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VERBIER
21/07/2007
© Mark Shapiro
Récital Anne-Sofie Von Otter
Agathe Baker Gröndahl (1847 – 1907)
- Fagelns visa op. 5 n°2 (Zacharias Topelius)
Edvard Grieg (1843 – 1907)
- X (Mélodie ajoutée juste avant le récital
dont le titre ne figure pas dans le programme)
- Lauf der Welt op. 48 n°3 (Johann Ludwig Uhland)
Wilhelm Peterson-Berger (1867 – 1942)
- Solen Skinner vakkert om kvaelden op. 12 n°2 (Bjornstjerne Bjornson)
Hugo Alfven (1872 – 1960)
- Skogen sover op. 28 n°6 (Ernest Thiel)
Jakob Adolf Hägg (1850 – 1928)
- Andante pour violoncello et piano
Wilhelm Stenhammar (1871 – 1927)
- Lutad mot gärdet (Johan Ludvig Runeberg)
- Jungfru Blond och Jungfru Brunett (Bo Bergman)
- Det far ett skepp (Bo Bergman)
Edvard Grieg (1843 – 1907)
- Haugelât : halling extrait des « Slâtter » op. 72 pour piano seul
- Intermezo pour violoncelle et piano en la mineur cw 118
Jean Sibelius (1865 – 1957)
- Men min fâgel märks dock icke op. 36 n°2 (Johan Ludvig Runeberg)
- Vilse op. 17 n°4 (Karl August Tavatstsjerna)
- Var det en dröm op. 37 n°4 (Joseph Julius Wecksell)
- Malinconia pour violoncelle et piano op. 20
Entracte
Johannes Brahms (1833 – 1897)
- Sommerabend op. 85 n°1
- Am Sonntag Morgen op. 49 n°1
- Die Mainacht op. 42, n°2
- Ständchen op. 106, n°1
Zwei GesÄnge op. 91 pour voix, violoncelle et piano
- Gestillte Sehnsucht (Friedrich Rückert)
- Geistliches Wiegenlied (Emmanuel Von Geibel)
Leos Janacek
- Pohadka (Le conte) pour violoncello et piano
Erich Wolfgang Korngold (1897 – 1957)
- Mariettas lied
extrait de l‘opéra « Die Tote Stadt » (arrangement Bengt Forsberg)
Bis
Leonard Bernstein
- Dream with me
Anne-Sofie Von Otter, mezzo-soprano
Torleif Thedeéen, violoncelle
Bengt Forsberg, piano
Festival de Verbier, Salle Médran
le 21 juillet 2007 à 19h
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L’hiver en été
Souvent femme varie… Initialement prévu pour faire la
part belle à Berlioz – un avant-goût sans doute des Troyens
à Genève en septembre - le programme du récital
d’Anne-Sofie Von Otter au festival de Verbier a connu
différents changements pour finalement se focaliser dans une
première partie sur les compositeurs scandinaves - certains
connus (Grieg, Sibelius), d’autres moins (Gröndahl,
Stenhammar, …) - Brahms et Janacek se partageant la suite de la
soirée avec en conclusion un air de Korngold, revu et
corrigé, qui tombe là comme un cheveu sur la soupe.
La Salle Médran est-elle le lieu idéal pour ce genre de
spectacle ? Sa configuration – rectangulaire – et sa
taille obligent à user de la sonorisation avec les
inconvénients qu’on peut supposer : suppression du
relief, gommage des nuances, uniformisation des couleurs, léger
écho, etc. Pour ne rien arranger, l’orage continue de
sévir ; les gouttes de pluie battent sans trêve la
toile tendue qui sert de toit, achevant de perturber
l’écoute. Dans ces conditions, foin
d’intimité quand l’art du récital repose
justement sur la proximité et la complicité.
Anne-Sofie Von Otter est pourtant rompue plus qu’une autre
à l’exercice, par expérience – elle
n’en est pas à son coup d’essai – par
inclination et par disposition. Elle sait créer la connivence,
amuser d’une œillade, d’une grimace puis, une fois le
public dans sa poche, l’entraîner avec passion dans le
froid pays qui est le sien. Hélas pour la suivre avec bonheur
à travers les contrées du nord de l’Europe, encore
aurait-il fallu pouvoir comprendre le sens de la balade. Or, le
feuillet remis à l’entrée en guise de programme se
contente de reproduire le texte des poèmes dans leur langue
originale sans traduction. Quels que soient alors les talents de la
conteuse et les trésors d’expression ou de
musicalité qu’elle déploie, il est difficile de se
laisser emporter. Les effets tombent à plat ; la musique
seule ne suffit pas - les pièces proposées, sans
être désagréables, ne laissent pas un souvenir
impérissable.
Il faut attendre les envolées romantiques de Sibelius
(« Men min fâgel märks dock
icke » et surtout « Var det en
dröm ») pour que l’intérêt vraiment
s’éveille ; les six lieder
de Brahms en début de deuxième partie permettant ensuite
à l’attention de se maintenir. Les deux compositeurs
s’avèrent autrement exigeants que les
précédents, Brahms surtout dont
« Sommerabend » met en péril la chanteuse
car il sollicite le medium de la voix au-delà de ses
possibilités actuelles ; elle devient alors sourde comme
privée de projection. D’une manière plus
générale Le timbre semble aminci ; la tessiture
d’Anne-Sofie Von Otter est-elle encore celle d’un
mezzo-soprano ? On s’interroge d’autant plus que
l’aigu, lui, demeure souverain sur tout le registre
jusqu’aux notes les plus élevées.
Aux côtés de la cantatrice, Bengt Forsberg joue une fois
de plus l’accompagnateur modèle, fidèle et attentif
même si le jeu peut parfois sembler un peu trop brutal. La
surprise provient plutôt du violoncelle sensuel et sauvage de
Torleif Thedeéen. C’est de son instrument d’ailleurs
que jaillissent les véritables moments d’émotion de
la soirée.
De son instrument et du seul et unique bis,
« Dream with me » de Leonard Bernstein,
dégusté avec gourmandise par une cantatrice enfin
libérée, chanson délicieuse dont la guimauve
supporte mieux qu’une autre les méfaits de la sonorisation
et qui soudain laisse briller un rayon de soleil sur un paysage trop
enneigé pour un soir d’été.
Christophe Rizoud
Un site internet consacré à la diffusion en direct et en
haute définition des concerts du Festival de Verbier a
été créé pour l’occasion : www.medici-arts.tv.
L’enregistrement de ce concert reste disponible
jusqu’’au 31 août 2007, aux côté de
reportages et d’interviews exclusifs.
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