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PARIS
02/12/06
Anke Vondunk Mechelen
© DR
Richard Strauss (1864-1949)
Le Chevalier à la Rose
(Der Rosenkavalier)
Comédie pour musique en 3 actes,
sur un livret de Hugo von Hofmannsthal.
Direction musicale : Philippe Jordan
Mise en scène, décors et costumes : Herbert Wernicke
Lumières : Werner Breitenfelder
Chef des chœurs : Peter Burian
La Maréchale : Anne Schwanewilms
Octavian : Anke Vondung
Le Baron Ochs : Franz Hawlata
Sophie : Heidi Grant Murphy
Faninal : Olaf Bär
Marianne (dame de compagnie) : Michèle Lagrange
Valzacchi : Ales Briscein
Annina : Helene Schneiderman
Un chanteur : Tomislav Muzek
Un commissaire de Police : Scott Wilde
Le majordome de la Maréchale : Wilfried Gahmlich
Le Majordome de Faninal : Mihajlo Arsenski
Un notaire : Lynton Black
Un aubergiste : Christoph Homberger
La modiste : Elisa Cenni
Trois orphelines : Claire Servian, Ghislaine Roux, Carla Vero
Un dresseur d’animaux : Pascal Meslé
Quatre laquais de la Maréchale : Robert Catania, Gérard Noizet,
Guillaume Petitot-Bellavène, Rodrigo Garcia
Quatre serveurs : Grzegorz Staskiewicz,
Christian-Rodrigue Moungoungou, Omar Benamara,
Alexandre Ekaterinski
Le valet : Denis Aubry
Chœurs et Orchestre de l’Opéra National de Paris
Maîtrise des Hauts-de-Seine,
Chœur d’enfants de l’Opéra National de Paris
Paris, Opéra-Bastille, le 2 décembre
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Un Chevalier sans peur mais pas sans reproche
Patatras ! Attendue en Octavian, Vesselina Kasarova, souffrante,
doit renoncer à cette reprise du Chevalier à la Rose,
entraînant un bataillon de remplaçantes *,
et portant un sacré coup au prestige de la distribution. Plus
par son incroyable aisance scénique dans un spectacle
découvert quelques jours auparavant que grâce à sa
voix, belle mais pas assez sonore pour la Bastille, Anke Vondung
imposera néanmoins un Quinquin ardent et fougueux, qui lui
vaudra un joli succès au rideau final. Anne Schwanewilms,
passé le début du I, qui la montre trop prudente,
réussit une très belle Maréchale, femme tendrement
éprise davantage que dame mûre et flegmatique ; sa
magnanimité à l’égard des jeunes amants, au
III, n’en sera que plus poignante. Franz Hawlata remet Ochs sur
le métier : sa connaissance du personnage est
indéniable, la puissance de sa voix aussi (il sera quasiment le
seul chanteur du casting à n’être jamais pris en
défaut de projection). S’il aura donné des
interprétations plus nuancées en d’autres
circonstances (Salzbourg en 2004), le chanteur bavarois a le
mérite de s’investir totalement dans la mise en
scène, avec des dons d’acteurs remarquables. Olaf Bär
(Faninal), Michèle Lagrange (Marianne), Ales Briscein
(Valzacchi) et Helene Schneiderman (Annina), rivalisent
d’intelligence et de drôlerie ; les comprimarii
sont impeccables (mentions spéciales pour le sonore Scott Wilde
et le beau chanteur de Tomislav Muzek) ; pour compléter
ça, il nous faudrait une belle Sophie. Malheureusement
Heidi-Grant Murphy n’est même pas correcte, rarement
audible (assez laide de timbre, de toute façon), et guère
rachetée par une présence scénique très
prosaïque.
Philippe Jordan connaît bien le Chevalier à la Rose,
et cela s’entend ! Sous sa baguette attentive,
l’orchestre, virtuose, rutile, paré de somptueuses
couleurs automnales. C’est l’orchestre de la
Maréchale, nostalgique et pensif, plutôt que celui,
exubérant, de Quinquin. Alors, on regrette parfois qu’il
n’y ait pas tout l’éclat dont on puisse rêver,
que l’on ne soit pas soulevé de nos sièges par des
phrasés qu’on aurait souhaités encore plus
ardents… mais ne pinaillons pas : à trente-deux ans,
Philippe Jordan affiche déjà une identité et une
maturité artistiques exceptionnelles.
Herbert Wernicke, dont l’Opéra célèbre la
mémoire pour la deuxième fois cette saison (après
les Troyens),
a conçu ce spectacle il y a plus de dix ans. Si les
décors, tout en panneaux, en reflets de panneaux, et en reflets
de reflets de perspectives de panneaux, sont très
ingénieux, si la Maréchale porte de superbes robes, la
direction d’acteur, aujourd’hui, semble plus classiques
qu’iconoclaste, lorsqu’elle n’est pas franchement
statique. De belles trouvailles (tel ce Mohammed-Arlequin ouvrant et
fermant le rideau, confident des amours d’Octavian), des gags
amusants (le chanteur, en costard, agite un grand mouchoir blanc
façon Pavarotti), ou répétitifs (les flashs des
appareils photos, au I, puis au III,…) alternent avec de
drôles d’idées, qui tombent un peu à plat
(les carrosses à la fin du III emmenant Faninal et la
Maréchale faire un petit tour au Prater, ou la
« farce viennoise » jouée à Ochs,
au cours duquel tous les mimes sont déguisés en…
Octavian !).
Au final, même si la distribution semble parfois noyée
dans l’immense Opéra-Bastille, une belle reprise pour ce
très honnête spectacle, chaleureusement applaudie au
rideau final.
Clément Taillia
* Retenue à Dresde pour Hänsel et Gretel,
Anke Vondung, après la générale, n’a pu
assurer que les deux premières représentations. Elina
Garanca, appelée à la rescousse, mais souffrante (!!),
s’est fait elle-même remplacer le 10 par celle qui venait
de chanter le rôle à sa place, au Staatsoper de
Vienne : Daniela Sindram. Rétablie, Garanca chante deux
représentations, les 14 et 21 décembre. Les 24, 27 et 30
décembre, retour en scène de Daniela Sindram, Garanca
devant retourner à Vienne pour le Barbier de Séville.
Par ailleurs, Anne Schwanewilms, après la première,
s’est fait remplacer le 5 (par Solveig Kringelborn) et le 10 (par
Angela Denoke). Olaf Bär et Tomislav Muzek ont quant à eux
déclarés forfait pour les représentations des 21
et 24 décembre, respectivement remplacés par Peter Sidhom
et Ramon Vargas ! La loi des séries…
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