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VERONE
24/07/02
Il Trovatore
Opéra de Giuseppe VERDI
Direction musicale : Nicola Luisotti
Mise en scène, décors
: Franco Zeffirelli
Luna : Ambrogio Maestri
Manrico : Piero Giuliacci
Leonora : Dimitra Theodossiou
Azucena : Larissa Diadkova
Ferrando : Enrico Iori
Arènes de Vérone, 24
juillet 2002
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Dans Il Trovatore, Zeffirelli
se déchaîne. Le décor, noir, gothique et lugubre, est
dominé par deux gigantesques groupes sculptés représentant
des combats mortels entre guerriers en armure, et par trois hautes tours
rondes dont les parois sont faites de lances et de boucliers de carton-pâte.
À la fin du deuxième acte, la tour du milieu s'ouvre à
deux battants pour se transformer en choeur de cathédrale illuminé
avec maître-autel rutilant, statues de saints et cierges géants,
tandis que la scène est envahie en quelques instants par des hordes
de chevaliers casqués et de pénitents encagoulés.
L'effet a été très apprécié par le public,
qui n'avait pas été insensible non plus au sémillant
ballet tzigane, très Francis Lopez, du tableau précédent
(mon Dieu ! cette musique est-elle vraiment de Verdi ?...). Un beau spectacle.
Sous la baguette professionnelle et
prosaïque de Nicola Luisotti, Ambrogio Maestri (qui a tort de mâcher
son chewing-gum aux saluts) s'offre encore un beau succès, mais
m'a moins convaincu en Luna qu'en Amonasro, la ligne belcantiste d' "Il
balen del suo sorriso" le prenant quelque peu en défaut. Dimitra
Theodossiou est une gentille Leonora, très honorable belcantiste,
elle, mais bien claire de timbre et bien courte de grave tout de même
pour Verdi. Larissa Diadkova a là encore quelques problèmes
dans l'aigu (un demi-accident dans la cadence du duo avec Manrico, et pas
sur un contre-ut !, et un "Sei vendicata, o madre" assuré
en serrant les fesses) mais son Azucena domine sans mal le plateau, toujours
aussi somptueuse de timbre et de projection et d'un beau dramatisme. Quelconque,
le Ferrando d'Enrico Iori.
La bonne surprise de la soirée
a été pour moi l'inconnu Piero Giuliacci dans le rôle-titre.
J'ai entendu un vrai ténor spinto, à la voix saine et homogène,
à l'aigu brillant. Fait rare chez ce type de voix, il est de plus
apte aux nuances, ce qui nous a valu un émouvant "Ah si ben mio"
au phrasé raffiné, paré de beaux pianissimi.
On ne peut lui reprocher qu'un vibrato parfois légèrement
relâché dans le médium, défaut qu'il devrait
corriger facilement. L'artiste n'a cependant pas enthousiasmé la
totalité du public, pour deux raisons je pense : d'abord parce que
sa projection, très honorable dans l'absolu, ne lui permet quand
même pas de résister aux torrents de décibels de Diadkova
et de Maestri dans les ensembles, et ensuite parce que son physique, selon
les canons traditionnels, conviendrait mieux à Rigoletto qu'à
Manrico (une inénarrable entrée à cheval au deuxième
acte...). Mais moi, je me suis laissé convaincre par ce trouvère
qui charme d'abord par son chant. Et puis Rigoletto, après tout,
a bien séduit la mère de Gilda !
Geoffroy Bertran
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Lire aussi la critique de Nabucco
et Aïda aux Arènes de Vérone
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