5 ans après le four retentissant (mais aujourd’hui bien oublié) de son second opéra, Tilda, Francesco Cilea, devenu professeur de musique pour vivre, tente un retour à la scène alors qu’il vient d’avoir 30 ans. Comme Georges Bizet 25 ans plus tôt qui en avait fait une musique de scène pour l’adaptation de la nouvelle au théâtre, il s’inspire de L’Arlésienne, petit récit tiré des Lettres de mon moulin d’Alphonse Daudet, ouvrage que tout élève en Provence à l’instar de votre serviteur a dû lire durant sa scolarité. Leopoldo Marenco en fait un livret en 4 actes avec tout le pathos requis par l’époque de la création. Celle-ci a lieu au Teatro lirico de Milan il y a tout juste 120 ans ce 27 novembre. Et dans le rôle de Federico, un jeune ténor de 24 ans va faire sensation. Il est Napolitain, a débuté sur les planches deux ans plus tôt et s’appelle Enrico Caruso. Le succès est au rendez-vous, mais Cilea ressentira le besoin de modifier son œuvre plusieurs fois, la réduisant à 3 actes à peine un an plus tard et même 40 ans après, lorsqu’il ajoutera un prélude.
Le triomphe de Caruso a fait de L’arlesiana un opéra pour ténor, qui se réduit au Lamento de Federico, à l’acte 2 de l’ouvrage. Ce n’est pas très juste pour le reste, mais c’est justice pour l’air, pilier du répertoire. Voici une occasion de l’entendre à nouveau tout en rendant hommage à un autre monstre sacré de l’art lyrique, dont on commémore cette année les 10 ans de la disparition, Luciano Pavarotti. On ne se lasse pas, en particulier, de son apparente et insolente facilité ni de la parfaite intelligibilité du texte italien.