Inauguré en 1871 et fêtant actuellement ses 150 ans, le Royal Albert Hall est géré par un trust d’un statut s’apparentant à une association d’utilité publique, mais ne reçoit aucune subvention : le bâtiment n’est préservé que grâce aux recettes des événements qui y sont donnés. Habituellement près de 390 spectacles y sont donnés chaque années dans la grande salle de 5.300 places (autrefois 8 à 9.000) et près de 400 dans les locaux annexes. Mais la pandémie est venue bouleverser ce fragile équilibre, le RAH étant régulièrement fermé depuis deux ans, ce qui constitue une triste première depuis la seconde guerre mondiale. Contraint à trouver de nouvelles ressources financières, le trust mais en vente divers espaces au travers d’Harrods Estates, filiale du groupe Harrod qui possède également le fameux magasin de Knightsbridge. Pour la coquette somme de 2.750.000 livres sterling, il vous sera possible d’acquérir une loge d’une capacité de 12 personnes, situées à proximité du bar et du restaurant (précision importante). A cela, il faudra rajouter le « stamp duty », une sorte de droit de mutation, pour 150.000 livres supplémentaires (et un petit cadeau à votre discrétion pour remercier Forumopera.com de vous avoir donné le tuyau). L’heureux propriétaire de la loge pourra assister gratuitement à tous les événements « ordinaires » (2/3 des représentations) et, s’il ne souhaite pas y assister à certains d’entre eux, pourra remettre en vente ses places et bénéficier d’une partie du prix du ticket. Cinq sièges dans une loge privée du second balcon ont été mises à prix à 1 million de livres et ont déjà un potentiel acquéreur (contrairement à ce qui se pratique en France, si un acheteur propose davantage que ce montant, il emporte la vente, sauf si un autre enchérit encore plus haut). Pour les radins, 2 fauteuils au rang 3 (places 36 et 37) sont mis à prix à 300.000 livres. A ces prix-là, il ne faut pas espérer une propriété pleine et entière : celle-ci appartient généralement aux descendants actuels d’une brute moyenâgeuse qui, à coup de massue, s’est approprié le terrain il y a quinze cents ans (et a été ennobli depuis). Pour ces deux places, le bail emphytéotique est ainsi de 846 ans, ce qui laisse le temps de voir venir.