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PARIS
25/02/2008
L'ENVERS DU DECOR
Spectacle musical de
Florence Andrieu et Flannan Obé
Musiques d’Offenbach, Messager, Simons,
Lehàr, Yvain, Schubert et Kerker
Florence Andrieu, soprano
Flannan Obé, baryton
Yves Meierhans, piano
Mise en scène : Serge Gaborieau
Paris, Vingtième Théâtre, 25 février 2008
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Sept ans de réflexion
Sept ans après leur rupture, deux chanteurs lyriques se
retrouvent, le temps d’un gala, sur la scène d’une
salle des fêtes municipale anonyme. Frédéric a
très souvent interprété autrefois « Nos
amours d’opérette » aux côtés
d’Elizabeth, mais ce soir, remplaçant un collègue
au pied levé, il a eu à peine le temps de réviser
son texte dans le train et n’en mène pas large. Dans les
cœurs, le temps n’a pas effacé grand chose, et les
retrouvailles, d’un côté comme de l’autre,
sont tout sauf sereines… ce qui, bien entendu, aura quelques
incidences sur le déroulement du spectacle.
Écrit et mis en scène sans aucun temps mort, L’Envers du décor
entremêle une comédie sentimentale finement
troussée et une savoureuse évocation de
l’opérette à l’ancienne, qui nous fait
revivre les meilleurs moments de La Chance aux chansons et du Festival de Lamalou-les-Bains
! Les poses et le cabotinage de la divette, les chorégraphies
délicieusement ringardes, les changements de costume
ratés, les sourires hagards du chanteur tétanisé
par le trac sont à crouler de rire. Le programme du gala, de
fort bon aloi, permet de retrouver quelques tubes de Ta Bouche, Toi c’est moi, Orphée aux Enfers, Chanson gitane ou L’Amour masqué, mais aussi de découvrir des extraits beaucoup moins fréquentés de La Jolie Parfumeuse d’Offenbach ou de La Belle de New York
de Kerker. S’y ajoutent quelques morceaux originaux bienvenus,
dont un très agréable duo pour baryton et gargouillades
de soprane en train de se chauffer la voix.
Les deux jeunes auteurs-interprètes égratignent les
conventions d’un art qu’ils maîtrisent par ailleurs
en virtuoses, étant eux-mêmes dotés de toutes les
qualités des bons chanteurs d’opérette : jolies
voix fraîches et bien projetées, diction parfaite, talent
accompli de danseurs de music hall. Ils ont de surcroît le bon
goût de ne pas chercher à prendre au second degré
les morceaux qui n’en ont aucun besoin pour faire rire.
Révélation de la récente production d’Arsène Lupin banquier à l’Athénée, Flannan Obé
impressionne une fois encore par la diversité de ses dons, son
abattage étourdissant, la justesse de son jeu. Quant à Florence Andrieu,
son interprétation à peine surchargée de
l’inévitable « J’ai deux
amants » est simplement anthologique et vaut à elle
seule le déplacement... Yves Meierhans est un partenaire aussi impeccable comme comédien que comme pianiste.
Un vrai bijou, donné deux soirs seulement au XXe Théâtre, mais dont on attend avec impatience une reprise !
Geoffroy BERTRAN
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