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LYON
20/12/2007
© DR www.concert-hosteldieu.com
Marc-Antoine CHARPENTIER (1643-1704)
MESSE DE MINUIT & MAGNIFICAT
Extrait de l'oratorio de Noël In nativitatem Domini canticum H.416
Extraits de la Pastorale sur la naissance de N.S. Jésus-Christ H.483
Magnificat H.78
Messe de Minuit H.9
Rachel Barthélémy, Marina Venant, Marie Remandet, sopranos
Mathieu Montagne, Julien Drevet, ténors
Alexandre Chaffanjon, Antoine Saint-Espès, Frédérik Prévault, basses
O.N.C.L.E, Orchestre National de Cornemuses de Lyon et des Environs
Le Concert de l'Hostel-Dieu
Franck-Emmanuel Comte
Lyon, Eglise Saint-Paul, le 20 décembre 2007
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Crèche vivante
C'est toujours une bonne idée de revenir aux fondamentaux. Mais cela n'étonne pas de la part de Franck-Emmanuel Comte dont la profession de foi est une certaine culture de la surprise et du rapport au public.
Constat de base : le temps de Noël, au XVIIème
siècle, consistait en un savant mélange, en un dosage
subtile de liturgie et de répertoire populaire. Mise en
œuvre : Charpentier est accompagné d'un "consort" de
cornemuses. Exemple type : le Noël sur le thème de "Joseph
est bien marié" déclin de la cornemuse, justement,
à l'orchestre en passant par un bouquet de solistes et le
chœur.
Comte joue la carte d'un large balayage de la musique et de la
carrière de "l'autre" du Grand Siècle : à la fois
dans le temps des compositions – des années 1670 pour
Mademoiselle de Guise, aux Jésuites des années 1690
– et dans la forme. Mais n'est-ce pas le caractère
même du siècle d'être toujours un peu
écartelé entre ces deux aspirations contraires et
pourtant complémentaires : la terre et la tête ; la cour
et le peuple ? Voyez Scarron !
C'est une marque de fabrique chez Comte que ces programmes/projets.
C'en est une autre, aussi, assez constante que cette mise en
œuvre très fine et sur laquelle souffle toujours un grand
vent humaniste. Une musique qui va du cœur – chœur,
sans mauvais jeu de mots – et qui y retourne, avec cette fois, la
petite valeur ajoutée du fort goût de terroir, rugueux,
râpeux charrié par ce répertoire où vient,
parfois, à claquer une grande ronde de sabots.
Et quelle belle palette se déploie ici ! Lumineuse et luministe comme une Nativité
de Le Brun ; moelleuse aussi, à la petite harmonie
pépiante comme des bleus de Mignard. Et il faut, encore, saluer
la douceur de pastel, la sérénité de la Nuit de l'Oratorio H.416 ; l'exultation simple du Magnificat ; la mer étale de l'Agnus Dei de la Messe H.9.
Il faut remarquer la précision diabolique et la mécanique
à la fois parfaitement huilée et naturelle – c'est
ça e grand art – de la mise en place, jamais prise en
défaut. Et la fraîcheur des solistes féminines,
écloses comme des fleurs de cyclamen sous le givre. Et…
Et c'est Noël, voilà tout !
Benoît BERGER
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