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COLMAR
03/03/2008
Edmundas Seilius, Pauline Sabatier, Sébastien Parotte
© Alain Kaiser
Emmanuel Chabrier (1841-1894)
L'ETOILE
Opéra-bouffe en trois actes (1877)
Livret de Leterrier et Vanloo
Adaptation et mise en scène : Matthew Jocelyn
Décors : Alain Lagarde
Costumes : Zaïa Koscianski
Lumières : Pierre Peyronnet
Chorégraphie : Richard Caquelin
Ouf 1er : Edmundas Seilius
Siroco : Sébastien Parotte
Hérisson : Manuel Betancourt
Tapioca : Marc Larcher
Lazuli : Pauline Sabatier
Laoula : Mayuko Yasuda
Aloès : Sophie Angebault
Chœurs de l’Opéra national du Rhin
Orchestre symphonique de Mulhouse
Direction musicale : Benjamin Lévy
Colmar, Théâtre municipal, 3 mars 2008
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L'Etoile et les petits rats
Année faste pour L’Etoile,
« perle fine de l’opérette »
(Reynaldo Hahn) bien trop rare à l’affiche, qui se voit
offrir deux productions différentes en l’espace de trois
mois ! Après l’Opéra-Comique,
c’est au tour de l’Opéra du Rhin de s’attaquer
au chef-d’œuvre de Chabrier. Ce spectacle est le dernier
proposé par les Jeunes Voix du Rhin,
l’un de nos principaux centres de formation et d’insertion
de jeunes chanteurs : rattachée jusqu’ici à
l’Atelier du Rhin, la structure va disparaître en tant que
telle pour être recréée sous la forme d’un
Opéra-Studio géré directement par
l’Opéra national du Rhin. Ce qui n’est pas sans
provoquer quelques regrets, si on en juge par les réactions
chaleureuses du public de Colmar au discours d’adieu
prononcé avant le lever du rideau par Matthew Jocelyn,
l’actuel directeur des Jeunes Voix du Rhin, qui signe la mise en
scène et a légèrement modernisé les
dialogues.
Faisant de nécessité vertu compte tenu de moyens
limités, son travail tranche radicalement avec la lecture
sagement décorative de Jérôme Deschamps et Macha
Makéïeff à Paris. L’orchestre, juché
sur un praticable en fond de scène, remplace quasiment tout
décor, et les costumes sont modernes. Afin de souligner la
lubricité des personnages et le caractère sordide de
leurs motivations (ce qui, à vrai dire, n’est flagrant
à la lecture que pour le roi Ouf 1er, et à la rigueur
pour l’ambassadeur Hérisson de Porc-Epic), Jocelyn affuble
tous les chanteurs d’une énorme queue de rat, permettant
quelques savoureuses chorégraphies. Les cadavres des victimes
des exécutions publiques commandées par Ouf 1er,
suspendus aux cintres, ont des corps d’homme mais des queues et
des têtes de rat… Spectacle légèrement
conceptuel donc, ce qui a le mérite d’être original
dans ce répertoire ; mais on aurait aimé que la
direction d’acteurs, certes très travaillée,
fît davantage dans la finesse : trop de cris, de
trépignements, de gesticulations… et une grivoiserie pas
franchement bien dosée.
Les solistes des Jeunes Voix du Rhin s’investissent à fond
dans leur rôle, et leur engagement force la sympathie. Vocalement, L’Etoile
est loin de faire partie des partitions les plus faciles du
répertoire d’opérette… Le ténor
lituanien Edmundas Seilius
paraît techniquement armé pour affronter le rôle
d’Ouf dans des conditions plus exposées, mais il lui
faudra encore beaucoup améliorer sa diction du
français ; même axe de progrès pour la
gracieuse soprano japonaise Mayuko Yasuda, Laoula aux aigus brillants. Pauline Sabatier
prête à Lazuli un beau timbre fruité et un fort
joli minois. Les seconds rôles sont correctement chantés.
A la tête de l’Orchestre symphonique de Mulhouse, Benjamin Levy,
qui tourne en général le dos aux chanteurs (sauf quand il
descend sur scène se mêler à eux), ne peut
éviter certains petits décalages, mais, après Fish-Ton-Kan et Une Education manquée
à l’Opéra-Comique, confirme ses affinités
avec une musique qu’il dirige avec verve et
élégance. La participation des beaux chœurs de
l’Opéra du Rhin, enfin n’est pas le moindre atout du
spectacle, avec une mention pour les six demoiselles d’honneur
(en l’occurrence, des maîtresses sado-maso armées de
cravaches !) qui cajolent Lazuli au début du
deuxième acte.
Geoffroy BERTRAN
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