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BRUXELLES
21/12/2006
Daniel Harding & Mahler Chamber Orchestra © Priska Ketterer
« Somethin’ special »
Extraits du répertoire populaire américain
Mahler Chamber Orchestre
Daniel Harding
Anne-Sophie von Otter – mezzo
Peter Mattei – baryton
Bruxelles – Palais des Beaux-Arts – Festival van Vlaanderen
21/12/2006
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Soirée karaoké aux Beaux-Arts
Anne-Sophie von Otter avait déjà offert un bien
pénible cadeau de Noël aux pauvres Bruxellois il y a quatre
ans à l’occasion de sa tournée « home
for Christmas » qui avait échouée à La
Monnaie. Le cross-over semble être la tasse de thé de la
mythique mezzo suédoise qui enchaîne les
expériences les plus originales : Elvis Costello, chants de Noël en suédois, Abba et maintenant ces standards jazz aux côtés de son compatriote, Peter Mattei.
Si l’exercice peut être séduisant, disons que
l’expérience nous a démontré que les
chanteurs d’opéra s’illustrent rarement en dehors du
strict territoire de la musique classique. Birgit Nilsson –
c’est peu de le dire - n’a pas été une
mémorable Mary Poppins ni Renée Fleming une Miss
Doolittle de haut vol à l’occasion de la récente
remise des Nobels. C’est dans cette lignée calamiteuse que
s’inscrivent les prestation de nos deux suédois –
leur lecture de Weil, Bernstein et Sinatra a une saveur de fin de
mariage. Peter Mattei entrant en scène dans son grand smoking
froissé avec son air de lendemain de cuite, entonnant
« New-York, New-York » ne ferait pas pâle
figure dans les rushs du film Festen.
Ce qui choque, avant tout, c’est la nonchalance de
l’équipe technique. Car le Mahler Chamber Orchestra et les
deux chanteurs sont amplifiés (quel dommage !) et de
manière tout à fait brouillonne : la balance, en
début de concert, est totalement à l’avantage de
l’orchestre et les deux solistes sont noyés dans un magma
de décibels d’où leurs voix sortent
péniblement. Quand on sait l’ampleur de l’organe de
Peter Mattei, il y a de quoi râler. Ce problème
s’atténue en seconde partie.
A l’exception d’une mélodie de Kerns entonnée
avec nostalgie par von Otter, tout le programme est
téléphoné, mielleux, la complicité entre
les deux chanteurs sent la composition, leur duo
« Nothin’ special » ne
s’élève pas bien haut. Et dire que ces deux
artistes comptent parmi les trésors de l’art lyrique, que
le Mahler Chamber Orchestra est un orchestre du feu de Dieu… ce
projet les méritait-il ? Et pourtant, tout le monde semble
s’amuser sur scène ; il n’y a que dans le
public que les regards surpris s’échangent. On est presque
gêné d’assister à cette démonstration
navrante. Daniel Harding, quant à lui, est plutôt mignon
dans son rôle de sosie du jeune Woody Allen.
Au final, pourtant, une partie du public semble très
emballée et frappe des mains avec une grande jubilation. Mattei
et von Otter s’abandonnent à quelques bis sur cette
scène qui accueillit un concert mythique d’Ella
Fitzgerald. Dieu, que ça avait une autre gueule…
Lionel ROUART
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