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5 juin 1843 : un (dernier) triomphe viennois pour Donizetti

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5 juin 2023
Maria di Rohan a 180 ans.

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C’est pour la Fenice de Venise tout juste reconstruite d’un nouvel incendie, que Donizetti avait envisagé d’adapter en 1837 une pièce française de cinq ans antérieure, Un duel sous le cardinal de Richelieu, de Lockroy et Badon. Il l’avait en tout cas suffisamment en tête pour en faire tirer un livret par Salvatore Cammarano, avec qui il avait déjà souvent et beaucoup travaillé. Mais, accablé par la mort de sa femme, Donizetti avait finalement choisi une oeuvre beaucoup plus sombre tirée du Moine de Davis, Maria de Rudenz.

Comme tout se recycle, Cammarano n’avait pas tardé pour proposer son livret à un autre compositeur, Giuseppe Lillo, pugliese totalement oublié aujourd’hui, et dont ce Comte de Chalais sera un four au San Carlo de Naples le 2 octobre 1839.

Donizetti, lui, est passé à autre chose. Entre 1840 et 1842, il compose Poliuto, interdit par la censure napolitaine mais transformé plus tard en Martyrs pour Paris. Suit un Duc d’Albe inachevé et la Fille du Régiment puis La Favorite, toujours à Paris. De retour en Italie, il subit un échec avec Adelia à Rome mais triomphe à Milan avec Maria Padilla. Le patron de la Scala, Merelli, lui commande donc un autre opéra pour un autre qu’il dirige à Vienne, le Kärntnertor. Ce sera la première occasion pour Donizetti de créer une oeuvre à Vienne et ce sera Linda di Chamounix, le 19 mai 1842. Le succès est tellement retentissant que l’impresario commande bien vite un autre ouvrage au compositeur, pour ce même théâtre. Donizetti est d’ailleurs dans la foulée nommé compositeur et kapellmeister de la Cour impériale, privilège qui lui ouvre les portes de la gloire et un certain confort matériel.

Retourné à Paris pour y composer et y présenter Don Pasquale, Donizetti choisit d’abord pour son retour à Vienne d’adapter La Reine de Chypre que Jules-Henry Vernoy de Saint-Georges vient d’écrire pour Fromenthal Halévy à Paris. Mais le librettiste vend son texte à Franz Lachner, qui en tire une Catarina Cornaro, Königin von Cypern, pour Munich, mais dont on annonce une production à Vienne. En l’apprenant, Donizetti se refuse à présenter un ouvrage sur le même sujet en même temps. Arrivé à Vienne au tout début de l’année 1843, quelques jours à peine après la création de Don Pasquale,  Donizetti se souvient alors qu’il a un livret dans ses cartons et ressort le projet de Cammarano adapté pour Lillo à partir du Duel sous le cardinal de Richelieu. Pour ne pas reprendre le même titre que son confrère, il choisit donc de le baptiser du nom de l’héroïne de la pièce, Maria di Rohan et réalise la partition en quelques semaines, achevant l’orchestration en avril. Pourtant, sa santé se détériore nettement. De violents maux de tête l’accablent de plus en plus. La redoutable syphilis qui l’emportera 5 ans plus tard, commence son travail de destruction.

Mais ce 5 juin 1843, c’est un nouveau triomphe qui attend Donizetti à la création de Maria di Rohan. Porté par une distribution stellaire, dirigé par le compositeur lui-même, l’opéra est acclamé par la famille impériale présente ce jour-là et fait le tour des scènes européennes très rapidement. Donizetti s’en amuse avec bonheur en écrivant à son beau-frère : « Je dois t’annoncer avec une grande douleur qu’hier soir, 5 juin, j’ai donné Maria di Rohan avec Tadolini, Ronconi et Guasco. Tout leur talent n’a pas suffi à me sauver d’une mer… d’applaudissements. (…) Ecris-le à Naples, écris-le à ta femme, à ta fille, à toute ta famille et à tes amis ! La famille impériale au complet est revenue de la campagne tout exprès, et est restée jusqu’après la fin de l’opéra ! ».

L’oeuvre, qui a malheureusement déserté les scènes lyriques depuis ce triomphe et bien qu’on l’ait entendu en Europe jusqu’au début du XXè siècle, ne sera suivie que de deux autres, jusqu’à la Caterina Cornaro envisagée initialement et qui sera créée à Naples en janvier 1844. Donizetti ne pourra pas achever la partition lui-même, la confiant à Mercadante, ce qui ne la sauvera pas d’un grave échec.

Maria di Rohan exige un trio vocal de très grand talent pour affronter ses airs redoutables, et à tout le moins un rôle-titre à la hauteur. Comme par exemple Annick Massis en 2001 au Grand-Théâtre de Genève, dans l’une des rares productions de ces dernières décennies, dont voici le finale.

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