Chacun s’accorde à considérer que le premier opéra de l’Histoire a été créé en1607 et qu’il s’agit de l’Orfeo de Monteverdi. Mais comme toujours, les choses n’arrivent pas toute cuites en tombant du ciel. Il y avait eu auparavant des signes avant-coureurs.
Le 6 octobre 1600, Jacopo Peri, l’un des musiciens les plus fameux de Florence, présente au palais Pitti une tragédie en 5 scènes, Euridice, sur un livret d’Ottavio Rinuccini dont il n’est pas besoin de vous raconter l’argument si vous connaissez… Orfeo. Le prétexte, comme souvent à cette époque, est un mariage. Et pas n’importe lequel : celui de Marie de Médicis avec le roi de France Henri IV. C’est le riche marchand Jacopo Corsi qui finance le spectacle et n’hésite pas à titiller le clavecin pour l’occasion. L’événement s’inscrit dans une série de spectacles somptueux et variés. Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, c’est Jacopo Peri en personne qui tient le rôle d’Orfeo et il s’entoure d’une troupe de haute volée que Corsi n’a pas de mal à attirer à Florence pour l’occasion.
Il semble pourtant que les spectateurs n’aient pas trouvé ce nouveau type de divertissement des plus agréables et l’Euridice de Peri disparait donc pendant 360 ans, jusqu’à ce que le festival du Mai musical florentin ne le ressuscite dans les jardins de Boboli, avec une mise en scène sans doute délicate et légère de Franco Zeffirelli.
Monteverdi consacre la musique au théâtre, Peri valorise le texte par la musique. Les deux styles sont donc très différents. Mais ce qui naît ces années là va révolutionner les arts vivants pour longtemps et, malgré toutes les craintes qui en assombrissent l’avenir, osons dire « pour toujours ».
Voici le chœur conclusif de la 1ère scène, « Al canto, al ballo », approprié pour fêter ce gros anniversaire !