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PARIS
18/02/2007
Sting © DR
« SONGS FROM THE LABYRINTH »
Introduction : Edin Karamazov au luth
JOHN DOWLAND (1563 – 1626)
Flow my tears - The lowest trees have tops
Can she excuse my wrongs
Fine knacks for ladies - Come, heavy sleep
Le Rossignol ( pour 2 luths) - Come again
ROBERT JOHNSON (1583 – 1633)
Have you seen the bright lily grow
JOHN DOWLAND
Weep you no more, sad fountains
Clear or cloudy - In darkness let me dwell
BIS
STING
Message in a Bottle (Police)
ROBERT JOHNSON (1911 –1938)
Hellhound on my trail
JOHN DOWLAND
Will thou unkind thus reave me
STING, voix et archiluth
EDIN KARAMAZOV, luth et archiluth
STILE ANTICO CHOIR
SALLE PLEYEL – PARIS
18 Février 2007
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COME AGAIN…
La chose était acquise depuis la parution du CD
en octobre 2006 : Sting, en allant à la rencontre des
mélodies de John Dowland, projet qu’il portait depuis
vingt-cinq années, avait fait un tabac, voire un malheur..
Cette alliance entre une « rock star »et des
œuvres écrites par un compositeur du XVIème
siècle était d’ailleurs a priori plutôt
surprenante, et pourtant, si incroyable que cela puisse paraître,
cela avait fonctionné, et formidablement, comme si, à
travers plus de quatre siècles d’histoire de la musique,
Sting et Dowland étaient finalement faits pour se retrouver,
comme s’il n’y avait pas eu d’interruption entre le
discours du digne Maître et celui du soliste du groupe
Police… Et comme si Sting avait toujours chanté cette
musique qui « tombait » si naturellement dans sa
voix.. Le résultat fut phénoménal, fascinant,
d’une poésie inouïe…
Fort de ce succès, Sting décida d’aller plus loin
dans son périple avec « Journey & the Labyrinth,
The music of John Dowland » un DVD et un CD dont la sortie
internationale, toujours chez DG, a eu lieu le 12 février
dernier (1) et surtout en entamant une grande tournée en Europe, en février et mars 2007, avec ce programme. (2)
L’excitation était donc à son paroxysme, salle
Pleyel, d’autant plus que le concert se donnait à guichets
fermés. Certes, il y en avait bien eu un autre à Radio
France le 26 octobre 2006, retransmis en direct par FIP. Mais comme
l'entrée était libre, il y eut beaucoup
d’appelés et peu d’élus. Et si l’on
reconnaissait ça et là dans cette salle archi-comble et
chauffée à blanc quelques critiques « en
vue » du milieu classique, il était clair que le
monde du showbiz était en pleine effervescence, avec perchistes,
cameramen et techniciens courant dans tous les sens avant
l’arrivée de la rock star…
Le concert commença bien évidemment avec le quart
d’heure de retard de rigueur et la star se fit un peu
attendre… Sting avait eu cependant l’intelligence, et
quelque part la modestie, de faire ouvrir le feu par son comparse, le
formidable luthiste Edin Karamazov. Après deux morceaux
brillantissimes, dont une adaptation de la Toccata et Fugue en
ré mineur de J. S. Bach, Sting fit – enfin - son
entrée …
Il fait partie de ces artistes qui ont bien, très bien vieilli.
Le cheveu court, la silhouette svelte, le look un peu sportif, mais pas
trop, la tenue sobre (veste de cuir noir) mais pas trop non plus, et
bien sûr, le charme en plus, incontestable, et la présence
phénoménale, très intense et en même temps
discrète, presque effacée…
Le cadre plutôt vaste de la salle Pleyel, qui pouvait à
priori sembler assez gênant et peu intimiste, ne changea
finalement pas la donne, la sonorisation très discrète et
parfaitement au point, et les éclairages raffinés sachant
créer, au bout du compte, la magie et l’intimité
nécessaires à ce programme.
Un disque très réussi peut aboutir à un concert
« live » plutôt moyen… Ce ne fut pas
le cas et il n’y eut aucun décalage par rapport à
l’enregistrement, ce fut même au moins aussi bien, sinon
mieux, car le « plus », c’était la
présence palpable et dense de l’artiste, et quel
artiste !
On a beaucoup évoqué, voire critiqué, sa voix
voilée, presque cassée, ses ruptures de souffle, de
timbre et de la ligne de chant…Et pourtant cette musique lui
colle littéralement à la peau, et il
l’interprète avec un engagement total, une probité
exemplaire et une authenticité qu’on ne rencontre pas
toujours, hélas, chez des artistes plus familiers du genre.
Sting ne triche pas, il chante avec sa voix si particulière, si
« imparfaite » peut-être et finalement
pourtant très maîtrisée. Et surtout, avec cette
humilité, cette écoute par rapport aux œuvres et
aux compositeurs qui les ont écrites qui n’est pas si
fréquente, même dans le milieu dit
« classique ».
Autre atout de ce concert, outre le formidable Edin Karamazov, le
choix, pour certaines pages, de « Stile Antico »,
formidable ensemble d’une grande finesse musicale, avec lequel il
entonnera le dernier bis, chanté par tous à capella,
luthiste compris.
A-t-on jamais entendu « Have you seen the bright lily
grow », composé par un contemporain de Dowland,
Robert Johnson, distillé de manière aussi délicate
et poétique ? Et qui n’a pas été
ému par « Come again » n’a
probablement jamais connu les peines de l’amour…
Il lut aussi quelques lettres de Dowland, fit un petit discours rempli
d’humour, mêlant un français approximatif à
un anglais très châtié, joua quelques morceaux avec
son ami Edin, et son charisme fit le reste.
Sting, ce soir-là, avait une fois de plus gagné son pari
et en s’effaçant devant Dowland, sut le servir comme peu
le firent avant lui.….
Le public ne s’y trompa pas, qui lui réserva un véritable triomphe et une standing ovation..
« Come again… »
Juliette BUCH
Notes
(1) CD 172 3118 et DVD 172 3119 parus et/ou à paraître chez DG.
(2) Bâle, Florence, Rome, Milan,
Munich, Francfort, Hambourg, Amsterdam, Anvers, Berlin,
Düsseldorf, Baden Baden, Vienne et Stuttgart.
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