Opéra
"semiserio" en trois actes créé au début
de l'année 1825 au "Teatrino" du Conservatoire San Sebastiano
de Naples. L'oeuvre comporte des dialogues et un personnage (Bonifacio)
parlant et chantant en dialecte napolitain.
Seconde version, en deux actes, non représentée, avec du
"recitativo secco" à la place des dialogues et Bonifacio
qui voit son rôle traduit en italien.
Il
s'agit donc d'un opéra "semiserio", le seul de Bellini,
hérité du genre larmoyant du théâtre du XVIIIème
siècle et dont le prototype est la Nina ossia la pazza per amore
de Giovanni Paisiello, créé en 1789. En simplifiant la définition
du genre, on obtient les ingrédients suivants : une personnage
bouffe au milieu d'une histoire sérieuse, avec le thème
de l'innocence persécutée et finalement reconnue, ce qui
nous conduit à l'ingrédient final, la fin heureuse. Durant
le siècle, les opéras "semiseri" se sont parfois
appelés "dramma eroi-comico", "dramma eroico",
ou même "dramma romantico". La veine se tarit vers le
milieu du XIXème siècle, où l'on trouve encore quelques
oeuvres relevant du genre comme Elena di Tolosa de Errico Petrella (1852)
ou le Belfagor de Giovanni Pacini (1861). Les plus connus encore aujourd'hui
sont : La Gazza ladra de Rossini, Linda di Chamounix de Donizetti, et,
dans une moindre mesure, en quelque sorte, Matilde di Shabran et Il Furioso
all'isola di San Domingo, respectivement des deux compositeurs cités.
Très particulier et difficile à construire avec cohérence,
l'opéra semiserio occupe une place discrète à l'intérieur
des compositions des " maestri " de l'époque, comme en
témoignent les proportions suivantes :
Gioachino
Rossini : 4 "semiseri" sur 39 opéras.
Gaetano Donizetti : 9 sur 70.
Giovanni Pacini : 9 sur 85.
Saverio Mercadante : 5 sur 60.
La source française du livret appartient à toute cette littérature
de transition (le Roman noir ou gothique, le mélodrame) entre la
sensibilité de la fin du XVIIIème et le Romantisme. François
de Baculard d'Arnaud (1718-1804) jouit d'une belle réputation dans
le genre et ses sombres drames comme Le Comte de Comminges inspirèrent
nombres d'opéras romantiques, à commencer par Adelaide e
Commingio de Giovanni Pacini et La Favorite de Gaetano Donizetti. Ses
Epreuves du sentiment comprennent cinq tômes de nouvelles et d'histoires.
Publié en 1772, le Tôme II contient cinq nouvelles, dont
: Adelson et Salvini, anecdote anglaise.
Le bon Tottola écrivit de nombreux livrets pas si mauvais que cela,
si l'on en juge par la réussite de l'opéra une fois achevé
et se nommant Mosè in Egitto, Ermione, La Donna del lago, Zelmira
(Rossini), La Zingara, Gabriella di Vergy, Elisabetta al castello di Kenilworth,
Imelda de'Lambertazzi (Donizetti)... ...ou alors ces compositeurs les
mettant en musique étaient de véritables génies !
(Rossini et Donizetti l'étaient, d'ailleurs !).
Evidemment, le trait d'esprit attribué à Rossini condamne
sans rémission le pauvre Tottola :
" Fu di libretti autor, chiamossi Tottola :
Un aquila non era, anzi, una nottola. "
(Il
fut auteur de livret, il s'appelait Tottola : / Il n'était pas
un aigle mais plutôt une linotte (!)
Le trait d'humour consiste dans le rapprochement entre les noms de "Tottola"
et "nottola" (la linotte), identiques à une lettre près
!
Pourtant, rappelons-nous qu'un livret ne doit pas tenir debout tout seul,
il doit être, selon la jolie formule italienne " vêtu,
habillé " de musique, et Tottola eut déjà le
grand mérite d'écrire des livrets romantiques par les thèmes
abordés, les types de personnages, les situations, les lieux....
Comme c'est d'ailleurs le cas avec Adelson e Salvini :
L'action
de déroule en Irlande, au XVIIème siècle.
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