Heinrich Marschner (1795-1861), compositeur saxon, connut son heure de gloire dans la première moitié du XIXe siècle et on n’en sait guère autre chose. C’est pourtant rien moins que l’un des chaînons entre Weber et Wagner, l’un des fondateurs du grand opéra romantique allemand. Le 29 mars 1828, son « opéra d’horreur » der Vampyr est créé à l’opéra royal de Berlin, deux ans après la mort de Carl Maria von Weber, son mentor. Ce Vampyr est d’ailleurs par bien des aspects l’héritier du Freischütz de ce dernier, autre opéra fantastique. La partition, habile, inventive et contrastée, qui fait du chœur un personnage incontournable, rencontre un très vif succès en Allemagne puis en Europe, avant de disparaître. Wagner lui-même le dirigea à Würzbourg quelques années après sa création, et ce n’est sans doute pas un hasard, puisque l’œuvre annonce aussi le Vaisseau fantôme et inspira le jeune compositeur, tout comme le grand chef d’œuvre de Marschner, Hans Heilig. Mais si l’histoire n’a pas oublié Weber parmi les pères spirituels de Wagner, elle a relégué Marschner aux oubliettes de l’art lyrique, ce qui est fort injuste, comme en témoigne ce bel air d’Edgar Aubry, le héros de l’œuvre, évidemment ténor, ici incarné par Jonas Kaufmann qui a enregistré l’intégrale de l’opéra il y a une quinzaine d’années.
Tirée de Byron, l’oeuvre raconte l’histoire d’un lord anglais devenu un vampire auquel le diable, avant de s’emparer de lui, demande de sacrifier 3 jeunes filles. Il tue la jeune Janthe, mais est blessé et guérit de façon magique grâce à Aubry auquel il avoue qui il est. Il séduit puis tue à son tour Emmy, fascinée par les vampires, mais au moment où il va faire sa 3° victime, Malvina, Aubry intervient et l’en empêche. Le son d’une cloche arrête le meurtrier, qui disparaît, foudroyé.