Né à Crema, en Lombardie en 1602, Francesco Cavalli (de son vrai nom Pier Francesco Caletti) a fait ses premières armes musicales à Venise auprès de Monteverdi. C’est là qu’il connaîtra ses premiers grands succès, notamment avec l’Egisto en 1643. Les œuvres abonderont dans la Sérénissime, même si la dernière connue, Coriolan, sera pour Piacenza (1669).
En 1657, depuis Florence, le prince-cardinal Giovanni Carlo Médicis, fils du grand-duc de Toscane Cosme II et frère de Ferdinand II, commande à Cavalli, dont la renommée dépasse les frontières vénitiennes, une « fête théâtrale » sur un livret de Giovanni Andrea Moniglia, médecin et universitaire toscan, qui tricotait des livrets à ses heures. Avec cette Hipermestra, le cardinal entend ainsi célébrer la naissance, le 20 novembre de cette année là, de l’héritier du trône d’Espagne, l’infant Philippe Prosper, qui devait mourir 4 ans plus tard. En réalité, l’événement n’a été que l’ultime prétexte à la conclusion d’une partition commencée plusieurs années auparavant et que Cavalli avait achevée dès 1654.
L’œuvre, qui ne compte pas parmi les meilleures de son auteur, est créé au Teatro degli Immobili à Florence voici juste 360 ans. Le spectacle, dans des décors fastueux, met aussi en scène près de 100 cavaliers pour figurer le siège d’Argos. L’argument principal en est le suivant : Ipermestra est la fille aînée de Danao, roi d’Argos. Lorsqu’elle et ses soeurs doivent être mariées à leurs cinquante cousins, les fils d’Egitto, Hipermestra est la seule à désobéir à son père qui leur a ordonné de tuer leur mari. Elle aide Linceo, dont elle est tombée amoureuse au milieu des 50, à fuir et, pour cet acte, son père veut la punir. Mais Egitto admet plus tard leur mariage, et Linceo finit par venger ses frères assassinés en tuant Danao et ses quarante-neuf belles-soeurs. Il s’empare du trône d’Argos et sera remplacé par son fils, Abas, né d’Hipermestra. Il serait un peu long d’en décrire toutes les arcanes par ailleurs, sachez que l’oeuvre finit bien.
Elle finit tout court, d’ailleurs, car à part une reprise à Gênes une dizaine d’années plus tard, puis à Pise en 1680, on en perd totalement la trace. Jusqu’à cette production du festival d’Utrecht, en août 2006, dont voici un très court extrait, sous la direction de Mike Fentross. L’Ipermestra sera également montée par Graham Vick pour Glyndebourne une dizaine d’années plus tard, avec William Christie. Une production qui avait suscité quelque scepticisme dans ces colonnes.