Fanély
REVOIL
Airs d'opéras-comiques
et d'opérettes
Oeuvres d'Yvain,
Auber, Offenbach, Strauss,
Messager, Ganne,
Audran, Lecocq, Pierné, Chabrier, Van Parys.
Orchestres dirigés
par Marcel Cariven,
E.Bervily, G.Andolfi,
Roger Désormière et P.Pagliano
1CD Marianne Melodie
021194 ; 73'21''
Prima Divetta Assoluta de l'opérette, Fanély Revoil
(1906-1999) est bien oubliée de nos jours. Ce magnifique CD nous
la restitue en pleine gloire, pour notre plus grand bonheur.
Lancée tout d'abord par l'opérette viennoise, elle devint
ensuite l'ambassadrice du génie léger français, créant
Ciboulette
(Hahn), Fragonard (Pierné), Le Testament de Tante Caroline
(Roussel) ou Madame Sans-Gêne (Pierre-Petit). Elle fut aussi
l'instauratrice du "récital d'opérette" : durant deux heures,
elle interprétait, seule, les grands airs de son répertoire,
en changeant de costume à chaque extrait.
Femme"infiniment agréable à regarder", soprano pétillant
et actrice pétulante, puis professeur d'opérette aux Conservatoires
de Versailles (1958-1964) et de Paris (1964-1976), ce fut une grande Dame
à laquelle ce CD rend un très juste hommage.
En vingt-quatre extraits ébouriffants, nous faisons le tour du
répertoire d'une chanteuse/actrice merveilleuse, toute de grâce
et de charme, à l'articulation parfaite et non désuète.
Défilent ainsi de ravissants extraits d'oeuvres connues (La Périchole,
Les Saltimbanques, Véronique, Madame Favart) ou beaucoup moins
(Gillette de Narbonne, d'Audran, La petite Fonctionnaire,
de Messager (air si poétique, que nous avait révélé
Susan Graham dans son récent "French
Operetta Arias", paru chez Erato), Le Petit Duc et Le Coeur
et la Main de Lecocq, Fragonard de Pierné). Trois admirables
extraits de L'Etoile de Chabrier concluent ce joli CD, airs de Lazuli,
évidemment, rôle-fétiche de Fanély Revoil :
vous bénéficierez de toute la palette de son art, de la si
fine émotion de la Romance à l'Etoile à la
verve endiablée du Rondeau du colporteur.
Un disque à thésauriser, nous faisant retrouver l'une
des voix françaises les plus adorables, aussi à l'aise dans
le charme viennois, dans la gaudriole d'Offenbach, que dans l'art subtil
de Messager. Un nom à ne jamais oublier. Il y avait là tout
un art de la déclamation lyrique qui a disparu en même temps
que le répertoire qui lui donna son éclat, sa dernière
incarnation, peut-être. Un conseil : commencez par le si joli "Rossignol"
de Messager (plage 17), extrait de Monsieur Beaucaire. Vous y trouverez
tout le charme de Fanély Revoil, tout le charme d'une époque
révolue mais merveilleuse : un grand bonheur de théâtre
et de chant !
Les enregistrements s'étalent de 1934 à 1946. La qualité
sonore, plus qu'acceptable, permet de comprendre la moindre phrase, au
détriment, peut-être, des accompagnements orchestraux, lointains
sauf dans les ritournelles succédant aux couplets. Notons que les
extraits de L'Etoile sont dirigés par le grand Roger Désormière,
et que Marcel Cariven fut un éminent chef d'opérette, ce
qui renforce l'authenticité de cette jolie compilation, véritable
leçon d'Histoire.
Bruno Peeters