En 1849, Franz Paul Lachner a déjà une carrière solide derrière lui. Issu d’une famille de musiciens palatins, il s’était fixé à Vienne à 20 ans, en 1823, et y avait rencontré Beethoven lui-même. Ami de Schubert, qui aura une influence durable sur son propre style, il était devenu l’organiste de l’église luthérienne de la très catholique capitale autrichienne. Chef d’orchestre au Theater am Kärntnertor pendant plusieurs années, il s’installe à Munich en 1836 et y poursuivra toute sa carrière, comme directeur musical très respecté de la ville, jusqu’à ce que Wagner et son bras armé Hans von Bülow, ne le poussent vers la sortie.
Pendant tout ce temps, Lachner compose beaucoup, et notamment des symphonies remarquées. Il créera trois de ses quatre opéras à Munich, dont une Catharina Cornaro qui emprunte et traduit le livret utilisé en 1841 par Halévy pour sa Reine de Chypre et que Lachner met lui même en musique peu ou prou en même temps. C’est son oeuvre lyrique qui rencontrera le plus grand succès en tout cas en Allemagne, puisque Donizetti, toujours à l’affut d’un bon coup, piquera à son tour l’argument pour écrire sa propre Caterina Cornaro quelques mois plus tard, et s’imposera ailleurs.
Néanmoins fort de ce succès personnel dans sa ville, Lachner se tourne quelques années plus tard vers un autre sujet qui l’intéresse vivement, Benvenuto Cellini. Cette fois, il emprunte le livret de Wailly et Barbier pour la partition de Berlioz, qui avait fait un four en 1838. Quelques menus changements (Teresa devient Bianca, et un cardinal Galviati remplace le pape, notamment) et Lachner compose une musique aux belles mélodiques, souvent inspirées de Beethoven ou Schubert, que le compositeur trouvera toujours indépassables.
Cet autre Benvenuto Cellini, totalement méconnu aujourd’hui, est créé à Munich voici 175 ans ce 7 octobre et sera le quatrième et dernier opéra de ce musicien délicat et intéressant. En voici un très rare extrait, qui donne une bonne idée de son sens mélodique.