Marcelo
ALVAREZ
French Arias
détails
Werther - Les Contes
d'Hoffmann - La Fille du Régiment
Roméo et
Juliette - Dom Sébastien
Manon - La Favorite
- Don Carlos
Faust - Les Huguenots
- Guillaume Tell
Orchestre et
Choeurs de l'Opéra de Nice
Direction :
Mark Elder
Sony SK 89650
Il y a quelques
mois, dans ces mêmes colonnes, je recommandais sans réserve
le récital d'airs français de Roberto
Alagna qui nous présentait dans un programme courageux une personnalité
affirmée du monde lyrique. Le principal reproche que je formulerai
à Marcelo Alvarez est justement l'impersonnalité de ce récital
: le chant est d'un bout à l'autre remarquablement conduit mais
l'interprète ne parvient pas à imprimer une marque forte.
Le programme choisi
par Marcelo Alvarez n'est pourtant pas sans risques, même si à
l'exception peut-être de l'air de Dom Sébastien on n'y rencontre
que des chevaux de bataille du répertoire français. Le ténor
argentin y aborde en effet à côté des rôles lyriques
et de demi-caractère qui lui ont valu la reconnaissance internationale,
quelques morceaux de bravoure du Grand Opéra. Le résultat
est parfois séduisant, comme dans le très poétique
air de Fontainebleau de Don Carlos, mais on sent à l'écoute
d'"Asile héréditaire" qu'il serait suicidaire pour Alvarez
de s'aventurer à ce jour dans de tels rôles à la scène.
Ceux qui ont été
subjugués par son magnifique Des Grieux à Bastille en clôture
de la saison dernière retrouveront avec plaisir cette voix aux couleurs
chatoyantes, aux nuances infinies, à l'aigu assuré à
défaut d'être toujours percutant. La diction se révèle
également satisfaisante bien que parfois fluctuante, et l'on n'a
pas au disque à faire face à cette gaucherie qui handicape
le ténor sur scène.
La référence
à Alfredo Kraus, qu'Alvarez cite couramment en exemple, est inévitable
ici. Il suffit pour s'en convaincre d'écouter son approche du personnage
de Werther qui doit tellement à celle du ténor espagnol.
Ce n'est pas moi qui lui reprocherai tel modèle, synonyme d'intelligence,
de générosité, de musicalité et de poésie.
Cela s'entend ici, même s'il reste encore à Marcelo Alvarez
à gommer certaines scories sur le plan stylistique et quelques engorgements
très passagers.
La direction troupière
et parfois indiscrète de Mark Elder n'empêche pas de noter
les belles couleurs de l'orchestre de Nice et la discipline des choeurs,
mais je décernerai un bonnet d'âne à Sony qui n'a pas
même été capable de proposer une traduction française
des notes du livret.
En définitive,
ce récital contient de très beaux instantanés musicaux
mais il manque pour le rendre inoubliable une véritable personnalité,
celle qui faisait le prix des récitals français d'Alfredo
Kraus et de Roberto Alagna, voire de Rockwell Blake, pour ne parler que
des récentes années.
Vincent Deloge
Lire le point de vue de Jean-Christophe
Henry
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