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PARIS
11/11/2007
Samuel Ramey
© Christian Steiner
Giacomo Puccini (1858-1924)
TOSCA
Melodramma en 3 actes (1900),
sur un livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica,
d’après « la Tosca » de Victorien Sardou.
Mise en scène : Werner Schroeter
Décors et costumes : Alberte Barsacq
Lumières : André Diot
Responsable des études musicales : Robert Kettelson
Floria Tosca : Sylvie Valayre
Mario Cavaradossi : Marcus Haddock
Scarpia : Samuel Ramey
Cesare Angelotti : Wojtek Smilek
Spoletta : Christian Jean
Il sagrestano : Jean-Philippe Marlière
Sciarrone : Yuri Kissin
Un carceriere : Christian Tréguier
Chœurs et Orchestre de l’Opéra National de Paris
Maîtrise de Hauts-de-Seine/Chœur d’enfants de l’Opéra National de Paris
Chef des chœurs: Peter Burian
Direction musicale: Nicola Luisotti
Paris, Opéra Bastille, le 11 novembre 2007.
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Sam' suffit !
Enième reprise, perturbée par les grèves, de « Tosca » selon Werner Schroeter. Sur le travail de ce dernier, plat et anecdotique, je n’ai rien à ajouter aux articles de Placido Carrerotti.
Au moins, la Madeleine au I ne louche plus, et les soldats au III ne se
roulent plus de galoches (leur espèce de chorégraphie
morbide n’en reste pas moins parfaitement improbable).
Nous reste alors la musique : tant mieux ! c’est le
principal, et c’est ce qu’il y a de plus réussi.
Dans la fosse, on apprécie la forme des musiciens de
l’Opéra et la direction de Nicola Luisotti, qui a le
mérite de dévoiler (parfois trop fort) les richesses de
l’orchestration puccinienne. L’impact des tutti, la finesse
des pupitres solistes, les tempi retenus, tantôt langoureux,
tantôt sentencieux et implacable, voilà qui porte la
marque d’une vraie et belle baguette.
En Tosca nous avons… Tosca ! L’identification de Sylvie Valayre
est incroyable de vérité et de sincérité.
Jamais le II n’aura été si poignant, et, au III,
rarement la note finale aura semblée aussi vertigineuse que le
saut dans le vide qui s’ensuit (il s’agit là du
moment fort du spectacle de Schroeter). Sylvie Valayre a réussi
à trouver sa propre Tosca, qui lui colle à la peau.
Ramey en Scarpia,
c’est avant tout l’élégance féline et
racée d’un vrai séducteur. Sa
sobriété nous semble davantage provenir d’une
démarche interprétative que d’une prudence vocale
vite dénoncée par beaucoup de spectateurs. Diantre !
Il s’agit d’un baron, pas d’un
proxénète des bas-quartiers de Rome. Le sadisme, chez
lui, ne revêt pas les guenilles d’une libido
encrassée, mais se pare du riche manteau de la distinction et du
charisme. Une silhouette élancée, un ambitus ahurissant,
un volume torrentiel, un sourire carnassier et un chic à toute
épreuve, voilà ce qu’est Scarpia ! Et un tel
Scarpia, qui peut l’offrir, sinon Ramey ? Malgré un
vibrato en effet des plus larges, c’est à quelque chose
d’incontournable que nous avons assisté, pas à la
représentation de trop d’une vieille gloire
épuisée !
A côté de deux personnalités pareilles, le Mario de Marcus Haddock semble
plus classique, moins caractérisé. Mais une fois
passés quelques coups de glotte, on ne peut qu’admirer un
timbre d’une belle homogénéité, un aigu
conquérant et un engagement certain.
Un orchestre en verve et une équipe habitée soutenue par
d’impeccables seconds rôles, il n’en fallait pas
moins pour redonner à l’intrigue sa véritable
pulsion (la production de Schroeter nonobstant), et déclencher
les ovations du public !
Clément TAILLIA
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