Forum Opéra LE MAGAZINE DE L'OPÉRA ET DU MONDE LYRIQUE
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Les brèves...
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30/06/04
L'été des festivals limousins... Il parait qu'un petit air de Glyndebourne y souffle, une brise légère sans billets introuvables ni tarifs exorbitants. Le festival de La Vézère (www.festival-vezere.com) se déroule au nord de Brive du 6 juillet au 21 août. La lauréate 2003 du concours Montserrat Caballe, Karen Vourc'h, y interprétera le 12 juillet des mélodies de Grieg, Sibélius, Chausson, Debussy. Mais l'amateur d'opéra réservera en priorité les 6, 7 et 8 août car ces soirées se placeront sous le signe de l'art lyrique avec, pour commencer, "Lucia di Lammermoor" puis "la Cenerentola" et enfin "L'enlèvement au sérail". Il aura tout intérêt, si il est curieux, à prolonger son séjour jusquëau 13. Il pourra ainsi découvrir deux contre-ténors polonais Marcin Ciszewski et Dariusz Paradowski. Ce dernier est présenté comme un phénomène avec un registre allant de l'alto féminin au baryton. Reste à découvrir comment il négocie les notes de passage. [CR] L'été des festivals auvergnats... Dans l'Auvergne des festivals lyriques, il y a évidemment et principalement La Chaise-Dieu (www.chaise-dieu.com) avec en ouverture, le 18 août, Robert Expert et l'Ensemble Amarillis dans un programme Vivaldi et Haendel. Musique et spiritualité se partageront ensuite pendant près de trois semaines le devant de la scène avec notamment une Messe en si de Bach le 20 août et un requiem de Verdi le 22. Au rayon des bonnes affaires, une réduction de 25% sur les prix d'une sélection de concerts est proposée à partir du1er juillet. Qui osera dire ensuite que les auvergnats sont près de leurs sous ? [CR] Le père d'Elephant Man à la Sacem... Laurent Petitgirard vient d'être réélu à la présidence du conseil d'administration de la Sacem (Société des auteurs, compositeurs, éditeurs de musique). L'occasion de rappeler que ce musicien éclectique, compositeur de musique symphonique (plus d'une vingtaine d'oeuvres) et de musiques de films (cent quarante partitions), chef d'orchestre invité dans le monde entier est aussi l'auteur d'un opéra sur Joseph Merrick alias Elephant Man créé en février 2002 à Prague. Un enregistrement , primé par la SACD en 2001, avait précédé la création de l'oeuvre. Nathalie Stuzmann y traduit de manière saisissante la monstrueuse humanité du rôle titre. Plus légèrement, les amoureux des hautes cimes ne manqueront pas de gravir avec délice le contre sol dont la colorature Celena Nelson-Shafer couronne son air. [CR] L'opéra comme un lounge bar... Pour ne plus entendre dire que l'opéra est un plaisir élitaire et coûteux, Daniel Bizeray a depuis 3 ans institué à Rennes l'happy hour lyrique : des spectacles proposés à prix réduits et horaires convenables. La formule, inspirée des bars à la mode, affiche complet. Daniel Bizeray analyse en ligne dans notre rubrique 5 questions les raisons de ce succès. Souhaitons que l'initiative fasse de nombreux émules pour que l'opéra demeure ou redevienne chacun choisira son verbe - plus que jamais "tendance". [CR]
24/06/04 La famille Bayo s'agrandit... L'Antigone de Traetta, au Théâtre du Châtelet, se fait finalement sans Maria Bayo. La petite fille de la cantatrice espagnole, enceinte de huit mois, n'a pas voulu attendre la fin des représentations pour venir au monde. Jean-Pierre Brossmann l'a annoncé avant le lever de rideau de la première, le 22 juin. Le public, bon joueur, a applaudi l'annonce. C'est Raeffalla Milanesi qui la remplace. Déjà familière du rôle - elle enfila la robe de la fille d'Oedipe à Bruxelles, Bruges, Anvers et Salamanque - la jeune italienne compense une projection et une agilité moindres par un timbre iridescent. Mais, au final, c'est l'engagement de Creonte alias Kobie Van Rensburg et l'énergie du chef d'orchestre Christophe Rousset qui l'emportent tandis que le metteur en scène, Eric Vigner, et ses deux acolytes se font copieusement huer. Au moment des saluts, après plus de deux heures d'un spectacle ridiculement abstrait, entièrement noir et blanc, la chemise bigarrée que porte l'un d'entre eux contraste à un point tel que mon voisin, entre deux sifflets, s'écrie pour notre plus grande joie "Enfin de la couleur !" [CR]. Eric Vigié, un français à Lausanne... Suite au non renouvellement du mandat de François-Xavier Hauville à la tête de l'Opéra de Lausanne, c'est le metteur en scène Eric Vigié qui a été nommé directeur de la maison lyrique vaudoise. Il prendra officiellement ses fonctions pour la saison 2005-2006, en juillet 2005. Né à Toulon en 1962, parallèlement à ses études, Eric Vigié étudie la musique et le théâtre au Conservatoire national de région Nice. Il pratique le cor, le hautbois et le chant puis passe son diplôme de fin d'études en musique de chambre et en histoire de la musique. Dès 1981, il opte pour la mise en scène et part étudier aux Etats-Unis. En 1986, sa rencontre avec le scénographe Pet Halmen lui permet de se former à la réalisation des décors et des costumes. Par la suite, il signe ses propres mises en scène. En mars 1997, le Teatro Real de Madrid l'engage comme coordinateur artistique avec pour mission la préparation artistique de l'ouverture du nouveau théâtre, la planification et la coordination générale de la saison artistique, l'organisation artistique des productions et coproductions, le contrôle des budgets affectés aux productions, coproductions et locations de production, la mise sous contrat des équipes artistiques, la recherche et le choix des productions. D'octobre 2002 à mars 2004, Eric Vigié est directeur artistique du Teatro Verdi à Trieste, un des douze théâtres lyriques nationaux italiens. Il est le premier directeur artistique étranger à diriger un théâtre italien. En avril 2004, il est chargé par l'Opéra comique, d'organiser artistiquement "Le Printemps Baroque" en mai 2005, premier festival de ce genre à Paris. Indépendamment des qualités de M. Eric Vigié qu'il ne nous appartient pas de juger avant d'avoir goûté à ses programmations, on remarque que c'est (depuis sa création) le quatrième directeur de nationalité française qui prend les rênes de l'Opéra de Lausanne. En effet, Dominique Meyer (actuel directeur du Théâtre des Champs-Élysées) avait succédé à Renée Auphan, la créatrice de la maison lyrique lausannoise, avant que François-Xavier Hauville ne le remplace. N'y a-t-il donc de culture opératique que française ? N'y a-t-il aucun Suisse capable de diriger une maison d'opéra ? Aucun Italien ni aucun Allemand ? Ce pourrait être pourtant un heureux pendant à ce qui se passe à soixante kilomètres de la capitale vaudoise. En effet, à Genève, après Hugues Gall et Renée Auphan, c'est aujourd'hui le Français Jean-Marie Blanchard qui dirige la Grand-Théâtre. Une mainmise française sur la culture lyrique romande qui s'implante de plus en plus. Il suffit de constater l'omniprésence tant à Lausanne qu'à Genève, de metteurs en scène français comme Alain Garichot, Pierre Strosser, Philippe Arlaud, Marianne Clément, Jérôme Deschamps, sans parler de Patrice Caurier et Moshe Leiser, voire d'Olivier Py qui signera (outre sa troisième mise en scène à Genève en dépit de l'hostilité qu'il rencontre auprès du public) un spectacle à l'opéra de Lausanne. [JS] L'été des festivals picards... N'en déplaise à Yves Montand, il n'y a pas que des roses en Picardie. A Gerberoy, le 26 juin, la soprano Françoise Masset nous convie à "une soirée chez les Polignac". Un peu plus tard, le 11 juillet, on retrouve Philippe Jarrousski - décidément de toutes les régions - à Saint-Michel-en-Thierache. Le lendemain, Barbara Hendricks essaime, dans les nuits de Saint-Riquier, quelques mélodies de Schumann, Poulenc, Mahler, Granados, Duparc et Bizet. Enfin l'été s'achèvera en grandes pompes dans les Cathédrales de la région. A Amiens d'abord, le 4 septembre, les choeurs d'hommes du Patriarcat de Moscou interpréteront des chants traditionnels de Russie. Notre-Dame de Noyon accueillera le 10 septembre Michel Corboz pour une messe en ut de Mozart et un Psaume 42 de Mendelssohn. Gerard Lesne et son Seminario Musical nous dresseront le 11 un portrait de la famille Bach en l'église Saint Jean-Baptiste de Chaumont en Vexin. Le Concert Spirituel d'Hervé Niquet célèbrera le tricentenaire de la mort de Marc-Antoine Charpentier le 17 septembre à Beauvais. Des airs de Mozart interprétés par Francine van der Heijden et Sophie Karthäuser ponctueront respectivement les concerts du 18 septembre à Peronne et du 1er octobre à Soissons. Enfin le festival s'achèvera les 9 et 10 octobre par le VIème Concours Européen de Choeurs & Maîtrises en l'église Saint-Pierre de Senlis. Ainsi sera respectée la tradition puisque la première Maîtrise française fut créée à Amiens en 1324. Et, bonne nouvelle, ces deux dernières manifestations sont gratuites. Le programme complet est en ligne (www.festivaldescathedrales.com). [CR] Une récompense littéraire pour Philippe Beaussant... Le prix littéraire Prince Pierre de Monaco, fondé par le père du prince Rainier en 1951, vient d'être décerné au romancier et musicologue Philippe Beaussant. L'écrivain, éminent spécialiste de musique baroque, ne manque ni d'appétit, ni d'humour. La preuve chez Actes Sud avec ces deux ouvrages aux titres délicieusement réjouissants "Mangez baroque et restez mince" et "Préludes, fougasses et variations". Le dernier rassemble les meilleures recettes des musiciens baroqueux : Jean-Claude Malgoire, Furio Zanasi (mais que peut bien manger Farnace ?), William Christie... Le plat est d'autant mieux servi que le style de l'auteur est un régal. Et sa lecture ne fait pas prendre un gramme. Alors pourquoi se priver ? [CR]
21/06/04 Nouvelle saison bordelaise, un cru décevant... Le Grand Théâtre de Bordeaux est l'un des plus beaux et des plus anciens de France. Son acoustique est parfaite, sa dimension aussi. Seul bémol - il en faut toujours en musique ? les sièges sont inconfortables. Rien de grave tant que Wagner ou Meyerbeer ne sont pas à l'affiche. La saison bordelaise est donc toujours des plus attendues et, ces dernières années, a plus d'une fois mérité le déplacement. Il suffit pour convaincre le jury d'appeler à la barre la Mireille de Leontina Vaduva, le Farnace de Furio Zanassi dirigé par Jordi Savall ou l'Orphée de Rockwell Blake dans la version de Paris, évidemment. Hélas, la saison 2004-2005 tient plus du vin ordinaire que du premier grand cru. Pas de nom prestigieux, peu d'oeuvres originales si ce n'est un "Tamerlano" de Haendel (sous la direction Emannuelle Haïm) et une "Occasione fa il ladro" de Rossini. Beaucoup d'opérettes mais exilées dans la salle moderne du Casino : "La Périchole","Les saltimbanques", "Phi-Phi" et "La veuve joyeuse". Restent une "Tosca", un "barbier de seville" routiniers et "Tristan et Isolde" en version de concert dans le lugubre Palais des sports. A ce régime là, on ne risque pas de se prendre une cuite. L'été des festivals bretons... En musique, elle est plus souvent associée à Marie-Galante qu'à l'opéra. Pour mettre un terme à l'hégémonie de Laurent Voulzy, deux musiciens, l'un américain, l'autre anglais lancent un festival lyrique à Belle-Île du 24 juillet au 18 août. "Carmen" et "La flûte enchantée" se partageront cinq fois chacun la salle de l'Arsenal de la citadelle Vauban et des concerts animeront les deux églises de l'île. Sur le continent, juste en face, Philippe Jaroussky illuminera de sa voix céleste les Nuits musicales du Morbihan, le 11 août, dans un répertoire dédié à Vivaldi et Haendel. La veille, la soprano Norah Amsellem sera attendue aux Quatrièmes Rencontres de musiciennes à Ouessant. Anecdote croustillante comme une galette au beurre, pour l'occasion, sept pianos viendront du continent par bateau. Les dates d'Assurancetourix ne nous ont pas encore été communiquées, nous vous tiendrons informés. Korngold, le dernier des romantiques... Marietta vient passer 3 jours à Paris. Le 22, 23 et 24 juin, rue de l'Assomption, l'héroïne de "Die tote Stadt" ne manquera pas d'être évoquée dans l'hommage lyrique rendu à son créateur, Erich Wolfgang Korngold. La soprano Noelle Thibon, la pianiste Caroline Cren et le comédien Aymeric Pol s'y appliqueront à évoquer la vie et l'oeuvre du compositeur prodige dont les deux premiers opéras furent créés le même soir à Munich alors qu'il n'avait pas 20 ans. Les nazis qualifièrent sa musique de dégénérée. C'est aujourd'hui un label de qualité. Tous les renseignements sont en ligne sur le site www.adieuvienne.com. Amin Maalouf à l'heure de la mondialisation... Amin Maalouf, écrivain français d'origine libanaise et lauréat du prix Goncourt en 1993 avec "Le rocher de Tanios", a l'opéra pour passion récente et déjà un livret à son actif : "L'amour de loin". Avec son deuxième ouvrage intitulé "Adriana mater" et représenté en 2006 à l'Opéra de Paris, il s'applique à mondialiser l'art lyrique. En effet, la compositrice Kaija Saariaho est finlandaise. Le metteur en scène, Peter Sellars, est américain. Gérard Mortier, le commanditaire, est belge. Le concepteur du décor est russe et les chanteurs viennent de Norvège, du Canada, du Royaume-Uni, et de la République tchèque. Mais que fait José Bové ? Le Fantôme de l'Opéra attaque par surprise... Depuis 18 ans, le Fantôme de l'Opéra, chassé du Palais Garnier, habite au Her majestie's Theater de Londres. Reconverti dans la comédie musicale, il s'emploie, chaque soir, à terroriser le public en brinquebalant le lustre géant de la salle. Sauf qu'avec l'habitude, la frayeur n'est plus vraiment au rendez-vous. Aussi, pour regagner un peu de crédibilité, il a décidé l'autre jour de surprendre son monde en changeant de crémerie et ce sont les spectateurs du théâtre d'en face, le Hay Market Theater, venus en toute innocence applaudir une pièce d'Oscar Wilde, qui ont vu l'appareil d'éclairage s'effondrer sur leur tête. Il n'y a heureusement pas eu de victimes car la chute a été freinée par le système de sécurité. Le mystère rode...
17/06/04 Alagna remplacé dans la Rondine... Nous avons tous reçue la lettre du Châtelet nous informant que Roberto Alagna ne chantera plus dans "La Rondine" de Puccini en juin 2005. Une sombre histoire de droits audiovisuels exorbitants réclamés par son "personal manager" Levon Sayan est invoquée. Et la rumeur va bon train. Les coupables sont recherchés. Le chanteur en premier lieu qui ne manque pas de détracteurs pour mettre en avant sa cupidité. Il aurait privilégié un engagement plus fructueux dans une nouvelle production de Werther au Regio de Turin avec un DVD à la clef. Les théâtres ensuite qui, pour remplir leur salle, affichent des distributions alléchantes. Une fois les réservations engrangées, on annonce le changement d'affiche, on précise que les billets ne sont ni remboursables, ni échangeables et le tour est joué. Une déclaration d'Alagna affirmant en avril que son contrat avec le Châtelet n'était pas encore signé confirmerait cette hypothèse. Mais alors comment expliquer le courrier envoyé dont l'objet est justement de proposer l'annulation de la réservation avant qu'il ne soit trop tard ? Peu importe, les regrets sont là car même si le rôle est un peu étroit pour l'artiste, même si le répertoire français lui convient mieux, le spectacle promettait. Nous nous consolerons avec Giuseppe Filianotti, jeune ténor italien, sur scène pour la première fois à Paris. Il est, d'après le Châtelet, demandé de toutes parts et, par chance, se trouve libre à cette période suite à l'annulation d'un projet. Bande de petits veinards ! [CR] Domingo chantera-t-il cet été ?... A Vérone, on se réjouissait du grand retour de Placido Domingo dans les arènes avec "la Corona di pietra" et on apprend qu'il vient d'être victime d'un malaise à Madrid, il y a quelques jours, en plein premier acte de la Dame de Pique. Ian Storey, l'autre Hermann de cette production, a heureusement pu le remplacer au pied levé. Il n'empêche que l'illustre ténor, âgé de plus de 60 ans, devrait un peu se ménager, sinon pour lui, du moins pour nous. [CR] Un itinéraire lyrique pour la fête de la musique à Paris ... On le sait, le jour le plus long est désormais aussi celui de la musique. Le 21 juin, à Paris, l'amoureux des belles voix commencera sa tournée à 12h30 dans le quartier latin avec une "Carmina Burana" signée par l'ensemble Ultreia et Marc Paveau. Il ralliera ensuite l'amphithéâtre de la Bastille où, pendant 4 heures, il se régalera d'airs interprétés par les solistes invités de l'Opéra National de Paris et par les jeunes artistes du Centre de Formation Lyrique. Si la salle est comble, il se rabattra sur le musée de la contrefaçon puis prolongera sa visite au 64, rue de La Fédération à 15h30, en écoutant le ténor Guiseppe Di Stephano (attention à l'orthographe) défiler le grand répertoire italien. A 18h30, il ouvrira ses oreilles à la musique classique et aux facéties de Patricia Petitbon dans le jardin de l'Hôtel de Sully. Enfin, à 20h30, exténué, il se posera sur l'un des bancs de la Chapelle du Val de Grâce. Le Choeur de l'armée française y interprètera Sauguet, Fauré, Poulenc, Langlais, Messager, Boutry, Lancen et même Verdi. Que l'agoraphobe se rassure, il pourra rester chez lui devant sa télé. Arte diffuse à 19h45 "les noces de Figaro" en direct du Théâtre des Champs-Élysées. Quant aux provinciaux, ils trouveront tout le détail des réjouissances prévues dans leur région sur le site www.fetedelamusique.culture.fr. [CR]
15/06/04 Adieu à Jocelyne Taillon... On se dit que son nom nous est familier. Un petit tour dans notre discothèque suffit alors à rafraîchir notre mémoire. Le "Faust" de Gounod dirigé par Georges Prêtre chez EMI et celui d'Alain Lombard chez Erato, la mère d'Antonia dans le premier enregistrement de la version Oeser des "Contes d'Hoffmann" avec Neil Schicoff dans le rôle-titre et puis "Pénélope" de Fauré sous la baguette de Charles Dutoit... La liste s'allonge, la tristesse nous envahit. La mezzo Jocelyne Taillon est morte le 10 juin dernier, victime à 63 ans d'une crise cardiaque. D'origine normande, elle défendit les couleurs du chant français sur les scènes les plus prestigieuses. Glyndebourne, New-York, Bruxelles, Salzbourg applaudirent ses Geneviève, Dame Marthe, Azucena, Suzuki et autres Mrs Quickly. Mais elle demeure avant tout le mezzo-soprano emblématique de la glorieuse ère Liebermann à l'Opéra de Paris. Requiem. [CR] Standing ovation pour Laurence Dale La dernière représentation des Huguenots à l'opéra de Metz, samedi 12 juin, marquait la fin du mandat de son directeur, Laurence Dale. Le public reconnaissant n'a pas voulu laisser passer l'occasion de rendre hommage à celui auquel nous devons l'une des programmations les plus intéressantes de cette saison 2003-2004. La salle s'est levée comme un seul homme quand, au moment des saluts, Marguerite de Navarre, alias Sally Silver, est allé chercher, malgré lui, le metteur en scène dans la coulisse. Applaudissements et acclamations se sont alors succédés pendant plus d'un quart d'heure. Le silence est à présent retombé et pour un certain temps sur la Place de la Comédie. La ville d'Ambroise Thomas - dont le "Connais-tu le pays" tinte tendrement le lever de chaque rideau - peut se pelotonner de nouveau dans un répertoire ronronnant qui aura pour seul mérité de ne pas trop bousculer la municipalité. Quant à nous, notre chemin, l'année prochaine, ne passera pas par le pays messin. [CR] Angelica Kirchschlager ne veut plus porter la culotte... Octavian, Sesto, Nicklause... Angelica Kirchschlager s'est fait une spécialité des grands rôles travestis du répertoire. Elle le prouve une nouvelle fois au Théâtre des Champs Elysées du 15 au 25 juin en retrouvant ce chenapan de Cherubin dans des "Noces de Figaro" célébrées par René Jacobs et le Concerto Köln. La production a été couronnée en 2002 par un prix de la critique. Un enregistrement (cf notre critique) est même disponible chez Harmonia Mundi. Pourtant, si la cantatrice adore les instruments anciens et voudrait se mettre de plus en plus au répertoire baroque, elle aspire tout d'abord à reconquérir sa féminité. Pour cela, elle compte opérer dans les mois à venir par le truchement de Charlotte, Mélisande et, incarnation suprême, Carmen... Mais fait-elle le bon choix ? Car quand il s'agit de duperie, de tromperie, de volerie... [CR] Hugues Gall et Philippe Boesmans récompensés par la SACD... Hugues Gall n'en finit pas d'être distingué. Après l'Institut, c'est à présent la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) qui vient de lui remettre la médaille Beaumarchais. Aucun rapport avec Mozart ou Rossini, il s'agit juste du nom de la décoration qui honore les personnalités oeuvrant pour des auteurs. Parmi les autres médaillés, citons Philippe Boesmans avec le prix annuel dans la catégorie musique. Nous n'avions pas attendu cette distinction pour lui consacrer l'un de nos dossiers. Voilà une bonne occasion de le relire. [CR]
13/06/04 Le Dogme ne passera pas par Bayreuth... Le 13 mai 1995 à Copenhague, Lars von Trier élabore avec trois amis, le Dogme : dix règles contraignantes, inspirées par les théories avant-gardistes des années 20, pour lutter contre un cinéma factice. La doctrine bouscule le monde du septième art et le cinéaste danois se retrouve, en 2000, propulsé sur les marches du Palais des Festivals à Cannes. Là, il empoche deux palmes d'or pour son film "Dancers in the dark" avec en tête d'affiche Catherine Deneuve et la chanteuse Bjork. Du mélodrame musical à l'opéra, il n'y a qu'un pas que le cinéaste danois avait prévu de franchir à Bayreuth en 2006. Depuis deux ans, il préparait la mise en scène de la Tétralogie en collaboration avec Christian Thielemann. Le chef d'orchestre allemand joue décidément de malchance (conférer brèves plus bas) car Lars Von Triers vient de jeter l'éponge, dépassé de son propre aveu par l'ampleur du projet. Au "Festspielhaus", on serre les dents. La direction "respecte" cette décision mais la qualifie de "très grave dans une perspective artistique et du point de vue du temps". Elle cherche à présent un remplaçant. Et pourquoi pas Alfonso Cuaron - dont le dernier "Harry Potter" explose le box-office - avec Wotan en Voldemort ramenant Brunhilde sur le droit chemin de Poudlard ? [CR] Changement de distribution au TCE... Le Théâtre des Champs Elysées (www.theatrechampselysees.fr) a la scoumoune. Après la récente annulation du récital d'Inva Mula (conférer brève plus bas), c'est maintenant Thomas Quasthoff qui, souffrant, vient de déclarer forfait pour le concert du 14 juin. Le baryton allemand devait interpréter des extraits du "knabenwunderhorn" de Mahler sous la direction de Myung Whun Chung. Mais tout n'est pas perdu car il sera remplacé par Hanno Müller-Brachmann. Jamais deux sans trois. A qui le prochain tour ? [CR] Mort de Gaston Benhaim... La Grande Faucheuse rode en ce moment dans les maisons d'opéra. Sur scène - la disparition de Nicolaï Ghiaurov nous le prouve cruellement - mais aussi en coulisse. Gaston Benhaim, ancien directeur de la scène à l'Opéra de Lyon, vient de mourir à l'age de 75ans. Il avait fait partie de l'équipe de "l'Opéra nouveau" crée en 1969 par Louis Erlo. A ses côtés, il avait participé au renouveau de la scène lyonnaise, signant plusieurs productions d'opéras et d'opérettes. Retiré à Nice en 1984 pour raisons de santé, il avait enseigné la mise en scène au conservatoire national de région avant de prendre sa retraite. [CR] Claude Vivier, un compositeur à découvrir... Qui est Claude Vivier ? Un compositeur canadien, né en 1948, assassiné en 1983 dans une chambre d'hôtel à Paris, auquel le festival de Hollande et l'opéra d'Amsterdam (www.dno.nl) rendent hommage en produisant jusqu'au 12 juin son opéra inachevé "Rêves d'un Marco Polo". La production est inhabituelle car présentée dans le gazomètre d'une usine centenaire. Le public y est invité à prendre place sur des gradins disposés autour d'une arène sablée. Huit solistes et huit instrumentistes, dirigés par Reinbert de Leeuw, célèbrent cette musique séraphique, ni sérielle, ni tonale mais merveilleusement personnelle. "C'était peut-être le compositeur le plus doué de sa génération", déclara le compositeur Serge Garant, directeur artistique de la Société de musique contemporaine du Québec. A vous de le vérifier. [CR]
11/06/04 Grand "ruche" sur la nouvelle saison de l'Orchestre de Paris Pas de panique. Même si l'Orchestre de Paris a des malheurs (conférer brève plus bas), l'abeille lyrique trouvera à butiner dans son bouquet 2004-2005. Et dès le concert d'ouverture, les 29 et 30 septembre, grâce à une neuvième de Beethoven dardée par les voix d'Eva Mei, Nora Gubish, Robert Dean et Andreas Schmidt. Le festival Brahms lui offrira l'occasion de battre des ailes les 23 et 24 février pour Michaela Kaune et Matthias Goerne dans "Un Requiem allemand". Les 14 et 15 juin, elle fera son miel du Songe d'une nuit d'été, signé Marc Minkowski, avec Jennifer Smith et Della Jones. Enfin gelée royale sur les récitals : Nora Gubish de nouveau le 29 mars, Sophie Koch le 15 février dans un programme Schumann et Schubert et - j'entends déjà le forum bourdonner - Annick Massis, le 11 janvier, accompagnée au piano par Jean-Philippe Collard dans des extraits des Nuits d'été (Villanelle, Le Spectre de la rose, L'île inconnue), des mélodies de Claude Debussy (Green, Clair de Lune, La Romance d'Ariel, Apparition) et les "Sechs lieder" de Richard Strauss. Pendant ce temps, les travaux de la salle Pleyel prennent du retard car le nouveau ministre de la Culture remet en cause les accords signés au début de l'année. Dans ces conditions, la formation parisienne n'est plus assurée de retrouver, comme convenu, son domicile fixe en 2006. Elle se consolerait en participant aux célébrations du deux cent cinquantième anniversaire de la naissance de Mozart à l'Opéra Gabriel de Versailles. Zzzzzzzz. L'abeille aura encore de quoi fredonner. [CR]
07/06/04 Le Châtelet reçoit l'Opéra de Montpellier... Chaque saison, en juin, le Théâtre du Châtelet à Paris ouvre ses portes à l'un de ses cousins de province. Après Bordeaux l'année dernière, c'est Montpellier qui est, en 2004, l'invité de ce festival des régions. Le chef-lieu de l'Hérault débarque avec deux opéras dans ses valises : "Harry Janos" de Zoltan Kodaly (11 et 13 juin) et "Antigona" de Traetta (22, 24 et 27 juin). Le premier, singspiel en quatre "aventures", un prologue et un épilogue, d'après un poème humoristique de Janos Garay, vit le jour à Budapest en 1926. Il s'agit du premier ouvrage lyrique du compositeur hongrois. Agé alors de 44 ans, il voulut composer un hymne à l'indépendance retrouvée de son pays après des siècles de domination étrangère. Pour accompagner cette découverte, le Châtelet offre en son foyer le 11 juin à 17h30 une conférence-lecture de Laurent Slaars intitulée "Zoltan Kodaly, un portrait entre ville et campagne" et le 14 juin à 19h, une "phonographie" animée par Alfred Caron. Changement de paysage musical avec le second ouvrage proposé. Tommaso Traetta appartient à l'école napolitaine du XVIIIe siècle. En pleine réforme de l'opera seria, son "Antigona" mélange habilement virtuosité baroque et dramatisme. Christophe Rousset, après avoir exhumé et gravé l'oeuvre en première mondiale chez Decca, défend de nouveau les couleurs de la partition. Si le spectacle se hisse au niveau de l'enregistrement, ça vaut le déplacement ! [CR] "Tosca" revue et sévèrement corrigée. Après "La Bohême"modernisée avec le musical "Rent" et "Aida" revisitée par Elton John et Tim Rice, c'est au tour d'un autre chef d'oeuvre lyrique d'être relooké au goût du jour. Lucio Dalla, auteur à succès de chansons populaires (qui ne se souvient du "Caruso" interprété par Florent Pagny ?) a conçu "Tosca : Amore disperato" comme un authentique "opéra moderne". A l'écoute des divers extraits disponibles (www.toscamoredisperato.it) , en fait d'opéra c'est plutôt de la soupe populaire, épicée du minimum de provocation requise : strip-tease de nonnes érotomanes, prêtres homosexuels, mais pas de pénétration explicite ! Le spectacle est un immense succès et 200.000 milanais ont déjà visité le "Mazda Palace" (un triste hangar en limite de banlieue). Carlo Fontana, patron de la Scala, envisage sérieusement de l'accueillir au Teatro degli Arcimboldi (le nouvel opéra, dont l'acoustique défaillante supporte en revanche très bien la sonorisation) dans l'intention clairement revendiquée de remplir la caisse. "Le Musical est l'opéra de notre temps" a déclaré Carlo Fontana, inspiré jusqu'au sublime. "La Scala est un grand musée de l'Opéra. C'est une sorte de Louvre. Mais il faut décider si elle doit s'ouvrir au répertoire contemporain, telle est la question".Riccardo Muti, en conflit avec le surintendant depuis de longs mois, a aussitôt pris ses distances avec ce qu'il considère comme un danger pour un art particulièrement menacé en Italie en ce moment. L'ouvrage a d'ores et déjà été accueilli (en version réduite) à l'Opéra de Bologne et devrait être donné à Vienne cet été. Lucio Dalla est en pourparlers avec la Fenice de Venise (Sergio, fais quelque chose !) et même avec le Festival Puccini de Torre del Lago. Star du show, Rosalina Misseri, 24 ans, confesse sans complexe n'avoir jamais vu l'opéra de Puccini et s'être fiée à son instinct pour l'interprétation. Comme dans la version originale, Floria Tosca se jette dans le vide, mais remonte vers le ciel dans les bras d'un ange body-buildé uniquement vêtu d'un short cycliste noir. "Ma Tosca n'est pas destinée à devenir un classique" confesse Lucio Dalla "mais certains l'ont déjà vue plus de 10 fois et pour eux c'est la seule Tosca" [PC] Natacha Constantin et Xavier Mas, deux jeunes chanteurs primés ... Envie de voix nouvelles ? Les 10 et 11 juin, à 18 heures, le Centre de formation lyrique de l'Opéra de Paris propose son concert de fin de saison au Studio de l'Opéra-Bastille. L'occasion de découvrir les deux lauréats des prix lyriques 2004 du cercle Carpeaux : Natacha Constantin, soprano d'origine mauricienne, et Xavier Mas, ténor français. Nos deux jeunes champions ne prendront pas ensuite le temps de se reposer sur leurs lauriers. Natacha Constantin partira "à l'assaut des contre-ut au pays de l'opéra français" le jeudi 5 août dans le cadre du festival Toulouse d'été Xavier Mas sera Gafforio dans "Il re Teodoro in Venezia" de Giovanni Paisiello, donné le 12 juillet en version de concert au Festival de Radio France et Montpellier. [CR] Beverly Sills victime de harcèlement sexuel... Le 18 mai dernier, Victoria Glover, camionneuse au chômage de 39 ans a été arrêtée à la sortie des coulisses du Metropolitan Opera dont Beverly Sills assure la présidence du conseil d'administration. Victoria Glover, qui se fait appeler Jesus Emmanuel, avait pris le bus depuis Detroit pour venir épouser l'ex-chanteuse. D'après Beverly Sills (74 ans quand même, et dont on ne pas dire qu'elle fut une beauté, même dans la plénitude lointaine de sa fraîcheur) a précisé que "Jesus Emmanuel" n'en était pas à ses premiers assauts. Depuis l'automne dernier, la camionneuse sentimentale harcèle en effet sa victime de coups de téléphone (deux par semaines, rien pendant quelques mois puis plusieurs fois par jour dans une frénésie galopante) et de lettres de demande en mariage. Les messages vocaux sont toujours les mêmes : "Je suis Jesus Emmanuel. Je viens à New York pour épouser Beverly Sills et je voudrais lui parler" ; ainsi que les lettres sobrement enflammées : "S'il te plait, épouse-moi Beverly sinon je deviens folle. Je ne peux pas vivre sans femme. Je n'en veux pas d'autre que toi". Pour l'instant, Beverly reste sourde aux appels de la belle qui l'a pourtant rassurée en ces termes : "Ne t'inquiètes pas : Dieu a dit que nous pouvions nous marier". [PC]
03/06/04 Le roi Ghiaurov disparaît... Philippe II s'est tu. Son plus grand titulaire, Nicolaï Ghiaurov, vient de nous quitter à l'age de 74 ans. Le parcours de celui qui allait devenir l'un des meilleurs chanteurs de notre temps avait débuté en 1955 à Sofia. Dans la lignée des voix graves venues de l'est, Chaliapine ou, plus près de nous, Boris Christoff, il incarna avec bonheur les rôles de basses les plus fameux du répertoire : Don Quichotte, Attila, Méphistophélès, Boris Goudonov... Ceux qui ne l'ont pas vu sur scène le connaissent obligatoirement par le disque. Car il figure dans plusieurs enregistrements d'opéras de référence, du Don Carlos de Solti au Simon Boccanegra d'Abbado en passant par La Bohème de Karajan avec Mirella Freni, son épouse à la ville depuis 1981. La somptuosité du timbre, la noblesse du ton, la longueur du souffle, ces notes sombres et liées jusqu'au plus profond de la tessiture constituent autant de points de repère sur lequel notre oreille s'appuie pour établir des comparaisons. Ainsi, il est et demeure, dans sa catégorie, une incontournable référence. Le roi est mort. La fameuse sentence monarchique, aujourd'hui hélas, s'arrête là. Annulation d'Inva Mula au TCE... Inva Mula, hier Antonia à Bercy et avant-hier Violetta à Bastille, ne chantera pas comme prévu le 8 juin au Théâtre des Champs-Élysées. L'annulation de son concert, est due à un problème de production de l'Orchestre de Lille. Il faudra maintenant attendre sa Manon de Genève, en alternance avec Natalie Dessay, pour l'écouter sur scène. Villazon encore... On ne parle que de Rolando Villazon ! Son dernier disque fait l'unanimité. Son Alfredo s'est emparé de La Bastille il y a deux mois. Il s'est même payé le luxe un dimanche d'avril de remplacer Luca Lombardo au pied levé dans Manon. Le public parisien se frotte encore les mains de l'aubaine. Celui du Festival d'Aix-en-provence peut à son tour se réjouir car le ténor mexicain vient d'être engagé pour cinq représentations de La Traviata à la place de Valery Serkin qui a déclaré forfait. Les billets du 7, 10, 18, 23 et 30 juillet sont gagnants. Les autres se consoleront avec Andrew Richard, le deuxième Alfredo de cette production. Toujours à Aix, Hercules, dirigé par William Christie, voit aussi sa distribution révisée. Camilla Tilling chantera Iole en remplacement de Christine Schaefer, souffrante. Charpentier enfin célébré... Il incombait à l'Opéra de Paris de fêter le tricentenaire de la mort de Marc-Antoine Charpentier afin de maintenir et promouvoir le répertoire qui forme son histoire et sa renommée. Hélas, Messieurs Gall et Mortier ont d'autres chats à fouetter. Heureusement, le Centre de musique baroque de Versailles (www.cmbv.culture.fr) n'a pas laissé passer l'occasion. Son directeur, Vincent Berthier de Lioncourt, annonce quatorze concerts autour du compositeur français du 6 septembre au 8 janvier. Au menu lyrique, on notera l'opéra d'église David et Jonathas dirigé par William Christie, Médée par Hervé Niquet, Actéon et Les arts Florissants par Christophe Rousset. Un grand merci à eux tous. Le Palais-Garnier rit de se voir si beau... Du 3 juin au 3 octobre, près de 400 colliers, diadèmes, bracelets et autres parures sont exposés au Palais-Garnier, dans la rotonde des abonnés. Ils ne constituent en fait qu'une petite part de la collection des bijoux de scène de l'Opéra de Paris qui compte au total 10 000 pièces. Les plus précieuses d'entre elles, 3 000 environ, ont été réunies en un fonds muséographique représentatif de la joaillerie de 1850 à 1930. C'est Marguerite qui va en avoir des occasions de rire. Vendanges tardives à Strasbourg... L'Opéra du Rhin (www.opera-national-du-rhin.com) joue la saison à thèmes. Vignoble alsacien oblige, Nicolas Snowman, son directeur, place le crû 2004-2005 sous le label des vendanges tardives. Ainsi, parmi les huit opéras proposés, sept sont des ouvrages ultimes : La Flûte enchantée de Mozart, Béatrice et Bénedict de Berlioz, L'incorazione di Poppea de Monteverdi, Falstaff de Verdi, Theodora de Haendel, Les Boréades de Rameau et Lulu de Berg. Une seule exception pour confirmer la règle : La tempête, création française du compositeur britannique Thomas Ades d'après Shakespeare. Vivat Bacchus, semper vivat. Robert Expert, un contre-ténor à contre-emploi... Robert Expert a le vent en poupe. L'Express a classé son disque récital Haendel-Vivaldi chez Arion avec l'Ensemble Arianna parmi les 100 meilleurs enregistrements de l'année 2003 et Eve Ruggieri lui a consacré au mois de mai un numéro entier de Musiques au Coeur. Pour les discophiles, son prochain récital Haendel paraîtra en avant-première le 18 août à l'occasion de l'ouverture du Festival de la Chaise-Dieu. Sur scène, on retient sa participation à L'ombre de l'âne, opéra-bouffe de Richard Strauss représenté dans le cadre du Festival de Radio France et de Montpellier. En octobre, le contre-ténor interprétera la mendiante dans Le luthier de Venise, une création de Gualtiero Dazzi au Théâtre du Châtelet. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il n'aura pas le physique de l'emploi mais Robert Expert est coutumier du fait : dans La Frontière, opéra de Philippe Manoury, il chantait le rôle du "Petit" ! Le disque en deuil... Il était une fois un agrégé de grammaire, élève de Georges Pompidou. Il rencontra Rénée Doria, fameux soprano français. Il l'épousa. Mais son amour du chant allait au-delà. Collectionneur de 78-tours, il décida un jour de vendre son appartement du Midi pour fonder, avec Claude Tendil et Carlo Ciabrini, la firme Malibran Music. Il entreprit alors de révéler au monde ces trésors d'un autre temps. La suite de l'histoire, vous la connaissez car elle se déroule chez vous, chez moi, dans notre discothèque. Elle s'appelle Endreze, Charles Cambon, Léon Campagnola et tant d'autres noms, qui, grâce à lui, continuent de chanter ... Il s'appelait Guy Dumazert. A 79 ans, il vient de nous quitter. La crise du disque n'a jamais eu autant de sens. Le festival de Radio-France-Montpellier aura bien lieu... Créé en 1985 à l'initiative de Radio France et de la Ville de Montpellier pour "concilier classique et inattendu, grands interprètes et jeunes espoirs, accents anciens et sonorités de demain... dans la grande tradition du service public", le festival de Radio-France-Montpellier avait été sacrifié en 2003 sur l'autel de la cause intermittente. Bonne nouvelle, l'édition 2004 ne devrait pas connaître le même sort. Georges Frêche, président de la région Languedoc-Roussillon, vient de l'annoncer. Les organisateurs et les intermittents ont défini un accord pour que les enjeux culturels et économiques soient préservés et qu'en même temps, les spectateurs soient informés du sens des revendications et du combat. L'amateur de raretés peut être soulagé ; comme à chaque fois, son goût de la découverte sera satisfait. Citons pour preuve L'ombre de l'âne, opéra-bouffe de Richard Strauss, Salomé d'Antoine Mariotte ou les créations françaises de L'empio punito d'Alessandro Melani et d'Il Re Teodoro in Venezia de Hans Werner Henze. Mimi prend ses aises... Après Les Noces de Figaro en 2003, Opéra en plein air (www.operaenpleinair.com) propose cet été La Bohème de Puccini dirigée par François-Xavier Roth et mise en scène par Maurizio Scaparro, ancien codirecteur du Théâtre de l'Europe avec Giorgio Strehler . L'occasion pour Mimi de prendre à la fois de l'air et du galon en installant sa mansarde dans les parcs de superbes châteaux : Sceaux du 8 au 12 juin, Vaux-le-Vicomte du 9 au 12 septembre et le palais du Luxembourg à Paris du 20 au 26 juin. A l'heure des congés payés, du 19 août au 4 septembre, la cousette s'offrira même quelques vacances en Italie au Festival de Torre del Lago puis en Belgique. Les chefs d'orchestre à l'honneur... Ricardo Muti faisait dimanche 30 mai l'affiche du Mai Musical Florentin en compagnie de la Philharmonie de la Scala dans un programme dédié à Schubert. A l'issue du concert, le maestro a reçu le " giglio d'oro " pour l'ensemble de sa carrière. Le prix lui a été remis au musée Bargello d'où les invités, pour patienter, avaient assisté à la retransmission de la deuxième partie du concert. Quelques jours après, c'était au tour de James Conlon d'être distingué en étant fait docteur honoris Causa de la prestigieuse Juilliard School de New York. Les malheurs de l'Orchestre de Paris Nous devons à l'Orchestre de Paris, dirigé par Antonio Pappano, la version française de référence du Don Carlos de Verdi. C'était en 1996 au Théâtre du Châtelet. Depuis, les affaires ne se sont pas arrangées. Brinquebalée de Pleyel à Mogador, la formation ne fait plus recette, à un point tel que le nombre de concerts a dû être réduit. Ainsi 40 soirées parisiennes sont prévues en 2004-2005 contre 55 la saison précédente. Et Il a fallu encore rogner sur les prix en révisant la quantité et la qualité des solistes invités. Dans ces conditions, le directeur musical Christoph Eschenbach s'est publiquement désolidarisé de la programmation et a officiellement protesté auprès de son ministre de tutelle. Autre conséquence de ces restrictions, les musiciens travaillent à mi-temps, tout en demeurant payés à plein temps. A ce régime privilégié, l'Etat et la ville de Paris font la grimace et s'interrogent sur la bonne utilisation de leurs subventions. Le conflit des intermittents qui secoue actuellement la France participe à cette prise de conscience. Enfin, pour parachever le tableau, se pose la sempiternelle question de la nouvelle salle de concert. Mais, compte tenu de la désaffection du public, a-t-elle vraiment encore lieu d'être ? Toi qui sus la vanité des grandeurs de ce monde... En 1996, Elisabeth nous avait pourtant prévenus. Une femme à la rescousse du Deutsche Oper Le Deutsche Oper traverse une zone de turbulence. Après le départ prématuré de Udo Zimmermann, son intendant, c'est Christian Thielemann qui vient de claquer la porte car la ville de Berlin ne lui avait accordé que la moitié de la subvention demandée. Kirsten Harms, une femme comme son prénom ne l'indique pas aux irréductibles francophones que nous sommes, a été désignée pour rétablir la situation. Elle prendra ses fonctions à la rentrée et jusqu'en 2011. Comment dit-on bonne chance en allemand ? Capriccio sans Thielemann L'ère Gall se clôturera par une nouvelle production de Capriccio au palais Garnier du 16 juin au 8 juillet. Hélas sans Christian Thielemann. De mauvaises douleurs dorsales ont contraint le chef d'orchestre (victime d'un faux mouvement en claquant la porte du Deutsche Oper ?) à déclarer forfait. L'autrichien Gunther Neuhold le remplacera en juin et l'allemand Ulf Schirmer en juillet. Pour le moment, la comtesse reste Renée Fleming et Clairon Anne Sophie Von Otter. Robert Carsen signe la mise en scène. Hommage aux castrats Le dernier des castrats a disparu il y a 100 ans. Pourtant, leur voix continue de nous fasciner et nous intriguer. Les contre-ténors ont pris depuis la succession et, en s'appropriant leur répertoire, nous donnent une idée de leur splendide étrangeté vocale. L'un d'entre eux, Duy-Thônh Nguyen leur rendra hommage en l'église Saint-Julien-le-Pauvre à Paris, les 27 mai, 7 juin, 26 juillet, 9 août et 16 septembre. Quoi de neuf à L'Avant-Scène Opéra ? Tout le monde connaît le principe de L'Avant-Scène Opéra (www.asopera.com) : une revue pour un ou deux opéras avec le livret, l'analyse musicale de la partition, une comparaison discographique et une flopée d'articles plus passionnants et instructifs les uns que les autres, tout cela au diapason de l'actualité scénographique. Ainsi, après les Paladins de Rameau, le prochain opus sera consacré à Hercules de Haendel, bientôt représenté au Festival d'Aix-en-provence puis à l'Opéra de Paris. A signaler aussi, le lifting complet dont viennent de bénéficier les numéros dédiés à Otello et à Turandot. Roberto Alagna déménage... Changement de maison de disques pour
Roberto Alagna. Le meilleur des ténors français, le plus
cabotin aussi, quitte la firme anglaise EMI pour signer un contrat d'exclusivité
avec la Deutsche Grammophon et Universal Music France. Pour le moment,
seul serait prévu un album de " crossover ". Quand on pense au Des
Grieux qu'il vient de nous offrir à l'Opéra Bastille, c'est
tout de même un peu dommage.
Fourvières, un festival ouvert... Le Festival des nuits de Fourvières (www.nuitsdefourviere.fr) à Lyon est ouvert à toutes les formes de spectacle vivant et à tous les continents. Le théâtre musical y trouve naturellement sa place. Ainsi, Philippe Glass présentera Orion, une rencontre entre musiques du monde et musique contemporaines. Mais l'événement reste la création française de I La Galigo, la nouvelle production de Robert Wilson qui combine artistiquement danse, musique, opéra, théâtre et arts martiaux. L'ouvrage s'inspire d'un poème monumental indonésien de 60 000 vers, composé d'un grand nombre d'épisodes, dans divers lieux et avec plusieurs centaines de personnages. Rhoda Grauer, qui signe l'adaptation, a évidemment simplifié la trame pour parvenir à un résultat qui ne représente "qu'un douzième du tiers de l'oeuvre total". On l'avoue humblement, ça rassure un peu. |
Maria Bayo |
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