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Vivica GENAUX

Bel Canto Arias

Donizetti / Rossini

Ensemble Orchestral de Paris
John Nelson

G. Rossini - La Cenerentola - Nacqui all'affanno
G. Rossini - L'Italiana in Algeri - Cruda sorte...
G. Rossini - L'Italiana in Algeri - Pensa alla patria
G. Donizetti - Lucrezia Borgia - Nella fatal di Rimini
G. Donizetti - Lucrezia Borgia - Il segreto per esser felice
G. Donizetti - Alahor in Granata - Ah ! Si, da tanti affani
G. Donizetti - Anna Bolena - Un bacio, un bacio ancora
G. Rossini - La Donna del Lago - Mura felici
G. Rossini - Semiramide - Eccomi alfine in Babilonia
G. Rossini - Il Barbiere di Siviglia - Una voce poco fa

Durée totale : 68'24"

Virgin Classics - 7243 5 545545 2 0



Si le chant rossinien a été gâté dans les années 80 et 90 par un arrivage massif de voix bien entraînées et rompues à l'art d'ornementer avec goût, ce début de siècle note clairement le déclin d'un certain art du chant. Qui, en effet, peut se targuer aujourd'hui de remplacer les Lucia Valentini-Terrani, Marilyn Horne, Frederica von Stade, Joan Sutherland, les Rockwell Blake, Chris Merritt et autre Samuel Ramey ? Evidemment, le discours des fins gourmets du chant tourne au leitmotiv : "c'était mieux avant" et un critique qui ferait sienne cette lapalissade mille fois rebattue serait vite taxé de passéisme. Et si pourtant c'était vrai ? S'il était indubitable que "c'était mieux avant" ?

Pourtant il semble que la voix de mezzo-soprano colorature, voire de contralto colorature, soit aujourd'hui convenablement représentée sur les scènes lyriques. En effet, si les ténors à roulades se font rares, si les véritables sopranos belcantistes se comptent sur les doigts de la main d'un lépreux de Calcutta, nos amies mezzo-soprano pullulent... et c'est tant mieux !

Si Cecilia Bartoli et Jennifer Larmore semblent avoir délaissé Rossini et le Bel Canto romantique au profit du baroque (où elles excellent), d'intrépides matrones comme Ewa Podles continuent à ravir les amateurs de vocalises surhumaines et de beaux graves sortis des abîmes d'un appareil respiratoire survitaminé. Aux côtés de cette chanteuse fabuleuse et unique qu'est Ewa Podles (affectueusement surnommée par ses fans "Mamie Ewa"), évoluent quelques artistes méritantes comme Vesselina Kassarova, Daniela Barcellona et Sonia Ganassi ; sans compter qu'une génération de concurrentes aux dents longues attend de prendre la place de leurs aînées : Laura Polverelli, Anna Bonitatibus, Enkelejda Shkosa et même une charmante petite Française du nom de Karine Deshayes.

Au milieu de cette meute de divas entraînées à faire jubiler les publics du monde entier, évolue l'Américaine Vivica Genaux qui a su se faufiler au sommet de la hiérarchie des stars de l'Opéra grâce à une technique absolument impeccable. Révélée au public européen suite à la parution de son album d'airs de Farinelli enregistré sous la direction du charismatique chef belge René Jacobs, Vivica n'en a pas moins eu une riche carrière américaine et européenne auparavant : on se souviendra particulièrement d'une Sémiramide aux côtés d'un Denis Sedov en état de grâce et d'une Alahor in Granata avec un autre "poussin devenu chapon" du chant rossinien : l'insipide Juan Diego Florez.

Depuis la parution du disque Farinelli chez Harmonia Mundi, Vivica Genaux est sur tous les fronts. Il faut dire qu'hormis sa technique aguerrie, elle bénéficie d'une plastique pour le moins agréable ; suprême argument de marketing. Les Parisiens ont donc eu la chance de l'entendre ces dernières saisons dans deux de ses meilleurs rôles : Rosina du Barbier de Séville et Angelina de La Cenerentola. Dans la foulée, Virgin Classics a donc décidé de sortir une galette entièrement consacrée au Bel Canto Romantique.

Dans La Cenerentola et L'Italiana in Algeri qui nécessitent une voix suave et féminine teintée de couleurs cuivrées, Vivica Genaux est particulièrement à son aise. La petitesse de sa voix qui constitue à la scène son principal point faible passe - bien entendu - complètement inaperçue au disque. Comme pour Cecilia Bartoli, la discrétion de l'organe favorise sa souplesse, on assiste dont à une déferlante de notes enchaînées à une allure des plus spectaculaires. Lucrezia Borgia et Anna Bolena où la mezzo-soprano chante respectivement les rôles de l'épicurien niais Maffio Orsini et du petit page Smeton, nécessitent des voix lyriques sombres ; Vivica Genaux ne fait donc qu'une bouchée de ces extraits relativement inintéressants sur le plan strictement musical. Enfin, le disque se termine sur trois extraits de Rossini : deux rôles de mezzo travestis (Arsace de Semiramide et Malcolm de La Donna del Lago) qui exigent, eux, un autre mordant et une voix plus solide. Une fois encore, le disque a certaines clémences pour les chanteurs et Vivica fait ici un travail des plus honnêtes. Je doute que, privée des micros, ces deux incarnations bénéficient du même impact. Mais après tout, Vivica Genaux a chanté Arsace à la scène avec un grand succès. Laissons lui donc le bénéfice du doute. Pour clore ce programme, l'incontournable air d'entrée de Rosina chanté avec séduction et brio ; deux termes qui sont un peu la marque de fabrique de Vivica Genaux.

De mon point de vue - et de manière très générale - ces récitals d'airs isolés ne constituent que très rarement un achat indispensable, surtout quand les extraits recensés sont des tubes du répertoire. L'amateur d'opéra standard sera donc bien inspiré de se tourner vers ses bonnes vieilles intégrales et ce malgré le grand talent de Vivica Genaux qu'on sera heureux de retrouver prochainement à la scène.
 

Hélène Mante


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