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Elina GARANČA
« Aria Cantilena »
Ruperto Chapi y Lorente (1851 - 1909)
Las Hijas del Zebedeo
Carceleras
Jules Massenet (1842 - 1912)
Werther - Act 3
"Werther! Werther...qui m'aurait dit la place"
Jacques Offenbach (1819 - 1880)
Les Contes d'Hoffmann
Edition: Michael Kaye and Jean-Christophe Keck
Romance "C'est l'amour vainqueur"
Gioacchino Rossini (1792 - 1868)
La Cenerentola - Act 2
Nacqui all'affanno
Heitor Villa-Lobos (1887 - 1959)
Bachianas brasileiras n°5
Aria (Cantilena)
Jacques Offenbach (1819 - 1880)
La Grande-Duchesse de Gérolstein - operetta
Edition by Jean-Christophe Keck
Rondeau "Ah, que j'aime les militaires"
Gioacchino Rossini (1792 - 1868)
L'italiana in Algeri - Act 2
Cavatina
Xavier Montsalvatge (1912 - 2002)
Madrigal on a catalan popular theme
Elina Garanca, Peter Bruns
Richard Strauss (1864 - 1949)
Der Rosenkavalier, Op.59 - Act 3
"Marie Theres'!" - "Hab mir's gelobt, Ihn lieb zu haben"
"Ist ein Traum, kann nicht wirklich sein"
Staatskapelle Dresden / F. Luisi
Deutsche Grammophon, janvier 2007
Vous
êtes priés d’en prendre note car Deutsche
Grammophon l’a décidé : Elina Garanča est une
diva. Une « diva naturelle » même. Vous ne
savez pas bien ce que cela signifie ? Moi non plus. En tout cas,
le label jaune a signé un contrat d’exclusivité
avec la jeune mezzo-soprano et prévoit cinq autres CD dans les
prochaines années, ce dont on peut se réjouir. Changement
de statut par rapport au Mozart.
Premier opus, donc, ce CD présente en 10 plages et un peu moins
d’une heure un ensemble fort hétéroclite, qui va de
Rossini à Richard Strauss en passant par des Français
(Offenbach et Massenet), des Espagnols (Chapi et Montsalvatge) et le
brésilien Villa Lobos. Un choix personnel sans doute car les
pièces choisies correspondent à ce qu’Elina Garanča dit aimer.
Commençons par les Ibères : Elina Garanča avoue son
faible pour l’Espagne, sa culture, sa musique et en particulier
pour les zarzuelas, présentes dans le programme avec
l’extrait des « Filles de
Zebédée ». Et cela se voit : dès
l’air de Chapi qui ouvre le CD, on est sous le charme de sa
voix au timbre très chaude qu’elle sait bien varier dans
un morceau qui swingue. C’est le legato qui est à
l’honneur dans le Madrigal de Montsalvage, qui met aussi en
valeur l’homogénéité du timbre sur toute
l’étendue de la tessiture. Dans la célèbre
cinquième Bachianas brasileiras, écrite pour soprano et
gravée ici avec un accompagnement pour orchestre à
cordes, la mezzo met en valeur son legato et aussi la facilité de ses aigus, avec un la naturel piano magnifique en conclusion.
Le reste du programme est, on l’a dit, contrasté. Dans ses
rôles de prédilection, Octavian, récemment entendu
à Paris, et Charlotte, Elina Garanča est telle qu’on la
connaît désormais. Son air des lettres de Werther,
chanté dans un très bon français, est
véritablement incarné et le fait qu’elle ait
souvent chanté ce rôle à la scène n’y
est certainement pas étranger, à la différence des
airs de Rossini. Dans Offenbach, Garanča alterne l’excellent
(Nicklausse) et le plus banal (La Grande Duchesse). C’est bien
chanté, le français est fort convenable, mais il manque
un je-ne-sais-quoi qui arrivera sans doute avec le temps. Pour le
rondeau « Ah ! que j’aime les
militaires », certaines notes graves la trouvent même
en – relative - difficulté. Pour les rossiniennes Angelina
et Isabella, c’est un peu la même chose. Le rondo final de Cenerentola
est très beau, avec des variations classiques et conclu par un
si naturel… et Isabella manque un peu de gnaque, Garanča
n’étant de toutes les façons pas un contralto. A la
scène, ce sera sans doute tout autre chose vu le
tempérament de feu de la belle lettone et ses intentions
affichées d’investir le répertoire bel cantiste.
Au total, ce CD nous laisse entrevoir de belles perspectives, y compris
pour explorer au disque un répertoire qu’Elina Garanča ne
portera sur scène que plus tard. On l’attend avec
impatience dans son premier « O don fatale » ou
ses premières Carmen et Marguerite de la Damnation.
Pourquoi pas également un récital de Lieder ? Sa
maîtrise de l’allemand la prédispose tout
particulièrement à ce répertoire. Après ce
CD qui se présente avant tout comme une carte de visite de luxe,
très personnelle et qui nous donne envie d’en entendre
bien d’autres, les prochains opus seront, on n’en doute
pas, plus aboutis.
jean-Philippe THIELLAY
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