En 1914, l’Opéra de Paris avait commandé à Colette un livret –sans doute d’abord pour un ballet- dont la musique serait confiée à Maurice Ravel. Le tout traina plusieurs années avant que Colette ne soit inspirée par les bêtises de son propre enfant et que Ravel finisse 10 ans après par trouver quelques idées novatrices pour ce qui deviendrait donc le célèbre Enfant et les sortilèges.
Entretemps, le directeur de l’Opéra de Paris s’était découragé et l’œuvre fut donc mise à l’affiche de l’Opéra de Monte-Carlo. Ravel acheva sa partition quelques jours seulement avant la première, dirigée par Victor de Sabata tout de même. Malgré les audaces harmoniques de Ravel, le triomphe fut assez retentissant pour que Paris s’en empare sur le champ et avant que l’œuvre ne fasse le tour du monde, émerveillant petits et grands avec un succès jamais démenti. Cette féérie poétique et donne libre cours à l’imagination et les metteurs en scène s’en donnent à cœur joie, comme ici à l’Opéra de Lyon il y a quelques années, pour mettre en scène pêle-mêle, outre l’enfant et sa Maman, des bergers, un fauteuil grognon, une tasse et une théière qui se tournent autour dans un fox-trot endiablé, un chat qui conte fleurette à une chatte, le feu qui sort de la cheminée, une poupée princesse devenue vivante, une horloge qui perd ses aiguilles, un vieux maître d’arithmétique devenu fou, une multitude d’animaux de la forêt et des arbres. Tous ou presque venus reprocher à l’enfant son égoisme, sa cruauté et sa méchanceté, jusqu’au maman ! libérateur.