Les éternels sceptiques hausseront les épaules et concluront à un effet de mode, toujours est-il que les bonnes raisons de se réjouir ne manquent pas pour les cavalliens – osons ce néologisme car, nous en sommes convaincu, il est promis à un bel avenir. Pan Classics, tour d’abord, a eu l’excellente idée de ressortir à prix doux l’Ormindo montée en 2006 par Jérôme Corréas à la tête de ses Paladins, probablement l’une de ses réalisations les plus abouties avec un plateau superlatif dominé par Dominique Visse, Howard Crook et Magali Léger. Par ailleurs, alors qu’une anthologie d’airs inédits empruntés aux héroïnes de Cavalli, d’autant plus attendue qu’elle a pour interprètes Mariana Flores et la Cappella Mediterranea, devrait enfin sortir chez Ricercar, nous apprenons que Raquel Andueza et Xavier Sabata viennent également de mettre en boite Miracolo d’amor, un autre florilège 100% Cavalli.
Au-delà des récitals discographiques, de nouvelles intégrales, scéniques cette fois, se profilent également. Du 23 mai au 5 juin, Vivica Genaux endossera le rôle-titre de Veremonda, Amazzone di Aragona, premier opéra de cour du compositeur sur un livret de Giulio Strozzi (Naples, 1652), qui renaîtra de ses cendres au Spoleto Festival de Charleston sous la conduite d’Aaron Carpenè et dans la vision de Stefano Vizioli. Ce dernier reconstituera-t-il la première corrida de l’histoire de l’opéra imaginée par Balbi ? Rendez-vous dans quelques jours pour le savoir… Direction Lille ensuite, où Emmanuelle Haïm et Guy Cassiers s’attèleront, du 2 au 10 octobre, à la recréation du fastueux Xerse (1654) enrichi de ballets de Lully en 1660 pour les noces de Louis XIV et Marie-Thérèse d’Autriche. En prime, une affiche des plus alléchantes : Emöke Barath, merveilleuse Elena aixoise, Carlo Allemano, Emiliano Gonzalez-Toro ou encore Emmanuelle de Negri. A Marseille, du 11 au 13 mars 2016, Olivier Lexa ressuscitera l’Oristeo (1650) et retrouvera Francesca Aspromonte et Anicio Zorzi Giustiniani, héros de la somptueuse Eritrea exhumée l’été dernier à Venise, Jean-Marc Aymes assurant la direction musicale de cette première mondiale. Enfin, à l’automne 2016, le Palais Garnier accueillera une nouvelle production du sulfureux Eliogabalo (1668) confiée à Leonardo Garcia Alarcón et à sa Cappella Mediterranea qui devraient faire leur miel des onze lamenti ruisselant de sensualité dont Cavalli a serti sa partition. Sa découverte fut pour beaucoup un éblouissement et la nostalgie s’ombre d’amertume lorsque nous repensons au spectacle monté à la Monnaie en 2004 par René Jacobs et Vincent Boussard, rehaussé d’une touche d’extravagance par Christian Lacroix – sans parler de la mythique Calisto réinventée par Herbert Wernicke. Gageons que d’autres maisons, épargnées par les turpitudes politiques, sauront prendre le relais pour continuer à dépoussiérer les trésors de l’opéra vénitien…
La Veremonda à Charleston : informations
Xerse à Lille : informations
L’Oristeo à Marseille : informations