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NEW YORK
13/01/2007
© DR
Giuseppe VERDI
LA TRAVIATA
Livret de F.M.Piave
D’après La Dame aux Camélias d’Alexandre Dumas Fils
Production : Franco Zeffirelli
Décors : Franco Zeffirelli
Costumes : Raimonda Gaetani
Eclairages : Duane Schuler
Chorégraphie : Maria Benitez
Dramaturgie : Kristine McIntyre
Violetta : Hei-Kyung Hong
Alfredo : Wookyung Kim
Germont : Dwayne Croft
Gastone : Tony Stevenson
Flora : Leann Pantaleo
d'Obigny : James Courtney
Douphol : Louis Otey
Grenvil : LeRoy Lehr
Annina : Kathryn Day
Giuseppe : Marty Singleton
Un messager : Joseph Pariso
Orchestre et chœurs du Metropolitan Opera de New-York
Direction : Carlo Rizzi
New-York, 13 janvier 2007 (soirée)
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PROFESSIONNALISME
La Traviata produite par Franco Zeffirelli fait partie de ces
spectacles qui attirent invariablement le chaland : décors
somptueux, costumes bigarrés, impressionnants changements
à vue, bref, beaucoup d’esbroufe mais au détriment
du théâtre. De ce point de vue, un tel spectacle
n’est pas nécessairement propice à attirer de
nouveaux spectateurs à l’art lyrique, sinon pour de
mauvaises raisons. Nous ne reviendrons pas sur les qualités et
les défauts de cette production que nous avons largement décrites dans ces mêmes colonnes en 2006 comme en 2001.
Chantant depuis plus de vingt ans au Metropolitan (elle y fit ses
débuts en 1984), Hei-Kyung Hong est une chanteuse attachante
à qui nous devons beaucoup de soirées mémorables
(notamment ses Liu aux côtés de Luciano Pavarotti que
Paris eut également la chance d’apprécier en 2002 mais parfois quelques choix moins judicieux comme son Antonia.
Sa Violetta est à l’image de ses qualités et de ses
défauts, transformant une soirée de routine en
authentique moment d’opéra. Le chant est parfait
généreux en pianissimi extatiques, les vocalises du
« Sempre libera » impeccables (on ne regrette que
l’absence du mi bémol conclusif), la voix est ample,
pleine d’émotion. On ne peut guère reprocher
qu’un manque de largeur perceptible dans « Amami
Alfredo » par exemple) mais aussi une relative absence de
charisme qui la rend plus attachante que bouleversante.
Finalement, le soprano est plus particulièrement à son
aise au dernier acte, offrant un magnifique « Addio del
passato » dans la lignée de ses Liu.
Autre chanteur d’origine coréenne, Wookyung Kim fait ici
ses débuts en Alfredo (si l’on excepte les
représentations estivales dans Central Park, déjà
aux côtés de Hong) : on chercherait vainement les
défauts de certains chanteurs asiatiques tant la voix parait
italienne par son phrasé et sa musicalité. La voix est
saine et pleine de ressources (nous aurons droit au contre ut à
l’issue de l’unique couplet de la cabalette « O
moi rimorso »), l’acteur intelligent :
quoiqu’un peu jeune, ce ténor est déjà plus
qu’une promesse et ce n’est pas pour rien que le concours Operalia lui a décerné son premier prix en 2004.
Remplaçant Charles Taymor initialement prévu, Dwayne
Croft est un Germont froid et hautain, particulièrement
antipathique. Si le legato est impeccable, on constate avec surprise
des aigus un peu tendus dans le « Di Provenza »,
privé de sa cabalette, alors que ce chanteur est plutôt
à l’aise habituellement dans ce registre.
Comme d’habitude, les seconds rôles sont magnifiquement
tenus : une telle qualité et une telle
homogénéité devraient faire pâlir
d’envie bien des grandes scènes mondiales.
A la tête d’un orchestre pour une fois un brin
négligent, Carlo Rizzi ne convainc pas toujours par son approche
un peu désordonnée, manquant de vision d’ensemble.
Au final, les satisfactions l’emportent néanmoins sur nos
réserves : une fois de plus, la
« dévoyée » a gagné la
partie.
Placido Carrerotti
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