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TOULOUSE
28/01/2007
Nemorino : Giuseppe Filianoti / Adina : Inva Mula
© Patrice Nin
Gaetano DONIZETTI (1797-1848)
L’ELISIR D’AMORE
Opéra bouffe en deux actes
Livret de Felice Romani
D’après Le Philtre d’Eugène Scribe
Mise en scène, Arnaud Bernard
Décors et costumes, William Orlandi
Lumières, Patrick Méeüs
Nemorino, Giuseppe Filianoti
Adina, Inva Mula
Belcore, Domenico Balzani
Dulcamara, Carlos Chausson
Giannetta, Khatouna Gadelia
Orchestre National du Capitole
Chœur du Capitole
Chef du chœur, Patrick Marie Aubert
Pianoforte, Frédéric Rubay
Direction musicale, Paolo Arrivabeni
Toulouse, le 28 janvier 2007
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L’Adina tout en morbidezza d’Inva Mula
Reprise au Capitole d’une production déjà
présentée en 2001 dont le fil conducteur est la technique
photographique, avec un jeu de panneaux coulissants qui
s’écartent ou se resserrent comme un diaphragme,
libérant ou fermant ainsi l’espace scénique. Un
appareil géant sera du reste installé et permettra
à Dulcamara, au début de l’acte II, de prendre un
cliché de la « noce » prévue pour
Adina et Belcore. Il s’ensuit que certaines scènes se
présentent comme des clichés qui figent les personnages
dans leurs mouvements avant que la musique ne les rende à leur
vie de paysans curieux des merveilles de la technique du XXème
siècle naissant, comme l’automobile du charlatan. De
jolies idées de mise en scène, donc, sans rien
d’iconoclaste.
Dans un décor d’arbres divers qui évoquent la
campagne, lieu supposé de l’innocence des mœurs, et
pour cela terrain choisi par Dulcamara à la recherche de dupes,
les vêtements des villageois n’ont rien de
misérable. Amina, qui est riche, semble plus
délurée qu’elle ne l’est, dans la
jupe-culotte d’avant-garde qu’elle adopte pour aller
à bicyclette. Selon le caractère des scènes, les
lumières s’atténuent ou se renforcent, avec des
effets sépia sur les « vues
d’ensemble » déjà mentionnées.
Belcore : Domenico Balzani / Adina : Inva Mula / Dulcamara : Carlos Chausson
© Patrice Nin
Le
soin apporté à la réalisation scénique se
retrouve dans la distribution. Khatouna Gadelia, naguère Amour
délicieux dans Le Couronnement de Poppée,
donne une saveur fruitée à Giannetta. Domenico Balzani
est un Belcore efficace aussi bien vocalement que scéniquement.
Carlos Chausson, Dulcamara à la fois plein
d’autorité et de retenue, ne charge à aucun moment.
Le couple vedette, soumis par le public du Capitole à des
comparaisons avec d’autres déjà entendus, ne
démérite pas. Inva Mula prête son charme intact
à la capricieuse Adina et, outre la morbidezza et
l’extension vocale requises, déploie la sensibilité
propre à rendre crédible l’évolution du
personnage, de la frivolité coquette à la gravité
des sentiments sincères. Giuseppe Filianoti, futur Otello de
Rossini à Pesaro, se donne à fond dans
l’incarnation de cet ingénu qui aime avec l’ardeur
absolue des enfants ; homogène et étendue, sa voix
lui permet de dominer aisément les difficultés du
rôle. Un meilleur dosage de la puissance ménagerait sans
doute davantage de nuances, dont il est capable, comme l’a
prouvé entre autres moments le tube « Una furtiva
lagrima ».
Chœurs et orchestre du Capitole, comme à
l’accoutumée, sont sans reproche. Ils sont placés
sous l’autorité de Paolo Arrivabeni qui, après un Rigoletto
réussi à Marseille, se montre toujours aussi
précis dans ses indications aux chanteurs. Sa direction peut
sembler parfois un rien métronomique, ce qui, fugacement, nuit
à la fusion des ensembles. Au rideau final, ovations pour les
deux interprètes principaux et longs applaudissements pour tous.
Maurice Salles
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