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THE NOEL COWARD SONG BOOK

Ian Bostridge, ténor
Sophie Daneman, soprano *

Jeffrey Tate, piano

Arrangements de Corin Buckeridge

1 CD 7243 5 573742 7 - EMI 2002

Paroles et Musiques de Noël Coward (1899-1973)

1. I travel Alone

The twenties (Les années Vingt)
2. Parisian Pierrot (London Calling, 1923)
3. Poor Little Rich Girl (On with the Dance, 1925)
4. World Weary (This year of Grace, New York production, 1928)
5. Marie Make-believe (id)
6. A Room with a view (id)*
7. Dance, Little Lady (id)
8.  If you could only Come with Me (Bitter Sweet, 1929) 
9.  I'll see you again (id)*
10. Zigeuner (id)
11. The dream is over (1928)

The Thirties (Les Années Trente)
12. Any Little Fish (Cochran's 1931 Revue)
13. Twentieth Century Blues (Cavalcade 1931)
14. Mad dogs and Englishmen (Words and Music, 1932)
15. Let's say Good-bye (id)
16. Something to do with Spring (id) *
17. The Party's Over Now (id)
18. Someday I'll find You (Private Lives 1930)*
19. Never Again (Set to Music, 1939)


LES MILLE ET UNE FACETTES D'UN TENOR ETONNANT... (SUITE)
 

Non content d'avoir livré au Théâtre des Champs Elysées le 3 mars dernier une lecture décoiffante du célèbre Winterreise de Schubert, voilà que cet artiste trouve le moyen de nous surprendre encore avec ce disque de chansons de Noël Coward, connu surtout en France comme auteur dramatique.

Une fois de plus, Bostridge se montre époustouflant, dans un répertoire où, à priori, on ne l'attendait guère.

Né dans une modeste maison de Teddington, dans la banlieue de Londres, Noël Coward avait commençé sa carrière d'acteur dés l'enfance, à l'âge de dix ans. Musicien autodidacte, il ne savait ni lire ni écrire la musique et se faisait aider de copistes et d'orchestrateurs. Durant les années vingt, il alterna avec bonheur revues, comédies et drames, mais malgré ce succès, il commença, fin 1930, à être perçu comme démodé. A partir de 1940, il se tourna vers le cinéma, produisit, coréalisa et interpréta In which we serve, et écrivit le scénario d'un film célèbre, Brève Rencontre.

Noël Coward, qui continuera jusqu'à la fin de sa vie à écrire des pièces, des musicals, des nouvelles et des récits, se tournera vers le cabaret dans les années 50, cette fois encore avec succès, aussi bien à Londres qu' à Broadway. Son personnage de dandy sarcastique et blasé n'est d'ailleurs pas sans rappeler Oscar Wilde, d'autant plus qu'il afficha toujours un total mépris pour l'opinion des critiques. Lorsqu'on lui demanda quel était son idéal d'une vie parfaite, il répondit : "La mienne"....

Ici encore, on peut admirer les qualités que Ian Bostridge a désormais fait siennes, et en particulier une, essentielle pour un artiste de cette trempe : l'art de s'adapter à tous les styles. Capable d'interpréter aussi bien Bach, Mozart, Handel, Monteverdi, Janacek, Britten, Schubert, Wolf, Hans Werner Henze - ce dernier a écrit pour lui un cycle de mélodies - etc... ce chanteur multiforme, véritable "caméléon", s'attaque cette fois à un genre dit "léger" avec un charme fou et une musicalité absolue.

On retrouve ici le naturel qui semble devenu sa marque de fabrique : pas d'effets appuyés, on a presque l'impression qu'il ne chante pas, mais qu'il dit le texte en fredonnant avec légéreté et élégance, comme l'aurait fait Noël Coward lui même.. Bostridge ne cherche en aucune façon à "ténoriser", à faire du belcanto. Il n'hésite pas à rendre parfois sa voix nasale et traînante, presque gouailleuse, comme s'il se trouvait sur une scène de Broadway.

Cet artiste avoue aimer beaucoup cette musique pour son invention et sa subtilité, et aussi pour son humour décapant, qui lui rappelle Kurt Weill, "un de ses compositeurs allemands préférés", et n'hésite pas à considérer Noël Coward comme l'équivalent anglais d'Irving Berlin et de Cole Porter.

Une fois encore, tout comme il réussit, il y a peu au Théâtre des Champs Elysées, à se glisser dans l'univers de Schubert et à le faire sien, il investit celui si particulier de la comédie musicale anglaise des années 20-30 avec chic, abattage, raffinement et nous le rend évident. A l'écoute de ce disque, on se surprend à avoir envie de fredonner avec lui, comme si ces chansons avaient toujours fait partie de notre vie.

On peut donc remercier Ian Bostridge de nous avoir offert, avec l'aide attentive du talentueux Jeffrey Tate au piano et la fraîcheur un peu acidulée de Sophie Daneman lui donnant parfois la réplique, ce disque rare, au délicieux parfum "rétro" que l'art de ce magicien parvient à nous rendre familier et presque intime.
  


Juliette Buch


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