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LE JARDIN DES VOIX
Œuvres de,
Purcell, The Indian Queen (ext.)
Mazzochi, La catena d’Adone (ext.)
Rossi, Un peccator pentito
Lambert, Que d’amants séparés
Lambert, Vos mépris chaque jour
Charpentier, Vénus et Adonis (ext.)
Rameau, Pygmalion (ext.)
Campra, Enée et Didon (ext.)
Haendel, Radamisto (ext.)
Haendel, Amadigi (ext.)
Mozart, Ascanio in Alba (ext.)
Grétry, Zémir et Azor (ext.)
Philidor, Tom Jones (ext.)
Amel Brahim-Djelloul, soprano
Claire Debono, soprano
Judith van Wanroij, soprano
Xavier Sabata, contre-ténor
Andrew Tortise, ténor
André Morsch, baryton
Konstantin Wolff, baryton-basse
Les Arts Florissants
William Christie
1 CD Virgin, 0946 3 38154 2 1
A peine cueilli, déjà fané
« L’Académie des Arts Florissants pour les
jeunes chanteurs ». Le projet est clair et clairement
annoncé : le Jardin des voix c’est un peu Le petit conservatoire de Mireille
assaisonné à la sauce baroque. Formalisé depuis
quelques années le produit n’est, en soi, pas franchement
nouveau pour autant. C’est même la marque de fabrique de
William Christie, depuis toujours, que d’avoir su
s’entourer de jeunes individualités prometteuses. Quelques
noms en passant : Véronique Gens, Jean-Paul
Fouchécourt, Sandrine Piau… Un exemple brillant :
son récent Così à l’Opéra de Lyon.
Le principe du Jardin est
simple : offrir à de jeunes artistes remarqués par
le maître à la fois un complément
d’enseignement et une première expérience
scénique. Mais par rapport à la « vieille
garde » précitée, Christie est passé
à la vitesse supérieure. Là où nos grands
noms du jour ont péniblement gagné leurs galons par un
cursus honorum patient (du chœur au premier-plan), Bill projette
aujourd’hui ses nouveaux protégés sur le devant de
la scène en comptant sur l’excitation de
l’apprentissage sur le tas plus que sur les acquis d’un background gagné de haute lutte.
Le procédé a plutôt bien fonctionné avec des
découvertes récentes comme Blandine Staskiewicz ou la
belle (presque trop belle, voir le récent Te Deum
du chef) basse Joao Fernandes. Nos lauréats du jour ont
déjà connu l’épreuve de la scène sous
la houlette de Christie : pensons à sa superbe Poppée
lyonnaise qui donne bien des transfuges au présent
enregistrement. Mais justement, jugé à l’aune du
disque que Virgin nous propose aujourd’hui l’entreprise
pour être méritoire n’en laisse pas moins hautement
songeur. Le Jardin des voix
ou la faillite du système Christie ? Soyons francs :
un bon tiers, au moins, de ce qui nous entendons ici suscite
l’ennui.
De l’art de la maturation dans la culture de son jardin, en
somme ! Fallait-il, en effet, vraiment fixer les
éclats/cris de Xavier Sabata dans Amadigi ?
Peut-on décemment considérer que l’expiration
désespérée de Amel Brahim-Djelloul à la fin
son air de l’Ascanio mozartien méritait de passer à la postérité ?
Le problème est même plus profond : là
où Christie enchantait, il y a encore peu, ne subsiste
aujourd’hui qu’une trame sonore à peine propre. Se
contentera-t-on du minimum syndical gentillet de Fairy Queen, de l’inertie du Peccator pentito ?
Pour ce dernier au moins, en regard de l’enregistrement
précédent du chef, ces cinq minutes sont à pleurer
de rage.
Dommage pour le versant « XVIIème »,
déroutant ou insipide, ou encore franchement
décevant ; au choix ! Les Lumières voient
Christie plus à l’aise et ses troupes moins discutables.
Haendel passe plutôt pas trop mal (ce qui est en soi,
déjà, une victoire). Rameau irradie : Andrew
Tortise, vrai format de haute-contre à la française, est
une personnalité à suivre. Mozart est, au moins à
l’orchestre, une franche réussite ; le chant, lui,
suit vaille que vaille. Grétry a une lumière
particulière et une ligne enchanteresse. Philidor conclut par un
feu d’artifices cet album diesel qui met une bonne demi-heure à se chauffer. Bravo pour le XVIIIème.
Bref, la photo de classe de cette promotion navigue entre le ratage et
l’envie d’en savoir, quand même, un peu plus. On
préfèrera, finalement, croire à une erreur de
programme et ne pas trop se poser de questions…
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