Stanislaw Moniuszko est l’un des grands compositeurs polonais, considéré aujourd’hui comme le père de l’opéra national de cette nation-phénix, en plein XIXe siècle et alors que la Pologne était encore loin de retrouver son indépendance. C’est après avoir rencontré le poète Wolski, qui venait d’écrire un poème, Halszka, tiré d’un conte populaire intitulé « La Montagnarde », que Moniuszko se laissa tenter par sa transcription éventuelle. En effet, le poème de Wolski avait été censuré et c’est ce dernier qui proposa à Moniuszko d’en faire un livret d’opéra, aux côtés du critique Sikorski et du musicologue Kolberg. La première version de l’œuvre, rebaptisée Halka, fut réalisée en 2 actes et proposée à l’opéra de Varsovie qui l’accepta, avant de se rétracter.
Ce 1er janvier 1848, quelques mois seulement avant l’insurrection anti-prussienne de la Grande-Pologne, violemment réprimée, l’œuvre est créée en version de concert à Wilno et ne sera portée sur scène que plusieurs années plus tard, sans aucun succès, accusée de violer à la fois la morale et le patriotisme. Près de dix ans plus tard, Moniuszko reprend son ouvrage, le complète et passe de deux à quatre actes. Voici comment une œuvre dénoncée en 1848 comme anti-patriotique devint quelques années plus tard le symbole de l’opéra national polonais, atteignant mille représentations en 1935, même si elle n’a guère passé les frontières polonaises.
En voici l’ouverture, jouée par des interprètes inattendus : l’orchestre symphonique Simon Bolivar du Venezuela et son jeune chef Joshua Dos Santos. C’est d’ailleurs pur hasard si, dans un tout autre répertoire, le chef emblématique du même orchestre, Gustavo Dudamel, dirige ce 1er janvier le concert du Nouvel An pour la première fois… Très belle année (lyrique ou pas) à tous !