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LILLE
08/11/2007
Jonathan Veira (Mustafà) Allyson McHardy (Isabella) Nicholas Phan (Lindoro)
Riccardo Novaro (Taddeo) (2e plan)
© Frédéric Iovino
Gioacchino ROSSINI (1792 – 1868)
L’ITALIENNE A ALGER
Dramma giocoso en 2 actes
créé le 22 mai 1813 au Teatro San Benedetto de Venise
Livret d’Angelo Anelli
coproduction Théâtre de Caen
Maison de la culture d'Amiens
Mise en scène, Sandrine Anglade
Décor et costumes, Claude Chestier
Lumières, Eric Blosse
Chorégraphie, Pascaline Verrier
Chef de chant, Emmanuel Olivier
Allyson McHardy, Isabella
Nicholas Phan, Lindoro
Riccardo Novaro, Taddeo
Jonathan Veira, Mustafà
Bernarda Bobro, Elvira
Svetlana Lifar, Zulma
Jean-Luc Ballestra, Haly
Chœur de l'Opéra de Lille
Chef de chœur, Yves Parmentier
Orchestre de Picardie
Direction musicale, Pascal Verrot
Opéra de Lille, le 8 novembre 2007, 20h00
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On dirait le sud
Tout commence par un rêve. L’idée n’est pas nouvelle. La Gazza ladra
présentée à Pesaro en août dernier partait
du même principe et Laurent Pelly au Châtelet quatre ans
auparavant faisait de La Belle Hélène
une ménagère frustrée qui, pour échapper la
nuit aux ronflements de son mari, imaginait sa propre histoire…
Le Mustafa de Sandrine Anglade
marche sur ses brisées. Pour se délivrer d’une
épouse acariâtre, il se réfugie par la
pensée dans un orient idéal qu’il occupe de ses
fantasmes : une italienne pulpeuse selon le modèle
d’Anita Edberg dans La dolce vita.
L’épouse abhorrée (et enrhumée) devient
Elvira et le majordome Lindoro. Peu de turqueries dans cet univers
imaginaire ; seule la présence d’hommes
habillés en femmes – les eunuques – peut
évoquer l’atmosphère des sérails à
moins qu’il ne s’agisse là encore d’un caprice
de l’inconscient. Pas d’orientalisme donc mais des
accessoires de tous les jours : des polochons, des mouchoirs
en papier et des portes ! Beaucoup de portes comme
d’ailleurs dans Otello
mis en scène par Giancarlo Del Monaco à Pesaro cet
été. Pesaro encore mais quand on traite de son cygne
existe-t-il meilleure référence ?
De toute façon, L’Italienne à Alger ne
s’accompagne pas forcément de discours ; la musique,
l’une des plus cocasses qu’ait composée Rossini, se
suffit à elle-même pour peu qu’elle soit
jouée autant qu’interprétée.
L’attention portée par Sandrine Anglade à la
direction d’acteurs, en concordance avec la partition, en assure
ici l’effet comique. On sourit, on rit : la partie est
gagnée.
Bernarda Bobro (Elvira) Svetlana Lifar (Zulma) Jean-Luc Ballestra (Haly)
Le Choeur de l'opéra de Lille (2e plan)
© Frédéric Iovino
L’Italienne à Alger,
c’est aussi Isabella, le rôle titre, l’un des
plus torrides du répertoire avec sa tessiture profonde et sa
façon affriolante de rouler les r dont certaines
cantatrices usent jusqu’à l’excès
(« Cruda sorte », « Per lui che
adoro », « turco, turco »,
« che muso, che figura »). Allyson McHardy
n’a pas besoin d’abuser de l’artifice pour
séduire. Il ne lui manque ni la rondeur du son, ni la couleur,
ni l’abattage, ni l’art de l’ornementation. On
l’aimerait juste un peu plus sonore dans les ensembles et un peu
plus assurée au premier acte. Elle reprend confiance dans le
second après avoir enfilé la petite robe rouge
d’Anita Edberg et, lien de cause à effet ou non,
s’impose dans un « Per lui che adoro »
à l’intonation gourmande, au phrasé caressant,
mieux que suggestif : érotique. Et irrésistible. Jonathan Veira,
d’ailleurs n’y résiste pas. Le chanteur,
désopilant en pyjama et bien peu terrifiant, n’a alors
d’autre solution pour s’affirmer que de recourir à
la bouffonnerie. Et même s’il se voulait plus autoritaire,
plus bey que pacha, ses ressources vocales ne le lui permettraient pas.
Le contre sol de « Pappataci », les coloratures
de « Delle donne l’arroganza » sont hors de
portée. Il lui reste l’essentiel, la vis comica,
qu’il utilise avec science et intelligence pour contourner les
obstacles de la partition.
L’Italienne
à Alger, c’est enfin, pour celui qui aime les
ténors rossiniens, le personnage de Lindoro, inconsistant
d’un point de vue dramatique (d’ailleurs, si l’envie
lui prenait d’exister, Isabella aurait vite fait de le remettre
au pas) mais richement pourvu de deux airs d’une incroyable
difficulté. A la virtuosité de « Contenta
quest’alma » et de « Oh come il cor di
giubilo », Nicholas Phan
préfère la grâce de « Languir per una
bella », magnifié par la beauté du timbre et
la conduite du souffle, deux qualités qui donnent envie
d’entendre le chanteur dans d’autre rôles moins
aigus : Mozart peut-être plutôt que Rossini.
Le Taddeo de Riccardo Novaro, amusant mais presque trop altier, la pimpante Elvira de Bernarda Bobro et l’Haly de Jean-Luc Ballestra, luxueux pour un personnage doté d’une seule aria, qui plus est, di sorbetto, les chœurs
nourris et virils (ce sont les fameux eunuques), la direction
bienveillante de Pascal Verrot parachèvent une production que ne
renierait pas le festival de Pesaro (Elle s’avère en tout
cas supérieure à celle que proposait Dario Fo en 2006).
Pesaro, on y revient toujours. L’italienne Lilloise en réveille le souvenir, mieux encore, le prolonge.
Christophe RIZOUD
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Prochaines représentations :
à Lille, le 15, 18, 20, 23 Novembre 2007
à Amiens, les 4 et 6 Décembre 2007
à Caen, les 18, 20, 22 Décembre 2007
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