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14 octobre 1871 : Zemlinsky a 150 ans

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14 octobre 2021
14 octobre 1871 : Zemlinsky a 150 ans

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Lorsqu’il voit le jour à Vienne voici tout juste 150 ans, Alexander von Zemlinsky est déjà comme un symbole. Le symbole de la mosaïque de peuples qui caractérise l’empire austro-hongrois, lequel se remet péniblement du désastre de Sadowa (1866) puis de la perte de la Vénétie quelques mois plus tard. Son père, fils d’un Hongrois venu en Autriche, est un catholique. Sa mère, d’origine bosniaque est issue d’une famille juive séfarade. Pourtant, au rebours d’une époque où l’antisémitisme – particulièrement en Autriche – est très virulent, c’est la religion juive qui s’impose dans toute la famille et c’est avec elle que le petit Alexander grandira. Son père a ses excentricités : bien que personne ne soit d’origine aristocratique, il fait ajouter « von » devant son nom, qu’il germanise en Zemlinsky (il s’appelait jusqu’alors Semlinski).

Alexander fait ses premières armes musicales à la synagogue, tout en apprenant le piano. Il entre à 13 ans au Conservatoire de Vienne, où il aura pour professeur Anton Door pour le piano et les frères Fuchs au contrepoint et à la composition. Il sera également l’élève fasciné d’Anton Bruckner. Zemlinsky montre alors des dons tout à fait remarquables et remarqués. Et pas par n’importe qui : à 22 ans, il écrit un quintette que le vieux Brahms, pourtant des plus tatillons comme le pauvre Bruckner a pu maintes fois en faire l’amère expérience, salue lors de sa création par le prestigieux Quatuor Hellmesberger et le jeune compositeur au piano. Brahms accueille tout aussi favorablement la première symphonie que compose le jeune Alexander. Il recommande donc ce dernier aux bons soins de l’éditeur Simrock.

Zemlinsky ne tarde pas à diriger son premier orchestre, un ensemble d’amateurs qu’il crée en 1895 et appelé Polyhymnia, dans lequel joue un jeune violoncelliste de 3 ans son cadet, Arnold Schoenberg, auquel va le lier une solide amitié avant qu’il devienne son beau-frère. Zemlinsky, résolument tourné vers le XXe siècle qui s’ouvre alors à cette génération de musiciens, sera le premier à interpréter en public une œuvre de Schoenberg, avant de composer son premier opéra, Sarema, qui obtient en 1897 le prix Leopold de Munich. Ce succès le conduira à voir son deuxième opus lyrique, Es war einmal (Il était une fois), créé à l’opéra de Vienne par un certain Gustav Mahler, directeur à la poigne de fer de la grande institution viennoise. Peu après, Zemlinsky rencontre la fille du peintre Schindler, Alma, l’une de ses élèves. Un amour très profond les lie tout d’abord, qu’il juge presque miraculeux tant il sait son physique ingrat et alors qu’Alma passe déjà pour l’une des plus belles femmes de Vienne. L’entourage d’Alma la presse d’abandonner ce musicien qu’on lui décrit comme raté malgré ses succès, fauché comme les blés, sans avenir et laid qui plus est. Alma hésite, tourne, vire, reproche mille choses à Zemlinsky, puis se rapproche à nouveau, veut un enfant de lui. 

Le 7 novembre 1901, lors d’un dîner chez les Zuckerkandl (Mme Zuckerkandl est critique d’art), ces derniers ont invité Gustav Mahler. Alma attaque le chef d’orchestre en lui reprochant de n’avoir pas répondu à Zemlinsky à propos d’un ballet qu’il lui a fait parvenir. Ce à quoi Mahler, avec son indélicatesse habituelle, répond que la partition ne vaut rien. Les deux se disputent un peu, mais conviennent surtout de se revoir. Alma ne sait plus quoi penser. Alors c’est Zemlinsky, désespéré de ce qu’il sent venir, a fortiori de la part d’un homme qu’il admire profondément, qui va révéler Alma à elle-même : « Toujours, je t’entends lire et écrire : « tu es laid, trop petit ». Tu ne te lasses jamais de me dire quel grand sacrifice il va te falloir faire ! Mais je n’en veux à aucun prix ! Ce qui, en toi, n’est pas féminin, est en train de se révéler. Par dessus tout, tu veux briller et, pour cela, tu as besoin d’argent, et d’un homme qui soit « ton égal » par la naissance et par la beauté. Or, pour cela, on a besoin de peu d’amour. Moi, je n’ai que cela pour toi et, pour cette raison, je ne te conviens pas. » Ils rompront bientôt mais Zemlinsky ne cessera pas pour autant d’être influencé par Mahler – mais aussi par Srauss. Il se mariera et sera malheureux. Il a encore presque toute son œuvre à écrire, qui ne lui vaudra presque aucun succès de son vivant – il sera surtout renommé comme pédagogue et comme chef d’orchestre – et la voici heureusement largement réhabilitée depuis ces deux dernières décennies, en particulier ses grands chefs-d’œuvre lyriques : Der Zwerg, Der Traumgörge ou encore Eine Florentische tragödie.

C’est cependant le tout premier opus qui vous est proposé : le rarissime Sarema, qui donne déjà un aperçu des sortilèges orchestraux dont il passera vite maître.

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