Lorsqu’il compose sa Messe de Noël tchèque, en 1796, Jakub Jan Ryba (1765-1815) ne vise pas plus loin que la paroisse de Rožmitál pod Třemšínem, bourgade d’un millier d’âmes dont il est l’instituteur – un maître trop éclairé et réformateur au goût de certains, dont le curé local. Du haut de la tribune d’orgue, où il accompagne les chanteurs, il ne se doute évidemment pas que, deux siècles et quelques années plus tard, l’œuvre résonnerait toujours partout en Bohême et en Moravie durant la période de l’Avent, et encore dans toutes les chaumières le soir du réveillon.
Une messe ? Voire. La structure demeure, mais pas les paroles latines des Kyrie, Gloria, Credo, etc. C’est dans la langue vernaculaire que le texte raconte comment des bergers réveillés par une musique céleste décident, avec les villageois, de rallier Bethléem histoire de fêter le divin bambin comme il se doit. Entre classicisme et pentatonisme d’inspiration populaire, Ryba se souvient notamment de Mozart, dont le Mann und Weib de La Flûte enchantée se trouve presque textuellement cité dans le deuxième volet (« Betlém stojí jínak vhoni »). Outre cette page au pastoralisme aussi naïf que réjouissant, aucune autre des quelques… 2000 partitions du maître ne passera vraiment à la postérité.
Au disque, le généreux enregistrement de Václav Smetáček avec Beno Blachut reste le plus en vogue (Supraphon, 1966). Posés dessus, les personnages et les décors du fameux illustrateur Josef Lada (1887-1957) animés en 2007 pour la télévision font aujourd’hui le bonheur des petits. Considérablement allégée et infiniment plus claire, la gravure historiquement informée de Robert Hugo avec la jeune Magdalena Kožena sort également du lot (Archiv, 1998). Joyeux Noël !