger Parkinson), lâchant des scoops puissants tels que
: « il est apparu fatigué à la fin du Gotterdammerung ». Il n’en reste pas
moins vrai que Levine est apparu excessivement lymphatique ces dernières
années (Parkinson mis à part), ce qui amène certains commentateurs à
considérer que l’orchestre se dirige tout seul… [PC] |
Nicolas Joël
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