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Thomas QUASTHOFF
Betrachte, Meine Seel
Johann Sebastian Bach (1685 - 1750)
Weinacht Oratorium, BWV 248
Aria : "Großer Herr, o starker König"
avec Markus Schmutzler, trompette
Duett : "Herr, dein Mitleid, dein Erbarmen"
avec Sibylla Rubens, soprano
Andreas Lorenz, Bernard Mülbach, oboe d’amore
Johannes Passion, BWV 245
Arioso: "Betrachte, meine Seel"
avec Jörg Kettmann, Ulrike Sobel, viola d’amore,
Stephan Mass, Luth
Aria : " Mein teurer Heiland "
avec le Staatsopernchor Dresden
Matthaüs Passion, BWV 244
Aria : "Mache dich, mein Herze, rein"
George Frideric Handel (1685 - 1759)
Messiah HW 56
Behold, I tell you a mystery...The trumpet shall sound"
Franz Joseph Haydn (1732 - 1809)
Die Jahreszeiten - Hob. XXI:3
"Vom Widder strahlet jetzt", "Schon eilet froh"
Arie : "Erblicke hier, betörter Mensch"
Die Schöpfung Hob XXI.3
Und Gott sprach "Rollend in schäumenden Wellen »
Felix Mendelssohn (1809 - 1847)
Elias, Op.70
"Herr Gott Abrahams"
"Es ist genug ! So nimm nun, Herr"
Paulus, Op.36
Gott, Sei Mir Gnadig
Traditional
"Swing Low, Sweet Chariot (Arr. Friedrich Meyer)
Thomas Quasthoff, baryton
Staatskapelle Dresden
Direction Sebastian Weigle
1 CD Deutsche Grammophon 477 623-0
durée 66’ 10 - enregistré à Dresde en mai 2006
DU SACRÉ EN MUSIQUE
Indiscutablement, Thomas Quasthoff est un artiste éminemment
estimable, à la voix profonde et belle, au style
irréprochable.
Déjà, en 2004, il avait enregistré, également pour Deutsche Grammophon, une série de cantates de Bach.
D’où vient alors qu’à l’écoute
de ce nouveau disque, au demeurant plutôt agréable, on
ressente comme un sentiment d’insatisfaction, voire de
frustration et que finalement, finisse par s’installer quelque
chose qui ressemble à de l’ennui ?
Sans doute, de premier chef, en raison même du choix de ces pages et de leur agencement, assez banalement chronologique.
On peine par ailleurs à déceler un véritable
projet artistique cohérent dans cette suite de morceaux
représentant comme un « florilège »
de la musique sacrée et un panorama plus ou moins
exhaustif de Bach à Mendelssohn, avec un negro spiritual, « Swing low swing chariot », en « bonus ».
Thomas Quasthoff s’explique : « A
l’époque de Bach, la religion était établie,
elle faisait partie de la société d’une
manière saine. Mais la situation est devenue plus
problématique avec le développement industriel, en partie
du fait que les gens se sont mis à jeter un regard
différent sur la mort et le fait de mourir. La musique est ma
religion. Pour comprendre le message de ces airs religieux, je
n’ai pas besoin de partager le système de croyance du
compositeur. »
Et encore, à propos de ce choix, plus une
« déclaration de foi musicale que
religieuse » : « nous avons choisi les
morceaux dans lesquels je peux mettre en valeur ce qui me paraît
important dans l’art du chant : la couleur,
l’expression, la beauté… Mais je ne me
décrirais pas pour autant comme un chanteur qui fait passer la
beauté avant toute chose. L’essentiel repose, à mon
avis dans la symbiose entre texte et musique. »
L’ennui, c’est que la musique du divin Cantor, à
laquelle le présent enregistrement fait la part belle (plus de
la moitié du timing) n’était pas écrite, du
moins a priori, pour mettre en valeur les voix et le talent des stars
du chant de l’époque, mais pour servir l’office, et
Dieu, par voie de conséquence.
Car, qu’on le veuille ou non, cette musique est religieuse par
essence et par nécessité et, quelle que soit
l’époque à laquelle on l’interprète,
il semble difficile de faire l’économie de ce postulat de
base. Quant à la symbiose entre le texte et la musique dont
parle Thomas Quasthoff, elle est certes nécessaire, mais ne
saurait suffire sans un minimum de ferveur, voire de mysticisme.
Donc, si la réalisation musicale est soignée,
l’orchestre parfait, les chœurs superbes, la voix de
Sybilla Rubens fort jolie et stylée,
l’interprétation de Thomas Quasthoff plutôt
triomphante, comme extravertie, on est tenté de dire qu’il
y manque l’essentiel : l’esprit divin. La
beauté du chant, si plaisante soit-elle, ne peut se substituer
à l’expression de l’âme.
Car ce qui meut par essence les messes et oratorios de Bach, l’admirable Messie de Haendel, les extraordinaires Création et Saisons de Haydn, les oratorios de Mendelssohn, juif converti au protestantisme, et last but not least, les negro spirituals, c’est bien avant tout l’esprit religieux.
On peut s’étonner d’ailleurs de lire, de la part de
Thomas Quasthoff, les déclarations citées
précédemment, qui nous semblent plutôt superflues,
comme si interpréter cette musique magnifique nécessitait
une quelconque justification. C’est d’autant plus
surprenant de la part d’un artiste qui nous a habitués
à bien plus d’intériorité, comme par exemple
dans ses interprétations de Schubert,.
En conclusion, ce disque aura sans doute la faveur des fans de
l’artiste, des mélomanes qui s’accommodent
d’une musique sacrée exécutée de
manière brillante et décorative, mais ceux qui
préfèrent à l’éclat
l’intensité de l’esprit mystique resteront sur leur
faim.
Juliette BUCH
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