La
route des festivals, au contraire des chemins de Saint-Jacques, n'a pas
de ligne d'arrivée ; encore moins de point de départ. Les
pèlerins la parcourent en ordre dispersé et pourtant dans
un même sens, celui de la musique. Leur quête, sans renier
sa part d'hédonisme, n'en demeure pas moins initiatique. On y vient
traquer l'émotion au travers de la voix humaine qui s'élève
en plein air dans la douceur des nuits d'été, la recherche
d'un certain panthéisme, le bonheur d'être en vacances tout
simplement.
10
juillet 2005, Aix-en-provence,
La
clemenza di Tito
La Clemenza di Tito
de Wolfgang Amadeus Mozart
Kresimir Spicer (Tito),
Krassimira Stayanova (Vitellia), Amel Brahim Djelloul (Servilia), Kristin
Jepson (Sesto), Stéphanie d'Oustrac (Annio), Luca Pisaroni (Publio)
- Paul Daniel (Direction musicale), Lucas Hemleb (mise en scène)
Si
les étapes diffèrent selon les goûts et les envies,
il y a fort à parier que l'une d'entre elles s'appellera Aix-en-Provence.
Depuis 1947, un public distingué occupe tous les mois de juillet
la cité de Cézanne. Placé sous le signe de Mozart,
le festival ne cède pas à la facilité. Elitiste et
superbe, il préfère aux grands standards du répertoire
des oeuvres plus exigeantes. Il faut alors adopter une tenue de circonstance,
reboutonner sa chemise, abandonner les sandales et chausser les escarpins
pour fouler les pavés glorieux du palais de l'Archevêché.
Elégance ne rime pas forcément avec connaissance. On le vérifiera
durant cette Clemenza di Tito quand une salve d'applaudissements
viendra interrompre Sesto en plein milieu de son grand air. Entre ce moment
et celui où l'on a passé le porche épiscopal, son
billet d'entrée chèrement acquis serré entre les doigts,
on aura plongé dans des délices sonores qui font le véritable
prix de la soirée. Car l'acoustique de la cour de l'Archevêché
atteint un degré de perfection que certaines grandes maisons d'opéra
nous avaient fait croire impossible à atteindre. Ici, tout est transparence
et juste résonance. Dans de telles conditions, le Mahler Chamber
Orchestra déploie des trésors de sonorité et porte
dès le début l'ouverture de l'oeuvre au sommet. Trop haut,
trop vite presque. Une fois les cimes atteintes, il faut s'y tenir et Paul
Daniel, irréprochable par ailleurs, ne parviendra pas à maintenir
la tension du premier finale.
Christian Merlin l'écrivait
sévèrement dans Le Figaro au sujet du Cosi fan Tutte
signé Patrice Chéreau et Christian le confirmait en sortant
: ce qui est acceptable d'une matinée d'abonnement à Francfort
ou d'une représentation dans une sous-préfecture de province
n'est pas tolérable ici. Le public, retrouvant un brin de latinité,
sortira de sa respectable distinction pour le rappeler au metteur en scène,
Lucas Hemleb, et à son équipe. On tâchera alors de
vite oublier les tristes décors, le marquage au sol, l'espace pauvrement
délimité par un "rideau de douche" pour se concentrer sur
la distribution. Et plus que la Vittelia de Krassimira Stoyanova, jolie
mais trop aimable, cette femme est une vipère, elle pique, elle
mord et quand elle caresse, elle griffe aussi, plus que la charmante Amel
Brahim-Djelloul, déjà applaudie au Théâtre des
Champs-Elysées dans L'incoronazione
di Poppea, ou l'Annius de Stéphanie d'Oustrac, non exempt
de duretés, plus surtout que le Tito expressif mais sommaire de
Kresimir Spicer dépassé par les exigences du rôle,
on retiendra la séduisante jeunesse de Luca Pisaroni qui réussit
l'exploit de rendre intéressant le personnage de Publio et, surtout,
le Sesto de Kristine Jepson, viril et tendre, victime évidemment
mais avec noblesse, qui, mieux que Susan Graham en mai
dernier à Paris, sait émouvoir sans apitoyer. Autrement
mis en scène, la mezzo soprano américaine toucherait au miracle.
Il faudra s'en souvenir pour une prochaine fois et ne pas oublier alors
d'être là.
11 juillet 2005, relâche
Pour
aller par le train d'Aix-en-Provence à Vérone, il
faut traverser autant de gares et subir autant d'arrêt que Rossini
a dû composer d'opéras, changer deux fois, à Nice puis
à Milan, soit au total voyager près de douze heures en comptant
les deux de retard qui finissent par s'accumuler, la Trenitalia est ennemie
de la ponctualité.
On ne s'en plaindra pourtant
pas. La cause est bonne, la voie longe la mer et, par un beau jour de juillet,
la Côte d'Azur n'a jamais autant mérité sa couleur.
Saint-Raphaël, Juan-Les-Pins, Cannes, Nice, Menton, les noms des stations
sonnent comme des promesses de farniente. Passé Vintimille, on se
répète avec délice qu'enfin, vraiment, e pericoloso
spoggersi.
12 juillet 2005, Vérone,
La
Gioconda
La Gioconda d'Amilcare
Ponchielli
Andrea Gruber (Gioconda),
Ildiko Komlosi (Laura Adorno), Marco Spotti (Alvise Badoero), Elisabeth
Fiorillo (La cieca), Marco Berti (Enzo Grimaldi), Carlos Guelfi (Barnaba)
- Donato Renzetti (Direction musicale), Pier Luigi Pizzi (mise en scène)
A
Vérone, en cas de pluie, les billets ne sont remboursés que
si le spectacle est interrompu avant le premier acte. Sinon, il ne reste
plus qu'à maudire le sort. Pour conjurer les grognements de l'orage,
nous avons allumé des cierges à San Fermo Maggiore ; nous
avons touché la bosse des gobbi de Santa Anastasia, ces bossus
de pierre qui soutiennent les bénitiers à l'entrée
de l'église. Les saints nous entendirent. Seules quelques gouttes
saluèrent notre entrée dans les arènes puis les nuages
disparurent avec le jour.
Les spectateurs des gradins
doivent arriver à l'avance pour arracher les meilleures places.
"Per la Gioconda, un'ora sarà sufficiente" avait précisé
Federica, notre charmante
hôtesse. L'opéra de Ponchielli ne fait pas recette. Pourtant
l'oeuvre, majuscule avec ses six grands premiers rôles, de la basse
au contralto, ses choeurs, son ballet, se prête bien au cadre démesuré
des arènes. Avant le spectacle, on pique-nique gaiement au milieu
des loueurs de coussins, des vendeurs de glaces et de boissons. Puis quand
approche l'heure, on allume une petite bougie. Le théâtre
scintille, la grand-messe lyrique peut commencer.
A scène immense,
voix puissantes. Seuls les grands formats peuvent emplir un tel espace.
L'amateur de dentelles, de miniatures, d'intimisme passera son chemin.
Ici les règles ne
sont pas les mêmes qu'à Paris : les demi pointures ne jouent
pas les doublures ; quand Aberto Mastromarino, prévu pour chanter
Barnaba, déclare forfait, c'est Carlos Guelfi qui le remplace. Qui
s'en plaindra ? Il possède la longueur, la noirceur, le gabarit
requis. Pensionnaire attitrée de Vérone cette saison ? outre
Gioconda, elle y chante Abigaille et Turandot ? Andrea Gruber paraît
un peu en retrait vocalement jusqu'au dernier acte dans lequel elle se
jette furieusement telle la hyène furibonde que dépeint le
livret. Mais cette nuit est avant tout celle des Marco. Berti d'abord,
formidablement efficace ; sonore et timbré, son "Cielo e mar" recueille
la plus large ovation de la soirée. Spotti ensuite, luxueux Alvise,
dont on découvrait la voix en même temps que le nom, et dont
la stature vocale, l'ampleur, l'autorité sont déjà
l'apanage d'un Philippe II. On guettera désormais ses apparitions.
Pier Luigi Pizzi organise sans contresens tout ce petit monde, dans un
décor gris d'une grande sobriété, avec en bouquet,
l'incendie du navire d'Ezio qui embrase la fin du deuxième acte.
La seule déception
vient du public, effectivement clairsemé, plus touriste que connaisseur,
qui quitte les arènes en troupeau dès la dernière
note, trop pressé pour être poli, sans respect pour les artistes
qui, après plus de trois heures d'un tel spectacle, mériteraient
un autre comportement. Che vergogna !
13 juillet 2005, Vérone,
La
Bohème
La Bohème
de Giacomo Puccini
Marcelo Alvarez (Rodolfo),
Fiorenza Cedolins (Mimi), Marius Kwiecien (Marcello), Carlos Colombara
(Colline), Fabio Previati (Schaunard), Musetta (Donata d'Annuzio Lombardi)
- Daniel Oren (Direction musicale), Arnaud Bernard (mise en scène)
L'assistance
n'est pas plus civilisée le lendemain. Les gradins se sont remplis,
l'oeuvre est populaire, la distribution prestigieuse. Fort de l'expérience
de la veille ? les distributions ne sont pas immuables ? on tend l'oreille
à la moindre annonce. Les noms des chanteurs sont communiqués
dix minutes avant le début du spectacle et uniquement en italien.
On n'est jamais à
l'abri d'une mauvaise surprise. Mais non, le ciel est dégagé,
nos divas ne font pas de caprices. On se prépare à une soirée
de rêve. Celle-ci n'appellera aucun reproche. La mise en scène
d'Arnaud Bernard, poétique avec son lâcher de ballons sur
le Café Momus, ses choristes à bicyclettes le long de la
Barrière d'Enfer, réussit à occuper l'immense espace.
La distribution est sans défaut. Marcelo Alvarez offre un chant
policé et brillant, magnifié encore par la beauté
du timbre. Fiorenza Cedolins propose une Mimi délicate et sensible
qu'elle pare de nombreuses nuances. Mais c'est déjà trop
de subtilités pour les arènes, les détails se perdent
dans l'immensité. Aucun reproche donc mais aucun frisson. L'opéra
de Puccini, domestique, confidentiel, l'acte II excepté et encore,
supporte mal la distance qu'impose le lieu. Son lyrisme délicat
n'y survit pas. C'est aussi ça Vérone, une Bohème
où l'on ne pleure pas. C'est suffisamment rare pour qu'on le signale.
14 juillet 2005, Vérone,
Aïda
Aïda de Giuseppe
Verdi
Marco Spotti (il Re), Tichina
Vaughn (Amneris), Micaela Carosi (Aida), Piero Giuliacci (Radames), Vitalj
Kowaliow (Ramfis), Alberto Mastromarino (Amonasro) - Daniel Oren (Direction
musicale), Franco Zeffirelli (mise en scène)
Depuis
sa création en 1913, Aïda est l'emblème du festival
de Vérone. Son seul nom suffit à attirer les foules. Dès
19 heures les queues se forment ; Il s'agit d'être au premier rang
pour mieux entendre les fameuses trompettes.
Au bout de la troisième
fois, on commence à s'organiser. On prévoit le pique-nique,
le Bardolino dans les bouteilles en plastique et des gobelets puisque,
sécurité oblige, le verre est interdit ; on connaît
le meilleur angle de vue, la bonne rangée, celle en dessous du passage
car, pour Aïda, le monde est tel que toutes les places sont
occupées. A défaut d'étendre les jambes, on apprécie
de pouvoir au moins s'adosser quand le spectacle dure plus de trois heures.
Pourtant, Daniel Oren joue la montre afin que la soirée ne s'éternise
pas, bouscule les rythmes, accélère le duo entre Amonasro
et sa fille au point de ne pas leur laisser le temps d'articuler le moindre
mot et choisit d'en donner au public pour son argent. Coups de cymbales,
fracas des timbales, la musique de Verdi lorgne, sous sa baguette, vers
la fanfare d'un régiment de province. La mise en scène de
Zeffirelli ne vaut guère mieux. Au milieu de décors pharaoniques,
dans tous les sens de l'adjectif, elle aligne platement les figurants en
ligne et plante les chanteurs sur le devant de la scène avant de
les livrer à eux-mêmes. Heureusement, Micaela Caroni sauve
la soirée. Chacune de ses interventions, l'air du Nil surtout, suspend
le temps et ravive la flamme lyrique. On retrouve avec plaisir Marco Spotti,
dans un rôle hélas trop discret. Le reste de la distribution
ne séduit pas. Le mot de la fin appartient à l'un des spectateurs,
placé côté jardin, qui, lorsque s'éteint la
dernière note de l'ouvrage, prend de vitesse les applaudissements
et s'écrie "Viva Verdi".
15 juillet 2005, Macerata,
Le
bel indifférent et Les mamelles de Tiresias
Le Bel indifférent
de
Marco Tutino
Monica Bacelli (Lei), Costantino
Vitagliano (Lui)
Les mamelles de Tirésias
de Francis Poulenc
Elena Rossi (Tiresias),
Angela Masi (La marchande de journaux), Luca Canonici (le mari), Alfonso
Antoniozzi (le directeur, le gendarme), Marcello Mosca (Presto, le fils),
Thomas Morris (Lacouf, le journaliste) - Guillaume Tournaire (Direction
musicale), Pier Luigi Pizzi (mise en scène)
Une
fois éprouvé l'irrégularité des trains italiens,
mieux vaut prendre une voiture pour avaler les cinq cents kilomètres
qui séparent Vérone de Macerata. En chemin, on fera une halte
à Pesaro pour visiter la maison de Rossini, plonger dans
l'Adriatique et poser des jalons pour un prochain pèlerinage. Afin
que le périple demeure lyrique, on se recueillera à Recanati,
charmante bourgade perchée à une dizaine de kilomètres
de Pesaro, sur la tombe pyramidale de l'enfant du pays : Beniamino Gigli.
A Macerata, l'événement
est de taille : le festival ouvre ce soir ses portes avec la création
du Bel indifférent d'après le texte de Jean Cocteau
sur une musique de Marco Tutino. Katia Ricciarelli, la directrice de la
manifestation, apparaît dans un crépitement de flashs. Le
contraste avec Vérone est saisissant. Les touristes empruntent rarement
la route qui mène à Macerata ; le public, local, occupe seul
la place en faisant assaut d'élégance. La taille du théâtre
Lauro Rossi jure aussi furieusement avec l'immensité des arènes.
Après le son dilué de Vérone, les premières
mesures de musique agressent presque le tympan. Les jumelles deviennent
superflues. L'opéra reprend ses droits.
Par son format, moins d'une
heure, par l'écriture, les couleurs de l'orchestre, Le Bel indifférent
de Marco Tutino se situe quelque part entre Le château de Barbe
Bleue et La voix humaine. Seuls les partisans d'une avant-garde
extrême se chargeront de conspuer la partition ; les autres apprécieront
son lyrisme, le traitement musical de la langue française aussi.
Monica Bacelli s'empare avec passion du seul rôle chanté et
met son timbre chaleureux de mezzo-soprano au service du texte et de la
note. Les spectateurs ne s'y tromperont pas, les applaudissements les plus
nourris lui reviendront à l'issue de la soirée.
Car sans laisser le temps
à l'assistance de manifester son contentement, le beau décor
bleu du Bel Indifférent se pare de rouge et de blanc pour
exalter l'esprit cocardier des Mamelles de Tirésias. L'entrain
et la fantaisie avec laquelle la troupe sert l'ouvrage rachètent
les défauts de prononciation. Il faut en effet souvent se reporter
aux surtitres italiens pour se remémorer les répliques oubliées.
Seul Thomas Morris, en Monsieur Lacouf plus fou chantant que nature, présente
une diction à faire pâlir Michel Sénéchal. Il
s'offre même plus tard le luxe d'interpréter le journaliste
avec un accent anglais. On remarque aussi Elena Rossi, Thérèse
aux formes idéales, dotée d'un abattage vocal et d'aigus
ébouriffants. On reste au final heureusement surpris par le succès
que rencontre cette production sur une scène "qui ne se passe pas
à Paris", preuve, si il en fallait, que le génie comique
de Poulenc n'a pas de frontières.
16 juillet 2005, Macerata,
Don
Carlo
Don Carlo de Giuseppe
Verdi
Andrea Silvestrelli (Filippo
II), David Sotgiu (Don Carlo), Vladimir Stoyanov (Rodrigo), Z. Edmund Toliver
(Il Grande Inquisitore), Ugo Guagliardo (Un frate), Michela Sburlati (Elisabetta
di Valois), Tiziana Carraro (La principessa d'Eboli), Milena Josipovic
(Tebaldo), Selma Pasternak (Voce dal cielo) - Gustav Kuhn (Direction musicale),
Lorenzo Fonda (mise en scène),
Construit
à l'origine au XIXème siècle pour pratiquer la palla
a bracciale, un jeu de balle tombé un siècle après
dans l'oubli, le Sferisterio
de Macerata a eu la bonne idée de se reconvertir dans l'art lyrique
dès les années 1920 dans la foulée du succès
rencontré par le festival de Vérone. Comme son illustre modèle,
on y savoure des spectacles en plein air, sur une vaste scène, plus
longue que large, mais de manière moins démesurée,
5000 places contre 25000 à Vérone et surtout une acoustique
d'une autre qualité. Don Carlo bénéficie donc
ce soir d'un bel écrin que Lorenzo Fonda, va prendre un malin plaisir
à saboter en l'habillant de vilains décors et en bâclant
la mise en scène.
Ainsi que le remarque Antoine,
d'autres chanteurs seraient parvenus à s'abstraire d'un tel ratage
et à composer malgré tout leurs personnages. Mais l'équipe
réunie ne bénéficie pas de l'expérience suffisante
pour surmonter l'obstacle. Il leur reste, les deux basses mises à
part, la séduction de la jeunesse, la fraîcheur de la voix
qui, sans être immense, parvient à s'acquitter de sa lourde
tâche. Michela Sburalti, Eboli que le physique autorise à
chanter sans faire sourire O don fatale, s'empêtre dans la
chanson du voile mais reprend ses marques dans les ensembles et surtout
dans la grande scène du troisième acte qu'elle conduit avec
l'aplomb et l'énergie demandés. Vladimir Stoyanov, Rodrigo
un peu monochrome, respecte la ligne et le phrasé pour trouver,
à son tour, dans son dernier air, les accents qui empoignent. Michela
Sburlati, reine blessée plus que de raison, campe une Elisabetta
déchirée aux côtés d'un David Sotgiu fragile
et sincère. Leur duo final constitue un de ces moments magiques
que traque inlassablement l'amateur d'opéra, quand la musique le
submerge enfin, quand les mots prononcés par la mère à
l'infant se réalisent soudain, quand survient l'espace d'un instant
"cet éternel absent qu'on nomme le bonheur".
Christophe
RIZOUD