Pour le mariage d’un des fils du prince Esterhazy, protecteur et mécène de Joseph Haydn, ce dernier se voit passer commande d’un opéra, le septième de sa carrière. Il s’inspire d’une œuvre de Goldoni, Il Mondo della Luna, réalisée sous forme de livret pour un autre compositeur, Baldassare Galuppi, plus d’un quart de siècle auparavant. Ce même livret avait d’ailleurs déjà servi plusieurs fois, notamment pour Paisiello.
A nouveau adapté pour Haydn, il dévie nettement de l’original goldonien dès la fin de l’acte II et pour tout l’acte III, où il s’appuie sur un autre auteur, Gennaro Astaritta, et même sur un autre texte pour le final. On ignore cependant qui est le librettiste qui a procédé à tous ces découpages. Haydn change plusieurs fois de pied lui-même, notamment dans la distribution des rôles, optant finalement pour un castrat, le seul qu’il utilisera dans toute sa production lyrique, pour le rôle d’Ernesto après l’avoir destiné à celui d’Ecclitico. Il semble par ailleurs qu’Haydn ait hésité entre plusieurs versions de sa partition, donnant lieu à de nombreux mixages dans les rares reprises dont l’œuvre a fait l’objet jusqu’à aujourd’hui, où elle semble connaître çà et là un léger regain d’intérêt. Haydn en a par ailleurs repris des fragments pour sa 63e symphonie, « La Roxolane », quelques années plus tard .
Il faut dire que l’opéra souffre de quelques longueurs, qu’on oublie grâce à quelques éclairs de génie, dont ce fameux air de Flaminia, « Ragion nell’alma sede », ici interprété par Patricia Petibon sous la baguette de Daniel Harding, interprétation réalisée pour les sessions d’enregistrement du disque « Amoureuses » , paru en 2008, et qui avait été fort bien accueilli dans nos colonnes.