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08/12/02
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James Bowman, Veronica Cangemi Sinfonia pour cordes, La verità in cimento RV 739 Sento in seno ch'in pioggia di lagrime
Il fidarsi della speme
Ne'giorni tuoi felici
Vedro con mio diletto
Agitata da due venti
Sol da te mio dolce amore
Armatae face
In braccio a te la calma
Verónica CANGEMI, soprano
Ensemble Matheus
Représentation du 8 décembre
2002
Théâtre du Châtelet
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Le hasard des agendas lyriques parisiens nous permettait cette semaine d'entendre deux grands contre-ténors de générations différentes : après Andreas Scholl, l'enfant prodige, jeudi soir, c'était au tour de James Bowman, un des modèles avoués du jeune Allemand, de se produire au Théâtre du Châtelet dimanche matin. A soixante ans passés, le contre-ténor anglais (pour qui Britten composa en son temps la voix d'Apollon dans Death in Venice) a encore quelques atouts à faire valoir : si le médium n'est plus aussi charnu qu'autrefois et si les notes sont parfois écourtées, nous privant ainsi des lamentations filées qui font le charme habituel des airs au programme, sa projection dans les aigus et la musicalité dont il fait preuve dans le Sol da te mio dolce amore forcent toujours l'admiration. Plaisante Dalinda dans l'enregistrement d'Ariodante dirigé par Marc Minkowski, Verónica Cangemi est, malgré un physique avantageux et une voix sachant séduire de la même façon les plus grands chefs baroques et les mélomanes les plus exigeants, le modèle même de l'artiste qui mène une carrière discrète à l'écart du star-system d'Operaworld. Fraîche et pimpante dans son élégante tenue noir orangé, la soprano d'origine argentine est sans conteste l'atout de charme de cette matinée sympathique et à la bonne franquette : si son Il fidarsi della speme déçoit par des effets vocaux trop appuyés, inappropriés dans une salle comme celle du Châtelet, ses deux airs de bravoure, Agitata da due venti et Armatae face, n'appellent, en revanche, aucune réserve : du strict point de vue des coloratures, Cangemi, c'est Bartoli avec la projection en plus ! Sa série de vocalises sur le mot furiae dans l'extrait de la Juditha Triomphans est littéralement terrible ; quand elle menace "de mort, de fouet et de carnage" on se dit qu'on n'aimerait pas être à la place de la meurtrière d'Holopherne ! Enfin, malgré une caractérisation dramatique un peu neutre dans le premier duo, Ne'giorni tuoi felici, on ne peut s'empêcher de rester sous le charme du couple qu'elle forme avec James Bowman. En dépit de deux violoncellistes aux coups d'archet souvent disgracieux, l'Ensemble Matheus propose un accompagnement musical de grande qualité. Et si Jean-Christophe Spinosi a recours à une gestuelle pour le moins grandiloquente, il ne laisse jamais ses instrumentistes prendre le pas sur les chanteurs. On se prend dès lors à regretter que sa formation n'assurait pas également l'accompagnement musical du récital d'Andreas Scholl, tant c'était là le point faible du concert de jeudi. La prochaine parution au disque de La Verità in Cimento suffira peut-être à nous consoler... Enfin, beaucoup de lève-tôt
pour ce concert 100% Vivaldi, dont de nombreux enfants (très sages
au demeurant). La musique vocale du prêtre roux s'attirerait-elle
tout à coup les faveurs du public parisien ? Après des décennies
d'un relatif désintérêt, confinant chez certains au
dédain à peine dissimulé (on se rappelle ce concert
Vivaldi de Cecilia Bartoli au TCE où, il n'y a pas si longtemps,
le public avait réclamé en bis... du Rossini !), ce ne serait
là que justice...
Rémi Bourdot
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