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NEW-YORK
04/03/2006
Giuseppe Verdi
LA FORZA DEL DESTINO
Livret de F.M.Piave
Production : Giancarlo del Monaco
Décors et costumes : Michael Scott
Eclairages : Gil Wechsler
Chorégraphie : Maria Benitez
Dramaturgie : Laurie Feldman
Deborah Voigt : Leonora
Salvatore Licitra : Alvaro
Mark Delavan : Don Carlos
John Cheek : Calatrava
Ildiko Komlosi : Preziosilla
Samuel Ramey : Padre Guardanio
Juan Pons : Fra Melitone
Edyta Kulczak : Curra
Tony Stevenson : Trabuco
Sebastian Catana : le chirurgien
Andrew Gangestad : Le Maire de Hornachuelos
Orchestre et chœurs du Metropolitan Opera de New-York
Direction : Gianandrea Noseda
New-York, 4 mars 2006 (soirée)
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QUE LA FORCE SOIT AVEC VOUS !
Titre éminemment connu, ne serait-ce que par son ouverture
spectaculaire, la Forza del Destino reste un ouvrage rarement
donné, même au Metropolitan : la présente
production n’avait effectivement pas été reprise
depuis sa création en 1996 ; Placido Domingo et Sharon
Sweet alternaient avec Sergei Larin et… Deborah Voigt.
Incomparable dans certains titres du répertoire allemand, la
soprano américaine sert également le répertoire
italien, mais avec des bonheurs divers : superbe en Amelia du Bal Masqué
mais moins convaincante en Aida où elle a du mal à
rivaliser avec des voix plus larges et des timbres plus opulents.
La Leonora de la Forza del Destino
se rattache à cette catégorie d’ouvrages,
marqués au Metropolitan par le long règne de Leontyne
Price.
Certes, Voigt exécute avec aplomb et précision toutes les
notes, enchaînant sans entracte les deux premiers actes (3 airs,
2 duos et des ensembles !), démontrant une assurance qui
force le respect. Mais l’art lyrique n’est pas une
compétition sportive : peu de piani, un vibratello
un peu pénible, une voix métallique, notamment en
début de soirée, quelques faiblesses dans le soutien
… au-delà de ces défauts techniques (dont certains
pourraient résulter des régimes amaigrissants qui ont
transformé la silhouette de la chanteuse), une absence de
couleurs et un manque d’empathie rendent cette
interprétation assez superficielle quoique digne.
Salvatore Licitra, entendu dans le rôle à Turin en 2002 et à Londres ,
en 2004, continue gentiment de progresser : le volume est moins
impressionnant que par le passé mais les ports de voix sont
mieux contrôlés. Les ténors de qualité
capables de rendre justice à cette redoutable partition sont
trop rares pour que nous fassions la fine bouche.
On ne s’en gênera pas en revanche pour le Carlo de Mark
Delavan : technique frustre, medium engorgé, ligne de chant
chaotique, souffle court … le baryton américain est
constamment en difficulté et ne sait impressionner que par de
gros aigus, dont un « inédit » à la
fin de « Son Pereda ».
Ildiko Komlosi se tire du rôle redoutable de Preziosilla en
chantant sans accident toutes les notes (ce qui est rare hélas)
mais sans grand rayonnement non plus.
Juan Pons est un Fra Melitone drôle, sans bouffonnerie excessive et particulièrement bien chantant.
On aurait aimé entendre Samuel Ramey plus tôt dans le
rôle de Padre Guardanio, cependant, malgré les ans, la
magie opère toujours, d’autant que le vibrato dont souffre dorénavant cet artiste, était cette fois bien mieux contrôlé.
Les seconds rôles sont comme d’habitude remarquables (on retiendra en particulier le Trabuco de Tony Stevenson).
La production ne brille ni par son originalité ni par la
qualité de sa réalisation : on oscille entre
l’univers de Zorro (la série TV de notre enfance), les
églises Playmobil et le nouvel an chinois pour la scène
de bataille.
Dans un tel contexte, il aurait fallu un chef capable de maintenir la
tension tout au long de l’ouvrage. Gianandrea Noseda n’a
pas la stature d’un Muti ou d’un Levine, loin s’en
faut : sa direction est précise, bien balancée,
attentive aux chanteurs, mais ne suffit pas à faire prendre la
sauce.
Au final, on passe assurément une bonne soirée, mais sans la fièvre des grands soirs.
Placido Carrerotti
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