Aucun lyricomane digne de ce nom ne l’ignore : Elisabeth Söderström nous a quittés il y a quelques jours. Âgée de 82 ans, elle laisse derrière elle le souvenir d’une fascinante carrière : foulant à 22 ans les planches vermoulues du Théâtre de Drottningholm, la jeune soprano suédoise a tôt fait de conquérir tous ceux qui l’écoutent. Et pourtant, toujours, la sagesse guidera ses pas. A Stockholm puis à New-York, et enfin de nouveau à Stockholm, Söderström a toujours semblé vouloir tisser des liens privilégiés avec un petit nombre de maisons, comme pour y graver de de manière parfaitement indélébile sa Maréchale, sa Comtesse. Cela ne l’empêcha pas de s’aventurer de par le vaste monde, notamment à Glyndebourne où, avec dans la fosse son équivalent en chef d’orchestre, le très sérieux Bernard Haitink, elle donne de la Leonore beethovenienne le portrait le plus saisissant qui soit. Troublant paradoxe, qui révèle les plus grandes.
Clément Taillia
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