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Antonio Vivaldi (1678 - 1740)
AMOR SACRO
In furore iustissimae irae RV 626
Nulla in mondo pax sincera RV 630
In turba mare irato RV 627
Sum in medio tempestatum RV 632
Simone Kermes, soprano
Venice Baroque Orchestra
Andrea Marcon
Durée 67'06''
Enregistré en octobre 2004
1 CD Archiv 028947 75980 5
HUMAIN, TROP HUMAIN
Depuis que Cecilia Bartoli l'a remis au goût du jour, le motet In furore est en passe de devenir chez les sopranos l'une des oeuvres incontournables du Prete Rosso, à l'instar du Stabat Mater pour les contraltos. Après Patrizia Ciofi
et Sandrine Piau, c'est au tour de Simone Kermes, nouvelle venue en
terre vivaldienne, de proposer sa sélection de motets.
Dans une discographie de plus en plus abondante commence alors à
se dessiner une certaine géographie de l'interprétation
de la musique de Vivaldi selon les tendances et partis-pris des
différents chefs et interprètes. Il suffira
d'écouter l'enregistrement du couple Ciofi-Biondi (qui rejoint
celui-ci pour les motets In furore et In turbato mare) pour mesurer les différences d'esthétiques et d'approches qu'autorise cette musique.
Face à l'urgence et à la frénésie, devenue
la marque de fabrique de Fabio Biondi, Andrea Marcon prend son temps en
soulignant avec minutie et rigueur toutes les sonorités,
dissonances et harmonies que le compositeur a distillé dans ces
pages. Aux enchaînements et à la surenchère de
Biondi dans les da capo, Marcon répond par une direction plus posée, comme par exemple dans le da capo de In furore,
où la soprano n'hésite pas à faire une pause
après l'accord de l'orchestre avant de faire son entrée.
De même dans le largo Tunc meus fletus
où l'accompagnement au luth prend des allures de madrigal
monteverdien souligne bien l'ivresse sonore que recherche sans cesse le
chef. Des procédés discrets et jamais
systématiques alliés à un goût très
sûr dans l'ornementation des da capo
invitent ainsi l'auditeur à re-découvrir non
seulement ces oeuvres mais aussi le génie du compositeur. Manque
une fois savourés ces nombreux aspects un sens du contrastes au
sein de chacune des pièces (on est par exemple bien loin de la
fureur de Biondi sur « mortis horrores » dans le larghetto de In turbato mare).
Il en va de même pour le choix de l'interprète : voix
pleine, homogène, lisse, aux aigus faciles (contre ut dès
le da capo de In furore) le timbre de Simone Kermes est aux antipodes
de celui baroque, plein de souffle de Patrizia Ciofi. Impeccable et
impressionnante de bout en bout (diminuendo mené tout au long du da capo de Resplende bella, maîtrise du souffle dans le Semper mastra, virtuosité des Alleluia),
l'interprétation de Kermes manque néanmoins de
spiritualité, plus soucieuse d'orner abondamment ses airs que de
donner une dimension plus profonde à ses nombreux mouvements
lents. Est-ce ainsi qu'il faut comprendre le titre du récital
« Amor sacro », qui souligne bien
l'ambiguïté d'une musique religieuse des plus sensuelles et
charnelles ? Un deuxième disque d'airs d'opéras
intitulé « Amor profano » est
annoncé pour 2008 : peut-être le second volet de ce
diptyque éclairera le présent disque d'un jour nouveau.
D'ici là que les plus apolliniens n'hésitent pas à
se laisser submerger par ces sonorités irrésistiblement
humaines.
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