Mal accueilli à Paris pour son Vaisseau fantôme, Wagner revient en Allemagne en 1842 avec une nouvelle idée, après la lecture d’un livre sur la légende du Venusberg, dont Heine avait tiré un Der Tannhäuser. Wagner s’en inspire beaucoup même s’il conçoit comme d’habitude son propre poème pour le livret. La composition débute à l’été 1843, avec d’abord pour titre « Le Venusberg », avant de prendre son appellation définitive rapidement, comme Wagner l’écrit très tôt à Schumann. Au printemps 1845, la partition est achevée. Pour éviter une nouvelle déconvenue pour la création à l’opéra de Dresde, il y a tout juste 171 ans, Wagner s’entoure de chanteurs phares. Mais le public est décontenancé par cette oeuvre et l’échec est irrémédiable. Le compositeur en est très affligé et pensera longtemps qu’il lui faut modifier sa partition. Il le fera durant toute sa vie, sa femme Cosima écrivant même quelques semaines avant la mort de Wagner : « Il dit qu’il n’a pas encore donné au monde le Tannhäuser qu’il lui doit ».
Une grande occasion se présente à lui en 1861, à l’opéra de Paris, pour lequel il compose un ballet qui suit immédiatement l’ouverture (la bacchanale). Mais une cabale ruine ses efforts malgré pas moins de 164 répétitions, et le scandale est retentissant, malgré un article resté célèbre de Baudelaire pour le défendre. L’œuvre, pas si simple à monter, n’est pas la plus représentée de Wagner, mais elle contient des joyaux, dont la fameuse romance de l’étoile, ici interprétée par Dietrich Fischer-Dieskau lors des représentations légendaires de 1954 à Bayreuth.