Bianca e Falliero est le 4e et dernier opéra concocté par Rossini pour la Scala de Milan. C’est à nouveau Felice Romani – qui avait déjà conçu le livret du Turco in Italia– – qui écrit l’argument de ce melodramma pas giocoso du tout sur la base d’une pièce française de la fin du siècle précédent, signée par Antoine-Vincent Arnault, Blanche et Montcassin. Argument des plus classiques et qui se retrouve dans nombre d’œuvres lyriques de la période romantique. Mais comme nous n’y sommes pas encore tout à fait, Romani prend soin de ne pas terminer sur une rivière de sang ledit mélodrame. Tout finit bien, avec un beau mariage et un rondo célébrissime que Rossini, comme d’habitude pressé par le temps, a repris de sa toute récente Donna del Lago, donnée au mois de septembre précédent à Naples – suffisamment loin pour que le public milanais ne s’en rende pas compte… Mais quand on écoute bien, ce n’est pas le seul morceau recyclé par son auteur, notamment dans l’ouverture. Très conventionnelle dans sa structure, la partition n’en est pas moins originale par son orchestration. Rossini passe à la vitesse supérieure, avec une instrumentation plus riche, très percussive, particulièrement impressionnante dans les ensembles. Cette évolution a la réputation de ne pas avoir vraiment conquis le public milanais voici tout juste 2 siècles aujourd’hui – le 26 décembre étant la date traditionnelle de l’ouverture de la saison lyrique. Pourtant, Bianca e Falliero restera à l’affiche pour 39 représentations, ce qui n’est pas si mauvais, avant de disparaître durablement et de renaître avec l’ensemble des œuvres de Rossini, et notamment au Festival de Pesaro en 1986.
D’un bicentenaire à l’autre, voici l’impressionnant finale du deuxième acte – dit scène du jugement – ici à l’occasion d’un concert donné en 1992 pour les 200 ans de Rossini, à New York par le Saint Luke’s Orchestra dirigé par Roger Norrington avec une pléiade de stars spécialistes de Rossini et notamment pour ce quatuor Marilyn Horne, Chris Merritt, Maria Fortuna et Henry Runey. Il en existe une trace filmée, mais plus dégradée que ce qui a été gravé au disque ce jour-là.