Forum Opéra
LE MAGAZINE DE L'OPÉRA ET DU MONDE LYRIQUE

 

Les brèves... 




Septembre
2004

 

30/09/04

James Conlon goes home...

Il avait annoncé en quittant l'ONP son intention de ne plus avoir de domicile fixe. James Conlon n'aura pas résisté longtemps aux sirènes des théâtres lyriques. Il vient d'accepter la direction musicale de l'Opéra de Los Angeles en remplacement de Kent Nagano et prendra ses fonctions en juin 2006 pour une durée de trois ans. Le chef d'orchestre américain explique ce changement de décision dans sa langue maternelle enfin retrouvée : "I said that to them, too, when they came to me: I'm not looking for a job right now. When they described to me what is possible to do at the LA Opera and what is going to be possible to do in the coming years, it was so exciting and persuasive that I just couldn't resist" La preuve que Placido Domingo, directeur artistique de l'établissement californien, sait être aussi convaincant en ville que sur scène. Le tenor espagnol justifie son choix en connaissance de cause : "Because of his involvement with Paris National Opera's productions at both the Opera Bastille and the Palais Garnier, James Colon has been artistically responsible for a wider repertoire and a greater number of performances than any other musician of today ". Comment dit-on "Cocorico" en anglais ? [CR]

"Mésentente Cordiale" entre Londres et Milan...

Alors que le Royaume Uni et la France fêtent le 29 septembre au Palais Garnier le centième anniversaire de "L'Entente Cordiale", rien ne va plus entre Londres et Milan. La production de "La Forza del Destino" créée à la Scala de Milan devait servir d'écrin à une nouvelle production au Covent Garden sous la baguette de Riccardo Muti. Evénement d'autant plus rare que les apparitions du "Duce" pour diriger des opéras hors d'Italie sont plutôt rarissimes (sauf pour les japonais). Hélas, le décor conçu par Hugo de Ana pour la Scala exigeait quelques modifications pour "rentrer" sur la scène plus exiguë du théâtre londonien, sans parler du respect des réglementations locales de sécurité. Malgré plusieurs propositions d'aménagement (dixit Covent Garden, non démenti par la Scala), Hugo de Ana n'a rien voulu savoir et n'a d'ailleurs rien proposé en ce sens (dixit et non dixit des mêmes), refusant finalement que son nom apparaisse sur le programme et entraînant Muti dans son retrait du spectacle. Furieux de cette "tempête dans un verre de chianti", le Royal Opera a réussi à débaucher son directeur musical pour reprendre dignement le flambeau : Antonio Papano a d'ailleurs du annuler un certain nombre de concerts à cet effet (d'autres mécontents en perspective). Bonhomme, la Scala s'est contenté de souhaiter que sa prochaine coopération avec Londres puisse se passer dans de meilleures conditions. A qui revient vraiment la faute ? Difficile de le dire sur la foi de simples déclarations mais certains spectateurs français se souviendront d'expériences similaires : par exemple, une coproduction La Scala / Théâtre des Champs Elysées pour "Guillaume Tell", initialement prévue autour d'un spectacle de Luca Ronconi créé à Milan, et pour lequel il fallu in extremis faire appel à P.L Pizzi. ; à cette occasion, le théâtre milanais n'avait aucunement tenu compte des caractéristiques techniques des scènes partenaires. [PC] 

Casse-croûte à Bastille...

L'Opéra de Paris propose désormais un rendez-vous musical régulier le jeudi à l'heure du déjeuner (13h-14h), au Studio Bastille. Au programme, concert de musique de chambre par les musiciens de l'Orchestre de l'Opéra, rencontre avec une personnalité de l'actualité lyrique, projection ou encore conférence. Le bar sera ouvert une demi-heure avant le début de la manifestation : il es vrai que "ventre affamé n'a pas d'oreille". Début des hostilités le 21 octobre, avec Gérard Mortier "himself". Exceptionnellement, le bar ne vendra pas de tomates ! [PC]

Une chanteuse de quat' sous ...

On la connaît plus pour son "Etienne, Etienne" que pour son "Vissi d'Arte". Guesh Patti a été choisie pour interpréter Jenny-des-Lupanars dans " L'Opéra de Quat'sous" de Brecht, musique de Kurt Weill, au Théâtre de la Colline à Paris. Danseuse de formation (elle faillit intégrer le corps de ballet de l'Opéra de Paris et commença sa carrière chez Roland Petit), elle avoue ne pas savoir lire la musique et ne pas connaître l'allemand. Sa volonté peut être saluée. Après des heures de travail phonétique et de répétition sous la direction attentive et amicale de Jean-Claude Malgloire, elle a trouvé sa place dans le spectacle et se dit heureuse de tenir ce rôle. Et, elle nous l'a suffisamment chanté pour que nous n'en doutions pas, quand elle tient quelque chose, elle le tient bien. [CR]



28/09/04

Pas de grasse matinée au Châtelet ...

Dans quelques jours s'ouvre au Théâtre du Châtelet le cycle des concerts du dimanche matin. Le consommateur de belles voix n'hésitera pas à se lever de bonne heure le 3 octobre pour le récital que Jennifer Larmore consacre à Rossini. Paradoxe musical, son réveil sonnera aussi le 14 novembre, un matin d'automne, pour "Les nuits d'été" interprétées par Marie-Nicole Lemieux. Le 12 décembre, Lynne Dawson mettra à mal sa grasse matinée en lui chantant quelques airs d'opéras de Haendel. Philippe Jarrousky le tirera du lit le 23 janvier avec un programme Vivaldi. Enfin, Salomé Haller et deux cantates de Haendel lui serviront de prétexte pour ne pas rester sous la couette le 6 février. A signaler que, dans le même temps, des ateliers en liaison avec le programme du concert sont proposés gratuitement aux enfants. Désormais, les dimanches, Il est onze heures, Paris s'éveille. [CR]

Bartoli encore...

Avant de refermer définitivement la page parisienne de Cecilia Bartoli pour cette saison, ses admirateurs jetteront un coup d'oeil à l'émission "Envoyé Spécial" programmée sur France 2 le jeudi 30 septembre. Un des reportages est consacré à leur diva préférée. On la verra enfourcher son scooter avec un gros anorak sur le dos par une température de plus de 25°. On visionnera aussi les premières images du téléfilm sur Salieri. Gérard Depardieu incarne le compositeur tandis que la cantatrice raconte son histoire à un jeune garçon. Il devrait être diffusé sur France 2 en octobre. On y apprendra aussi comment Silvana éduquait sa fille en lui fourrant un bouchon dans la bouche. Après cela, Le pensionnat de Chavagnes, programmé sur M6 à la même heure, risque de sembler bien laxiste. [CR]

Hugues Gall rempile...

Allons bon, on avait déjà du mal avec le nouveau et voilà l'ancien qui revient. Le contrat d'Hugues Gall à la direction de l'ONP vient d'être prolongé jusqu'au 5 janvier 2005 sans pour autant que celui de M. Mortier soit remis en cause. Cette situation extraordinaire est due aux nouvelles dispositions sur le régime de retraite des personnels de l'Opéra. Pour bénéficier du relèvement des plafonds soit environ 1 000 euros supplémentaires par mois, M. Gall doit avoir cotisé pendant au moins six mois dans le cadre du nouveau système. Cette mesure a été décidée dans un souci d'équité car les gros salaires de l'établissement percevaient auparavant des pensions sans correspondance avec leur niveau de cotisations. Renaud Donnedieu de Vabres trouve là, quelques jours après l'affaire de Pleyel (voir plus bas), l'occasion de renfiler son costume de justicier. Décidément, au ministère de la culture, Zorro est arrivé. [CR]


24/09/04

Les malheurs de l'orchestre de Paris, sans domicile fixe depuis la vente de la salle Pleyel en 1998, seraient-ils terminés (lire les brèves de juin dernier) ? On le murmure. Un nouvel accord devrait être signé entre le gouvernement français et l'acquéreur, Hubert Martigny. Il permettrait d'aboutir à une sorte de contrat de location vente qui ferait de l'Etat le seul propriétaire de la salle au bout d'un certain nombre d'annuités. Ainsi, on revient de loin. Récapitulons. Il y a 6 ans, le Crédit Lyonnais, pris à la gorge, cède l'immeuble contre 10 millions d'euros environ et la promesse d'effectuer des travaux pour un montant d'1,5 millions d'euros. A cette époque, les pouvoirs publics se laissent bêtement souffler l'affaire. L'Orchestre de Paris, à la rue, se réfugie dans le Théâtre Mogador et perd un grand nombre de ses abonnés découragés par l'acoustique déplorable de sa nouvelle résidence. On envisage un moment la construction d'un auditorium. On hésite, on réfléchit, on cherche, on discute et pendant ce temps, la situation de l'orchestre ne s'arrange pas. Au contraire. Pour éviter le pire, Jean-Jacques Aillagon, alors ministre de la Culture, conclut dans l'urgence un arrangement. Hubert Martigny se frotte les mains. Le prix convenu du loyer est tel que tous les 6 ans il récupère sa mise de 10 millions d'euros. Le ministère des finances, effrayé, traîne heureusement des pieds pour entériner l'accord. Au printemps 2004, le gouvernement se remanie. Renaud Donnedieu de Vabres hérite de la situation, enfile son costume de Zorro et, de la pointe de l'épée, corrige la transaction. Le mélomane, soulagé, le remercie. Le contribuable aussi. [CR]

Les résultats du concours de chant de Toulouse...

 La parité est une nouvelle fois mise en défaut. Mais dans le sens inverse de l'habitude. Les hommes rentrent bredouilles du concours de chant de Toulouse. Le premier prix de l'édition 2004 n'a pas été attribué dans leur catégorie. La mezzo géorgienne Ketevan Kemoklidze accède seule à la plus haute marche du podium. Son nom vous est inconnu ? C'est normal, âgée de 20 ans, elle n'a pas encore eu le temps d'écumer les théâtres lyriques. Le 2ème prix est décerné d'une part à Robert Pomakov, basse canadienne de 23 ans et d'autre part à Na Shen, soprano chinoise de 30 ans. Le baryton argentin de 27 ans Armando Noguera et la soprano arménienne de 24 ans Liana Alexanyan se placent en troisième position. On range leur nom dans un petit coin de notre mémoire en attendant de les découvrir sur scène. [CR]

De Cecilia Bartoli à June Anderson...

L'admirateur parisien de Cecilia Bartoli, encore sous le charme de son récital au Théâtre des Champs Elysées le 22 septembre dernier, ne peut se résoudre à ranger définitivement dans sa bibliothèque le livre qui traite de son idole : "Les coulisses de l'opéra - Cecilia Bartoli - Cinderella & Company" de Manuela Hoelterhoff. Cette anecdote, extraite du bouquin, lui permettra peut-être de passer d'une diva à une autre. Un soir de Traviata au Lyric Opera de Chicago, June Anderson en méforme vocale demande à ce qu'une annonce soit faite au public avant le spectacle : "Mlle Anderson, souffrante, a bien voulu accepter de chanter, etc, etc". Or la mise en scène de cette production fonctionnait sur le système du flash-back. Dès le prélude, le rideau se lève sur la scène finale de l'opéra à savoir Violetta Valery, alias June Anderson, alitée, mourante, les Germont à son chevet, le docteur Grenvil en train de lui prendre le pouls. L'un des spectateurs, ignorant en matière d'opéra, se tourne alors vers son voisin et choqué, lui souffle à l'oreille : "Oh mon Dieu ! Elle a même appelé son médecin sur scène. Elle doit être vraiment très malade !". [CR]


19/09/04

Caterina Cornaro "in loco"...

Non, il ne s'agit pas pour la bonne reine de Chypre de prendre le train ! Mais plutôt d'une circonstance rare : Catarina Cornaro sera représentée en son île les 22, 24 et 25 septembre 2004 dans le cadre du Festival "Kypria 2004". Tosca, chef-d'oeuvre connu et reconnu fut monté à Rome dans les lieux où se déroule l'action, mais voir un opéra (plutôt rare) de Donizetti choisi par le lieu de son intrigue, est un événement. Il s'agit du soixante-neuvième opéra du Maestro qui pensait toucher avec le dernier, Dom Sébastien, l'aboutissement de sa carrière mais nous donna en fait là son ultime chef-d'oeuvre. A cause du lieu de création qui glissa de Vienne à Naples, sa composition alterna avec celle de deux autres oeuvres majeures Don Pasquale et Maria di Rohan. C'est dire en quel climat créatif est ciselé ce bijou renfermant tout le romantisme donizettien, ce quasi impossible compromis entre une ferveur quelque peu naïve, une chaleur passionnée mais toujours une délicatesse et une grâce picturales. Donizetti eut raison de s'inquiéter de ne pouvoir superviser la création (en 1844) car elle fut mal accueillie... Pourtant, il ne ménagea pas, dans ses lettres, ses recommandations à celui qui devait veiller sur l'événement, Saverio Mercadante. Un ami mais aussi un rival sans doute jaloux car le bon Gaetano était loin de se douter de la malveillance de son collègue dont les propres lettres témoignent encore... Une heureuse reprise à Parme avec un nouveau finale devait consoler notre musicien européen que le destin laisserait quitter à jamais la Vienne du respect pour le Paris de la honte. [YB]

Le luthier de Venise : du conte à l'opéra

Le festival "Octobre en Normandie" verra la création du Luthier de Venise de Gualtiero Dazzi sur un livret de Claude Clément. Alain Altinoglu assure la direction musicale avec pour chefs de choeur Laurence Equilbey et Geoffroy Jourdain. Il s'agit d'un conte musical, une fable qui peut aussi bien s'adresser aux enfants qu'aux adultes. Sur fond de carnaval et de grand canal, il y est question d'un prince, d'un violoncelliste, d'un luthier... et d'un instrument magique qui ne se laisse apprivoiser que par des doigts agiles mus par un coeur talentueux et sincère. Qui de Pierrot (Catherine Dubosc / Salomé Haller), de la mendiante (Daniel Gundlach / Robert Expert), du chat (Christine Buffle / Pauline Courtin) ou du luthier (Laurent Alvaro / Roland Nedelec) saura conquérir le crincrin ? La réponse sera donnée les 7 et 8 octobre au Théâtre des Arts de Rouen et, pour les parisiens, les 14, 19 et 20 octobre au Théâtre du Châtelet. [CR]

Embarquement pour Grenoble

Rien à voir avec Axel Bauer et son tube d'il y a 20 ans, car le Cargo de Grenoble, s'il est le plus souvent de nuit, ne générera pas l'ennui. La preuve est faite tout d'abord et en avant-première avec La Grande Duchesse de Gerolstein (conférer Les brèves du mois dernier). Devraient suivre plus de quarante concerts classiques, jazz ou musiques du monde qui côtoieront 247 représentations de danse et de théâtre. Pour ce qui intéresse l'art lyrique, citons très prochainement "Les nuits d'été" de Berlioz et Il triompho del Tempo e del Desinganno de Haendel dirigés par Marc Minkowski. En attendant le site officiel pour disposer en ligne des programmes complets, on peut rappeler que le bâtiment a presque 40 ans (il s'agit d'un de ces prototype des Maisons de la culture chères à André Malraux alors ministre de la culture), que son architecte, André Wogenscky, est décédé le 5 août dernier et qu'il vient de faire l'objet d'une recomposition architecturale confiée au maître d'oeuvre Antoine Stinco. Il s'agit d'ailleurs du plus gros chantier culturel en France depuis le modernisation du Centre Pompidou, soit 42,4 millions d'euros. C'est pour cela, entre autres, qu'on en parle. [CR]

En attendant Jaroussky

Après avoir écumé le Festival d'Ambronay le 9 octobre, la nymphe fidèle, La fida ninfa d'Antonio Vivaldi, plongera, toujours sous la direction de Jean-Christophe Spinosi, dans les eaux du Théâtre des Champs-Élysées le lundi 18 octobre. Les fans de Philippe Jaroussky, encore sous le choc de son Ruggiero dans Orlando furioso la saison dernière avec la même équipe et au même endroit (lire la brève consacrée au disque de la rentrée sur ce sujet), se réjouissent déjà de retrouver leur contre-ténor favori sous les traits d'Osmino. Pour tromper leur impatience, ils peuvent relire l'entretien accordé à Forum Opéra en octobre 2002, écouter inlassablement "Un concert pour Mazarin" enregistré dans la foulée du contrat exclusif signé avec Virgin Classics. Ils peuvent aussi rêver aux cantates de Vivaldi avec Artaserse qui, après les concerts de cet été, ne devraient pas tarder à paraître. Quant aux projets d'opéra, il leur faudra attendre 2005 avec le rôle d'Eustazio dans Rinaldo de Haendel à l'Opéra des Flandres et enfin le rôle-titre de la même oeuvre avec Jean-Claude Malgoire au Théâtre des Champs-Élysées [CR]


14/09/04

Meyerbeer sur les lieux de l'action...

L'Opéra de Münster ouvre sa saison 2004/2005 avec "le Prophète" de Meyerbeer, ouvrage dont l'action se passe précisément dans cette ville (l'opéra finit même par l'incendie de sa cathédrale). Au-delà de l'intérêt anecdotique de cette localisation, les amateurs du compositeur seront heureux d'apprendre que c'est la nouvelle édition critique qui servira de base à cette production, mais malheureusement avec des coupures. Beaucoup d'inconnues subsistent : les dates de reprises durant la saison ne sont pas définitives, plusieurs distributions alternent dont les noms n'évoqueront pas grand-chose au grand public (Daniel Magdal en Jean de Leyde, Suzanne MacLeod en Fidès ou Carmen Acosta en Berthe) sans qu'on sache qui chante quand, l'étendue des coupures n'est pas connue,... Pas de quoi en faire un fromage tout de même. [PC]

Saison 2006-2007 : premières rumeurs...

La saison 2004-2005 n'est pas encore entamée que déjà se dresse l'ombre de la suivante. Le forum, toujours en avance sur son temps, bruit déjà sous la promesse des spectacles à venir. Au Châtelet, on attend "Le ring" signé Bob Wilson avec Peter Seiffert, "L'Orfeo" d'Emmanuelle Haïm et une "Padmâvati" conduite par Jean-Claude Casadesus. Mais, plus encore, l'édition 2006-2007, qui marquera l'avènement de Jean-Luc Choplin, s'annonce passionnante avec "Les huguenots" de Meyerbeer, le Samson de Ben Heppner et la Dalila d'Olga Borodina, "Thaïs" de Jules Massenet interprété par Renée Fleming et Thomas Hampson et la Carmen d'Anne-Sophie Von Otter qui déjà suscite la controverse. Détails et débats à suivre en ligne. [CR]

Penderecki : retour à Paris...

Le 3 octobre prochain verra la création parisienne, au Théâtre Mogador, des "Sept Portes de Jérusalem", dernier opus du compositeur des "Diables de Loudun ". Krzysztof Penderecki conduira lui-même l'Orchestre Symphonique National de la Radio Polonaise et le Chúur Mixte de la Radio de Cracovie. Au sein d'une distribution entièrement polonaise incluant la soprano Isabella Klosinka, Agnieska Rehlis (alto) et le ténor Adam Zdunkowski, on reconnaîtra la basse Romuald Tesarowicz, grand habitué de l'Opéra de Paris dans les années 90. Après son "Requiem Polonais", ses "Te Deum", "Credo" et autres "Passion", c'est à nouveau un sujet religieux qui inspire le musicien pour une úuvre vocale : un bon p'tit diable, en somme. [PC]

Les p'tits papiers de l'Opéra de Paris...

Toute la ville en parle ! Depuis l'ouverture de l'Opéra-Bastille, le public parisien avait droit à chaque spectacle à un petit feuillet précisant la distribution du jour ; élémentaire courtoisie : au regard du prix des places et compte tenu des changements de distribution inévitable, c'est bien le moins de savoir qui chante. En cela, l'Opéra de Paris ne faisait d'ailleurs que se plier (avec quelques décennies de retard il est vrai) aux habitudes des grandes maisons lyriques (certains théâtres offrent même le programme, comme le Metropolitan). Hélas, ce maigre présent (quelques centimes d'euros tout au plus) n'aura pas résisté à la furie budgétivore de l'administration et les spectateurs de la première saison de Gérard Mortier en seront ainsi privés. Motif invoqué : il fallait financer "Ligne n°8" la revue nouvellement créé par l'Opéra (on voit mal le rapport puisque cette revue d'auto-publicité ne donne aucune information sur les distributions). Après avoir augmenté le prix des places de 110 à 160€ pour les plus chères et de 9 à 20 € pour les galeries, la direction considère sans doute que ses nouveaux clients auront les moyens de s'acheter un programme à 11€. [PC]

Le palmarès 2004 d'Operalia...

La presse s'est peu étendue sur le sujet car ils ne sont encore pas suffisamment connus du grand public. Mais, depuis le 29 août dernier, les grands vainqueurs du concours de chant Operalia Placido Domingo ont été désignés. Sur 362 candidats issus de 56 pays (dont 2 jeunes français, Sébastien Guèze et Avi Klemberg), c'est le ténor Woo Kyung Kim qui emporte le premier prix. Son curriculum vitae mentionne déjà un Alfredo de "La Traviata" en 2001 sous la baguette de James Levine et un Soliman de Zaïde au Prinzregenten Theater. On a pu l'apercevoir en concert avec Montserrat Caballe et sur la scène de la Monnaie dans la création de "Ballata ". A ses côtés, huit autres jeunes artistes se partagent les palmes. En effet, devant l'excellent niveau de la compétition, Le jury a décidé de créer 4 prix supplémentaires en plus des cinq déjà existants (1er prix, 2ème prix, 3ème prix, prix de la zarzuela et prix du public). Les lauréats sont présentés en ligne sur le site officiel de la manifestation. [CR]

XVIII - 21 musiques des lumières nous invite au voyage...

Tous les chemins mènent à Rome. Jean-Christophe Frisch et sa formation "XVIII-21 musiques des lumières" nous le prouvent en les explorant un par un. A partir de l'Italie de Tiepolo et Caravage, ils ont suivi Marcello à la découverte des musiques juives, Scarlatti à la conquête de l'Espagne, Pedrini en Chine, Esteves au Brésil mais aussi les musiques ottomane, persane, afghane... En 2005, Pietro della Valle ira jusqu'en Inde pour revenir, preuve faite, à l'Italie de Domenico Scarlatti (et son opéra Narciso) et Barbara Strozzi. Une nouvelle voyageuse, Sophie Roughol, les accompagne désormais. Elle prend en charge la communication et la diffusion au sein de la formation. Ancienne responsable de la communication de l'Auditorium de Dijon, Sophie Roughol a collaboré dans le domaine de la musique ancienne et baroque avec Classica-Répertoire, Goldberg et Crescendo. Elle a également publié cinq ouvrages aux éditions Naxos. A tous ces titres de gloire, Sophie en ajoute un que nous chérissons tout particulièrement : rédacteur de Forum Opéra. [CR]

Tout va bien pour le Fantôme...

Alors que la comédie musicale de Lloyd Webber continue de faire le plein depuis près de 20 ans et des deux côtés de l'Atlantique, son adaptation cinématographique va enfin voir le jour. Derrière la caméra, Joel Schumacher, à qui l'on doit entre autres quelques "Batman ". Gerard Butler (Dracula 2001 !) incarnera le Fantôme. A ses côtés, Emmy Rossum (Le Jour d'après) en Christine et Patrick Wilson en Raoul (une photo vaut mieux qu'un long discours :). Rien que de la première qualité comme on le voit. Sortie en décembre, avec une première prévue au Palais Garnier : une manière pour le Fantôme de se retrouver dans ses murs. Une manière aussi pour Puccini de revenir à l'Opéra par la porte de derrière : le thème principal du "Phantom" est notoirement inspiré de... "La Fanciulla del West" ! Qu'en pense Gérard Mortier ? [PC]

Tout va même TRES bien pour le Fantôme...

Une nouvelle version du "Phantom of the Opera" d'Andrew Lloyd Webber sera prochainement adaptée pour le Venetian Resort Hotel Casino de Las Vegas. Destinée à devenir l'attraction permanente de l'hotel, le musical sera réduit de 2h20 à 1h30 mais densifiée en effets spéciaux : on ne change pas une équipe qui gagne et Harold Prince, talentueux artisan de la réussite visuelle du show (et à qui l'on pardonne quelques emprunts à la version cinématographique de Lon Chaney...), signera encore une fois la mise en scène. Pour l'occasion, l'éphémère Guggenheim Las Vegas Museum, fermé depuis janvier 2003, sera transformé en un théâtre destiné à accueillir le spectacle de manière permanente (ouverture au printemps 2006). Coût des travaux : 35 millions de dollars ; c'est cher, mais que ne donnerait-on pas pour se débarrasser d'un musée d'art contemporain en plein désert ? Rassuré sur son avenir financier immédiat, Sir Andrew s'est remis à la composition et proposera prochainement "The Lady in White", un thriller victorien inspiré de l'úuvre homonyme de Wilkie Collins. Un choix un peu déconcertant a priori mais, avec un patrimoine estimé à quelques 720 millions d'euros, le compositeur anglais peut prendre le risque d'un four de plus après les relatifs échecs d' "Aspect of Love", de "Sunset Boulevard" ou de "Whistle down the wind", histoire de prouver qu'il n'a pas encore perdu la main. [PC]


08/09/04

L'opéra sur grand écran ...

Paris accueille du 24 septembre au 26 septembre un festival inhabituel qui réjouira les plus cinéphiles d'entre nous. En effet, durant ces 3 jours, les films produits par le Théâtre français de la Musique à Compiègne sont projetés dans la salle du cinéma "L'Archipel", boulevard de Strasbourg. Les réjouissances démarrent le premier soir à 18 heures avec un récital de Gabriel Bacquier suivi, à 18 heures 30, par La Périchole d'Offenbach puis, à 21 heures 30, par Une Education Manquée de Chabrier-Milhaud. Le lendemain, La jolie Fille de Perth de Bizet sera sur les rangs dès 15 heures. La soirée sera consacrée aux Noces de Figaro dans la nouvelle adaptation et traduction d'Eric Emmanuel Schmidt. L'auteur devrait d'ailleurs offrir une conversation publique avec Pierre Dyens. Le dernier jour débutera à 17 heures par une carte blanche donnée à Isabelle Philippe, soprano révélée dans Dinorah. L'enchaînement avec la projection de l'oeuvre de Meyerbeer, à 17 heures 30, n'en sera que plus naturel. A ce jour, les seules informations en ligne sont sur le site de L'Archipel. [CR]

Joan Sutherland, Reine du Bush...

Unique apparition de la soprano australienne au cinéma, "Dad and Dave : on our selection", tourné en 1995, vient de sortir en DVD en Grande Bretagne. Inspiré des chroniques de Steele Rudd, le film conte les déboires tragi-comiques d'une famille de fermiers venue s'installer dans le Queensland au tournant du XIXème siècle. Malgré la présence de la diva, qui incarne avec simplicité la mère des 5 enfants de la tribu, nous ne conseillons ce chef d'oeuvre qu'aux férus d'humour australien, collectionneurs et autres masochistes. [PC]

La vérité sur le manuscrit des Contes d'Hoffmann...

Allons bon, on croyait l'énigme des Contes d'Hoffmann définitivement résolue avec la découverte de la partition dans les archives de l'Opéra de Paris (Lire Les brèves du mois de juillet ) ou, du moins, on essayait de s'en convaincre, et Jean-Christophe Keck dans le dernier numéro d'Opéra International balaye en 2 pages nos certitudes. C'est bien joli mais, à force, on ne sait plus à quel musicologue se vouer. Le mélomane désemparé tentera d'éclairer sa lanterne à l'auditorium du Louvre, le 2 octobre. "Classique en images" propose à 20h30 un "thriller musical" de Gérard Caillat intitulé "Le Manuscrit Disparu ou l'Histoire des Contes d'Hoffmann ". Que Belphégor nous vienne en aide. [CR]

Le syndrome Mozart ?

Mozart était-il atteint du syndrome analysé en 1885 par Gilles de la Tourette, et qui porte son nom ? C'est ce que suggère un documentaire britannique dont la diffusion est prévue en octobre sur Channel 4. Analysant correspondance et témoignages, les auteurs ont estimé que le compositeur était probablement atteint de cette affection, laquelle se caractérise par de l'hyperactivité, des tics (en particulier phoniques), et des obsessions (parfois scatologiques) ... Du statut de joyeux provocateur, Wofgang passerait donc à celui plus commun de victime. Prochain documentaire : "Qu'est-ce qui a rendu sourd Beethoven ?" [PC]

En attendant Bartoli ...

Cecilia Bartoli sera à Paris, au Théâtre des Champs-Élysées, dans moins de 3 semaines, le 22 septembre exactement, et ses fans - ils sont nombreux - trépignent déjà d'impatience. Ils peuvent toujours tromper leur impatience en relisant les meilleurs passages du livre de Manuela Hoelterhoff : " Les coulisses de l'opéra, Cecilia Bartoli, Cinderella & Company ". Pour le plaisir, je dévoile une de ces anecdotes dont le bouquin n'est pas avare. A l'occasion d'un récital donné au château de Windsor, la cantatrice, accompagnée de sa mère Silvana, savait qu'elles seraient présentées au Prince Charles. Pour l'occasion, elle l'avait longuement entraînée à répéter en anglais "Votre Altesse Royale ". Enfin arriva le moment tant attendu et Silvana, quand vint son tour de parler au futur roi d'Angleterre, était tellement émue qu'elle en oublia toutes les leçons et ne parvint qu'à bredouiller un bien peu shakespearien "Buona sera ". [CR]


02/09/04

Jürgen Flimm à la tête de Salzbourg...

La cuvée 2004 de Salzbourg s'achève sur une bonne note, celle de La ville morte de Korngold signée Willy Decker. Dans le même temps, on apprend que le metteur en scène allemand Jürgen Flimm, 63 ans, prendra la direction artistique du festival à partir d'octobre 2006. Il remplacera son compatriote, le compositeur Peter Ruzicka qui souhaite se consacrer davantage à la création musicale. Nommé à l'unanimité par le comité directeur pour une durée de 5 ans, Jürgen Flimm a commencé par s'affirmer en déclarant à la presse qu'il comptait être "un directeur à plein temps à Salzbourg". Une pierre de plus dans le jardin de Gérard Mortier qui s'était vu reprocher ouvertement sa trop faible présence dans la ville natale de Mozart. S'il vous plait, messieurs, n'en jetez plus, la cour va bientôt être pleine. [CR]

L'opéra français selon Gérard Mortier...

Gérard Mortier, puisqu'on en parle, révèle cette semaine dans un entretien accordé au Figaro ses projets en ce qui concerne l'opéra français. Des noms sont lâchés : Les Troyens en provenance de Salzburg dirigé par Sylvain Cambreling, Louise de Charpentier mise en scène par André Engel, La juive mené à la baguette par Marc Minkowski en 2006-2007 avec Anna Catarina Antonacci dans le rôle titre et Neil Schicoff en Eléazar, Ariane et Barbe-Bleue de Dukas, Roméo et Juliette de Berlioz sous la conduite de Valérie Gergiev. Faust de Gounod à La Bastille et Carmen de Bizet à Garnier constituent, pour le directeur de l'Opéra de Paris, des passages périlleux mais obligés. Enfin sont annoncées des créations de Pascal Dusapin et Georges Aperghis. On apprend par la même occasion que, pour répondre aux protestations contre l'augmentation des tarifs, des places debout seront proposées à 8 euros à partir de la saison prochaine. Dernière surprise, de taille celle-là, 40 % de nouveaux abonnés remplacent exactement les 40 % partis. Le compte est bon. Le compte ou le conte ? [CR]

Le retour de Mirella Freni, la "Prudentissima"...

Le monde lyrique se demandait comment Mirella Freni réagirait suite au récent décès de son époux et partenaire Nicolai Ghiaurov. La réponse vient de nous être apportée et la diva italienne est de nouveau sur les rails pour un gala au Metropolitan Opera de New-York (encore eux !) le 15 mai prochain. Ce concert, qu'on imagine déjà très émouvant, sera donné au profit du Metropolitan Opera Pension Fund. La chanteuse sera accompagnée de Salvatore Licitra, de Dmitri Hvorostovsky et d'un certain nombre d'artistes qui n'ont pas encore été annoncés. [PC]

En direct de la Fenice ...

C'est annoncé : Arte diffusera La Traviata en direct de La Fenice le 18 novembre à 19 heures. La renaissance du splendide opéra vénitien, victime en 1996 d'un incendie criminel, mérite bien le "prime time". Contrairement à ce que déclare la plupart des journaux, il ne s'agira pas de la représentation d'ouverture de la saison mais de la sixième soirée. Patricia Ciofi incarnera la sublime courtisane (conférer Les brèves du mois de Juillet). A ses côtés, Dmitri Hvorostovsky et Roberto Saccà camperont Germont père et fils. Lorin Maazel dirige et Roberto Carsen met en scène. Inutile de se précipiter sur le site en ligne pour acheter des billets. C'est complet. [CR]

Quand la Banlieue s'éveillera...

Après l'épatant Postillon de Lonjumeau proposé par le Théâtre de Longjumeau la saison passée, c'est au tour de l'Opéra de Massy de reprendre le flambeau avec une production du très rare Médecin malgré lui de Charles Gounod. Une nouvelle qui réjouira les amateurs d'Opéra-Comique français, genre bien dénigré aujourd'hui. Avec eux nous chanteront, comme le fantaisiste Robert Lamoureux dans les années 50 : "La Banlieue, c'est comme Paris ... en mieux !". [PC]

L'autre Grande Duchesse de la saison...

Il est des modes à l'opéra comme ailleurs. Ainsi, cette saison, à côté de l'omniprésent Janacek ou de l'incontournable L'incoronazione di Poppea, la Grande Duchesse de Gerolstein brandit fièrement son sabre, ou plutôt celui de son père. Après Paris, c'est l'Opéra de Nice qui reçoit en mars Sa Majesté. L'affiche est certes moins prestigieuse que celle du Châtelet : Annie Vavrille dans le rôle titre, Rodolphe Briand en Fritz, Sophie Marin-Degor sera Wanda... Mais l'oeuvre mérite de toute façon le déplacement. [CR]


Cecilia Bartoli
Brèves du 28/09/04

Christoph Eschenbach
directeur musical de l'orchestre de Paris
Brèves du 24/09/04

Le Luthier de Venise
Brèves du 19/09/04

Natalya Kovalova
2e prix du Concours Operalia
Brèves du 14/09/04

Dad and Dave ou la première apparition de Dame J. Sutherland au cinéma
Brèves du 08/09/04

Anna Caterina Antonacci
sera La Juive en 2006 à l'Opéra de Paris
(Brèves du 02/09/04)

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