Catherine Scholler

3- Sauf ma mère…


La traduction la plus répandue de Cosi fan tutte est : elles agissent toutes ainsi. En vérité, je proposerais plutôt le plus moderne : toutes les mêmes (refrain masculin connu…)…
Alors, machos, Mozart et Da Ponte ? Don Alfonso l’est, Figaro l’est (son monologue !), Sarastro l’est. Les auteurs le sont-ils ? non, pas vraiment. Ils ont au contraire créé une série de femmes exemplaires. La Comtesse, Elvira, Fiordiligi, sœurs presque jumelles, sont tout amour, toute compréhension, tout sens du sacrifice…En d’autres termes, l’idéal féminin.
Ces femmes sont portées au pinacle par Mozart, au point que l’on se demande si par hasard il n’a pas agit de même avec Aloysia Weber, avec Nancy Storace, rendant ses désillusions plus dures encore…
De plus, d’autres personnages féminins savent se défendre : Marcellina, dans son air si souvent coupé, et qui se porte au secours de Susanna, à l’encontre de son propre fils, Despina, qui règle leurs comptes aux hommes égoïstes, menteurs, volages…
Les femmes réellement antipathiques sont seules : la reine de la nuit, Elettra, sont éternellement condamnées à vocaliser de façon quasi-inhumaine, ne prennent pas part aux ensembles. Solitaires à jamais.
Et, si elles sont toutes les mêmes, eux aussi sont tous pareils : Guglielmo le hâbleur, Ferrando l’exalté, celui qui aime plus l’amour que l’être aimé, ont aussi leurs travers…