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PARIS
14/09/05
© Copyright : Opéra de Paris
RUSALKA

Opéra d'Antonin Dvorak 

Mise en scène : Robert Carsen
Décors et costumes : Michael Levine
Lumières : Robert Carsen et Peter van Praet
Dramaturgie : Ian Burton
Création vidéo : Eric Duranteau

Rusalka : Olga Guryakova
Le Prince : Stuart Skelton
Jezibaba : Larissa Diadkova 
L'ondin : Franz Hawlata
La princesse étrangère : Anda Louise Bogza
Le garde forestier : Sergei Stimachenko
Le garçon de cuisine : Karine Deshayes 
Première nymphe : Michelle Canniccioni
Deuxième nymphe : Svetlana Lifar
Troisième nymphe : Nona Javakhidze
La voix d'un chasseur : David Bizic

Direction musicale : Jiri Belohlavek

Paris, Opéra Bastille, 12 septembre 2005

On ne se bousculait pas à la Bastille pour cette première reprise d'une des plus belles créations de l'ère Gall : places libres en grand nombre, même parmi les moins chères.
Un manque de curiosité regrettable d'autant que la distribution actuelle n'est pas indigne de celle proposée en 2002.

Olga Guryakova, que nous avons entendu dans les diverses éditions de "Guerre et Paix", succède à Renée Fleming pour le rôle titre. La chanteuse américaine brûlait les planches, imposant son rayonnement sur un plateau qu'elle dominait de son charisme : des moyens imposants, un timbre unique, une évidente identification au personnage... mais aussi pas mal de maniérisme.
Le soprano russe n'a certes pas les mêmes moyens : ici, pas d'étalage de somptuosités vocales, mais une belle voix saine et franche. Surtout, son interprétation est plus discrète, plus humble, et finalement très touchante. Le public ne s'y trompe pas qui lui réserve une belle ovation.


© Copyright : Opéra de Paris

Sergei Larin devait reprendre son interprétation de 2002 : le ténor letton semble malheureusement dans une très mauvais passe et nous ne pouvons que souhaiter le prompt rétablissement de ce bel artiste.

Miro Dvorsky le remplace pour cette série, Stuart Skelton, la doublure officielle, se contentant des 2 représentations initialement prévues (une sage décision comme nous allons voir). Ce jeune ténor australien est une heureuse surprise : la voix est saine, bien conduite, très homogène sur la tessiture ; en revanche, le volume vocal est encore insuffisant pour une salle impitoyable comme Bastille et l'artiste fatigue sur la fin, savonnant discrètement un aigu. Si le chanteur est encore un peu jeune pour aborder sans risque une série complète de représentations, il n'en reste pas moins un artiste à suivre.

Larissa Diadkova succède à elle-même dans le rôle de Jezibaba ; voix puissante, timbre de bronze, graves outrageusement poitrinés : ce n'est pas exactement du plus exquis raffinement mais c'est efficace.

Franz Hawlata reprend lui aussi son rôle : le chanteur n'appelle pas de réserves majeures, j'ai même trouvé son Ondin plus touchant et mieux conduit vocalement qu'en 2002.

Passons rapidement sur les autres rôles, corrects sans plus.
Anda Louise Bogza est une Princesse très sonore mais peu sensuelle. Sergei Stimachenko (baryton basse) succède à Michel Sénéchal (ténor). Choix peu concluant : on y perd en vis comica et en diversité des timbres. Karine Deshayes est un travesti attachant.
Enfin, les trois nymphes chantent remarquablement... quand on les entend. L'un des défauts de cette reprise, commun avec la création de 2002, c'est que les chanteurs les moins puissants sont souvent couverts par l'orchestre.

La direction de Jiri Belohlavek est correcte mais sans génie particulier : on cherchera vainement une communion avec la poésie de l'ouvrage.

La mise en scène de Robert Carsen, amplement commentée en 2002 est toujours aussi spectaculaire visuellement. Le metteur en scène canadien et son décorateur attitré savent construire des images fortes, aux sens multiples, qui soutiennent une approche psychanalytique un peu réductrice.
 
 

Placido CARREROTTI
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