C O N C E R T S 

 
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PARIS

16/02/2002

Fidelio
(Ludwig van Beethoven)

Direction Musicale : Sir Simon Rattle
Mise en scène : Deborah Warner
Décors et lumières : Jean Kalman
Costumes : John Bright

Leonore (Fidélio) : Anne Schwanewilms
Marzelinne : Lisa Milne
Florestan : Kim Begley
Rocco : Reinhard Hagen
Don Pizarro : Steven Page
Jaquino : Toby Spence
Don Fernando : Matthias Hölle
Premier Prisonnier : Nicholas Sharrat
Deuxième Prisonnier : Rodney Clark

Orchestre of the Age of Enlightenment
Chœur du Festival de Glyndebourne


OUVRE L'HUIS, MARIANO !

La principale justification de ce n-ième Fidelio parisien, résidait dans la présence dans la fosse, de l'orchestre "of the Age of Enlightment", superbe lors de la récente Rodelinda.

Notre "orchestre des Lumières" frise ici la panne d'éclairage.

Certes, Soeur Simone (qui de l'amphi ressemble à Françoise de Panafieu) ne lui facilite pas la tâche: elle se contente d'agiter les bras et de donner les départs: plus exactement, de donner le départ de l'acte I et celui de l'acte II. Entre les deux, ça se débrouille (chacun pour soi, rendez-vous au point d'orgue), les décalages divers participant de l'ambiance bon enfant qui règne sur le plateau.

L'honnêteté m'oblige à reconnaitre que nous entendons des détails d'orchestre totalement inédits: le problème, c'est qu'on s'en serait passé compte tenu de leur incongruité (de gentils piou-piou d'oiseau à la flûte alors que Leonore craint pour la mort de son époux !) Qui a dit que Donizetti n'était pas un fin orchestrateur ?

Globalement, le rythme est vif et plein d'entrain: on ne s'ennuie pas.

Mais ça ne peut justifier une avalanche de notes ratées comme on n'en avait pas entendues depuis les années d'apprentissage et de galères des formations d'instruments anciens (je me souviens qu'il y a 20 ans, des baroqueux me soutenaient que c'était normal de faire des couacs dans les cuivres, et que c'était comme ça qu'on en jouait à l'époque: heureusement, de grands progrès ont été faits depuis).

Dans ces conditions, on regrette l'absence de l'ajout traditionnel de l'ouverture "Leonore III" au milieu de l'acte II: nul doute que nous aurions eu là, l'apothéose de la soirée !

Les choeurs sont à l'unisson (si j'ose dire compte tenu de la bouillie générale): on les croirait sortis d'une reprise d'Andalousie à l'Alcazar de Rodez ("C'est la fête à Sévilleuuuu").

La distribution est également de haute volée.

Anne Schwanewilms ferait une excellente Barberine dans une reprise des "Noces" à Karlsruhe: son nom imprononçable l'oblige à se contenter d'une Leonore à Paris. C'est joli, c'est léger, ça se mange sans faim et c'est sans risque: avec une voix pareille, on peut faire sans problème des aigus et des vocalises qui restent périlleuses pour une Nilsson ou une Rysanek (horresco referens pour les baroqueux qui n'aiment pas qu'on leur écorche les oreilles avec des vraies voix de diva !). Bref, ça n'a aucun intérêt ! On continue dans l'opérette avec le Pizzaro de Steven Page, transformé en barbon aphone: les Enzo Dara ont visiblement une seconde carrière toute indiquée dans ce répertoire. Si Toby Spence en Jaquino et Lisa Milne en Marzelinne sont charmants, on jettera un voile pudique sur l'insuffisant Rocco de Reinhard Hagen. Attendant beaucoup de ce chanteur, j'étais tout de même resté au second acte pour le Florestan de Kim Begley: malheureusement, les difficultés du rôle dépassent largement les capacités techniques de cet artiste (c'est plutôt Kim Beuglait-dans-les-oreilles) et physiquement, c'est Robert Hue en stali-nain de jardin ! Pour corser le tout, la mise en scène de Deborah Warner accumule les incongruïtés (Ah! La bataille de boules de neige finale, alors que 5 minutes avant les prisonniers sortaient pour profiter du soleil: y a plus de saisons !)

Bref, une grande soirée !

Il parait que des gens paient des fortunes pour voir de tels spectacles à Glyndebourne. Moralité: Lopez, y a que ça qui compte dans la vie !

Placido Carrerotti

- lire également l'avis de Bertrand Bouffartigue -

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