A l’été 1723, pour sa Royal Academy of music à Londres, Haendel commence à composer un nouvel opéra, Giulio Cesare in Egitto, dont le livret de Nicola Haym puise allègrement dans celui de Giacomo Bussani pour le compositeur Sartorio, qui en avait lui-même fait un opéra 50 ans plus tôt.
La partition autographe du désormais londonien Haendel –qui vient d’acquérir une maison où il restera jusqu’à sa mort à Brook Street- montre que ce travail lui a donné mille difficultés. Il l’achève pourtant en quelques mois et le présente il y a tout juste 300 ans (dans le calendrier grégorien) au King’s Theater, à Haymarket. Le succès est au rendez-vous, aidé par la présence de grandes stars du moment : le haut-castrat Senesino dans le rôle titre et la soprano Francesca Cuzzoni dans celui de Cléopâtre. Haendel s’était semble-t-il réconcilié avec cette dernière les vives altercations qu’il avait eues avec elle l’année précédente, à l’occasion des répétitions d’Ottone et pour lesquelles d’aucuns racontent qu’il avait bien failli la passer par la fenêtre !
Après 13 représentations triomphales, la troupe part en tournée, avant qu’Haendel ne reprenne la partition dès l’année suivante, puis en 1730. Giulio Cesare sera donné maintes fois dans les années qui suivent avant de disparaître complètement jusqu’en 1922, lorsqu’il est ressuscité dans une version « modernisée », loin des interprétations « historiquement informées » que l’on connaît aujourd’hui et même si les plus grands l’ont interprété tout au long du XXème siècle. Il faut attendre l’enregistrement de René Jacobs en 1991 pour entendre une version a priori tout à fait fidèle à l’original.
Parmi les morceaux de bravoure de ce chef d’œuvre de l’opéra baroque, le « Piangerò la sorte mia » chanté par Cléopâtre est sans doute l’un des plus fameux, ici par Magdalena Kozena, dans une version qui fit date il y a une vingtaine d’années, sous la direction de Marc Minkowski.