C'est finalement le Nabucco
du moins prestigieux Graziano Gregori qui m'aura le plus séduit
visuellement. Joli et sans histoire, mais avec un atout de taille : aucun
élément de décor monumental ne cache cette fois les
sublimes gradins de marbre rose des arènes, qui, merveilleusement
éclairés, forment le plus beau fond de scène imaginable.
Daniel Oren est là aussi dans
son élément et dirige avec éclat et ferveur un plateau
solide. J'en détacherai l'impressionnante Abigaille d'Andrea Gruber
: dotée d'un timbre de grand dramatique sanguinaire à souhait
et d'une facilité insolente sur toute l'étendue, la soprano
américaine se permet une reprise variée de sa cabalette,
précédée d'une cadence au contre-ré (tenu !)
absolument sidérante. Sa Turandot à Bastille devrait réserver
de bons moments... Giacomo Prestia est un noble Zaccaria, pas toujours
très stable, et Marco Berti fait valoir dans Ismaele la voix claironnante
et le timbre séduisant qui ont fait son succès dans Macduff
à Bastille. En retrait, Alberto Gazale manque un peu de largeur
vocale et de charisme dans le rôle-titre.
Grand succès mérité
pour les choeurs dans "Va pensiero".
Geoffroy Bertran
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Lire aussi la critique de Aïda
et Il Trovatore aux Arènes
de Vérone