Il n’est pas certain que Luigi Nono aurait aimé avoir 100 ans. Il aurait peut-être trouvé cela terriblement conventionnel ou même tragiquement bourgeois.
Né à Venise, il ne commence pas à étudier la musique très tôt. C’est une rencontre avec Malipiero au début des années 1940 qui va décider de son destin. Mais le cadre du Conservatoire Benedetto-Marcello de Venise ne lui convient guère et il faut attendre une deuxième rencontre, décisive, avec Bruno Maderna quelques années plus tard pour consolider l’orientation artistique de Nono, tandis qu’il termine des études de droit.
Elève de Scherchen à Zurich, il découvre Schoenberg et Webern, qui deviennent sa principale source d’inspiration pour les premières oeuvres qu’il écrit et qui ne sont pas très bien accueillies. On parle de « pointillisme postdodécaphonique », ce qui veut surtout dire qu’il est une sorte de repoussoir pour une grande partie de la critique. On pourrait plutôt parler de « sérialisme lyrique », dans cette synthèse entre radicalité dans son écriture – qu’il doublera d’un engagement tout aussi résolu pour le Parti communiste – et souci de ne pas faire de son art un art fermé au plus grand nombre. Engagé, il dénonce les travers consuméristes de son temps, les guerres, le racisme et l’antisémitisme, le conformisme … préférant les usines aux salles de concert.
Il épousera quelques années après la mort de Schoenberg la fille de ce dernier, Nuria. Il s’essaie peu après à la musique électronique, travail qu’il poursuivra jusqu’à sa mort. C’est d’ailleurs pour solistes, choeur, choeur sur bande magnétique et orchestre qu’il écrit son opéra Intolleranza en 1960, et dont voici un court extrait.