Pour débuter cette nouvelle année, voici une rareté présentée voici 240 ans par Domenico Cimarosa au Teatro Valle de Rome. Il s’agit du Pittore parigino (« le peintre parisien »), petit intermezzo musical à 5 voix, qui est l’un des 3 ouvrages à ouvrir la saison du Carnaval 1781 dans la Ville Eternelle, aux côtés de ceux de Curci et Giordani, confrères aujourd’hui bien oubliés de Cimarosa. Ce dernier, qui a alors 31 ans, s’est déjà fait un nom à Rome depuis plusieurs années. Si bien que pour ce nouvel opus, seul son nom figure d’abord à l’affiche. Personne n’a pris soin d’y indiquer celui du librettiste, qui ne nous est connu que grâce à une reprise napolitaine de l’ouvrage, 3 ans plus tard, et pour laquelle le programme signale que le texte est dû à Giuseppe Petrosellini, librettiste de la cour pontificale et déjà auteur de la Finta giardiniera, mise en musique par Mozart quelques années auparavant.
Le sujet de ce Peintre parisien est un marivaudage à l’argument des plus simples : le fameux peintre, c’est un certain M. de Crotignac (sic), jeune nobliau fort bien de sa personne qui n’a que ses œuvres pour richesse, et qui est amoureux d’une jeune héritière, Eurilla. Mais celle-ci est déjà fiancée avec le baron Cricca, un barbon évidemment jaloux comme un barbon, qui a la bonne idée de commander un portrait d’Eurilla au peintre. Mais c’est qu’elle aime le peintre, la jeune fiancée. Las ! Le père de la belle a fait un testament, qui fait d’elle son héritière à la condition expresse qu’elle épouse le baron barbon. Et si jamais elle en choisit un autre, l’héritage ira tout droit à sa cousine Cintia. Que faire ? Comment choisir entre l’amour et le devoir comme dirait quelqu’une ? Car il se trouve que la fameuse Cintia aime, elle, le barbon (Ils ont bien le droit d’être aimés aussi, les barbons !). Déguisée en chanteur d’opéra – c’est original – elle fait tout pour rendre le barbon odieux à sa cousine, qui n’a pas besoin qu’on la force trop, au cas où elle serait tenter de préférer le devoir à l’amour. Et pour simplifier le tout, voilà que Crotignac se met à prêter quelqu’attention à la cousine Cintia, à la grande fureur d’Eurilla. Après bien des quiproquos, celle-ci finit quand même par choisir l’amour au devoir et laisser l’héritage et le barbon à sa cousine.
Voici un air de basse tout à fait caractéristique et par lequel on entend arriver Rossini, pourtant né 12 ans après, « Lei comandi, Signorina », chanté ici par Jozsef Gregor. Un air, certes du barbon qui tordrait bien le cou du jeune peintre, mais suffisamment réjouissant pour une ouverture giocosa de cette nouvelle année, que je vous souhaite pleine de beautés, pas seulement musicales.